Chapitre 43

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Alors qu'elle dirige son regard vers le sol pour échapper à cette vision d'horreur, des gouttes de sang viennent frapper le palier. Celles-ci proviennent de la tête de corbeau qui se tient devant elle, les yeux vitreux, le cou fraîchement coupé et le bec encore ouvert.

Elle recule, manquant de bousculer à cause des deux animaux restés dans ses jambes et referme violemment la porte. Théodora respire difficilement, elle a déjà vu des cadavres, même humains; c'est monnaie courante dans les quartiers environnants de Whitechapel. Mais, pour la première fois, elle a le pressentiment que cette horrible vision n'était pas adressée à n'importe qui.

« Est-ce que cela est destinée à Oda ? Qui pourrait la menacer de la sorte ? Aurai-t-elle causé du tort à quelqu'un ? Pas à ce que je sache, il est vrai que ça ne fait que quelques jours que je la connais mais ça me semble impossible...»

Tremblant de tout son corps, la jeune femme se dirige difficilement vers la fenêtre. La tête de corbeau est toujours là et cela continue à lui procurer des frissons mais son regard s'attarde plus à l'horizon. Le chemin est désert, les saules pleureurs ne semble dissimuler aucune silhouette humaine et les lanternes n'en n'éclairent aucune. Le brouillard est lui aussi intact. Théodora semble reprendre une respiration normale. Si elle avait vu quelqu'un s'enfuir, que ce soit Constance ou quelqu'un d'autre, aurait-elle eu le courage de lui courir après ? Elle en doute fort.

« J'en parlerai à Oda dés qu'elle rentre. J'ignore qui a fait ça mais si ce corbeau m'est bel et bien adressée, je dois me montrer plus prudente à l'avenir. »

En repensant à la tête de l'animal suspendu à l'entrée, une autre pensée lui effleure l'esprit.

« Je ne peux pas la laisser ici. Danielle ne doit aucun cas voir ce genre d'horreur. Même si elle est une sorcière, elle n'est pas dépourvue de peur. Elle reste une petite fille, après tout. Mais l'idée de toucher la tête du corbeau me dégoûte au plus haut point. »

Mais elle visualise clairement dans son esprit, la petite Danielle en larmes devant le corbeau. Cette scène imaginaire eu raison de son dégoût. Elle marche vers les placards de la cuisine pour prendre un des nombreux torchons pliés en plusieurs piles. Celui qu'elle prends en premier est entièrement blanc.

« Je ne crois pas que cela soit une bonne idée de prendre un blanc. Un autre d'une autre couleur !»

Malheureusement, dans les placards, ils sont tous de le même couleur. Elle soupire avant de tenter sa chance dans les tiroirs, dont les poignées sont décorés de roses comme sur la porte d'entrée. En l'ouvrant, elle voit des torchons gris foncé.

Au même moment, l'horloge à double cadrans sonne dix heures et quart suivit de près par le cri du hibou. Elle se rends compte également que le cri de l'animal mécanique n'avait pas résonné la première fois qu'elle l'a entendu sonné mais elle n'a pas le temps de s'attarder sur ce détail, Danielle ne devrait pas tarder à se lever. Ses craintes furent confirmées en entendant des pas à l'étage, elle doit faire vite. Elle s'empare du torchon, sort sur le porche et réussissant à ignorer le bile qui montait à sa gorge, elle saisit la tête du corbeau, ses mains enveloppées dans le morceau de tissu et le tire violemment, rompant ainsi la corde à laquelle elle était suspendue. Elle accourt dans la cuisine afin de poser précipitamment la tête enveloppée sur le plan de table. Le torchon commence déjà à dévoiler des tâches humides et foncées à cause du sang de l'animal. Théodora se rends compte que malgré le torchon, elle en a néanmoins quelques traces sur les mains. Sans compter l'odeur qui émane du corbeau. Mais Théodora est en ai bien familière et peut confirmer que celle de la mort humaine est bien moins supportable que celle-ci.

« L'odeur est atroce, Danielle ne doit surtout pas la sentir. Il faut que je trouve un moyen de la contenir, mais il me faudrait une boîte pour la poser dedans. Où y en aurait-il dans cette maison ? »

Un drôle de cliquettement se fait entendre derrière elle. Elle se retourne et remarque que cela vient des tiroirs. Elle dirige et ayant un étrange pressentiment, elle ouvre le même tiroir où se trouvait les torchons et cette fois-ci, c'est une boîte métallique noire avec des baies couleur bordeaux entourés de feuillages émeraude, qui se trouve à l'intérieur. Théodora ne peut s'empêcher d'esquisser un sourire.

« Visiblement, même mon instinct semble s'habituer à la magie. »

Le contact du métal froid la fit frissonner. Elle se dépêche, non sans dégoût, de mettre la tête du corbeau à l'intérieur alors que derrière, des pas légers qu'elle connaît bien s'approchent.

_ Bonjour, Théodora!

_ Bonjour Danielle, dit-elle précipitamment en cachant la boîte derrière son dos.


La Veuve et le Pianiste Tome 1, Bluewaffle HouseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant