CHAPITRE 31 - SKYLAR

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Quand j'émerge, le soleil semble déjà haut dans le ciel. J'écarquille les yeux et me lève en sursaut en regardant l'heure sur mon téléphone : midi.

Merde.

Je n'ai pas entendu mon réveil, et raté le cours de ce matin.

Je regarde autour de moi ; mon masque de nuit est sur l'oreiller, sûrement tombé pendant que je dormais, et la place qu'il occupait cette nuit est vide.

Il est parti.

Je soupire et rabats mon t-shirt en filant sous la douche. Sous le jet d'eau chaude, des images de la nuit dernière me reviennent, et quelque chose qui s'apparente à un rire nerveux s'échappe de ma bouche. Je me sens embarrassée, et euphorique, à l'idée de l'avoir laissé occuper mon lit, toute la nuit.

Je me douche en vitesse et, en retournant dans ma chambre, j'aperçois un objet inhabituel sur le sol, de son côté du lit.

Son masque.

Je m'approche et le prends. Le retourne pour inspecter l'intérieur, comme si j'allais apercevoir l'empreinte de son visage. Mais ce n'est qu'un masque. Je pince les lèvres en le jetant sur mon lit, bêtement déçue.

Je m'habille en quatrième vitesse. Quelque chose de standard et rapide ; un jean, un pull, mon manteau, mes converses, et je suis partie.

***

Il est treize heures quand j'entre dans l'amphi. J'arrive tout juste à temps, au même moment que monsieur Miller.

Je rejoins Sarah et Kheliss à nos places habituelles, et elles me font les gros yeux pour mon absence de ce matin – j'imagine.

Je hausse les épaules, un sourire contrit plaqué sur le visage. Avant de commencer son cours, monsieur Miller nous rappelle la dead line pour la remise de nos dossiers. Il s'informe sur notre avancée et répond aux éventuelles questions. Ensuite, je l'écoute plus. Je suis de retour dans mon lit, entre ses mains et le creux de ses bras, baignée dans sa chaleur et son odeur. Et je n'ai que son nom au bout des lèvres, que je répète en boucle dans ma tête.

Delko. Delko. Delko.

Jusqu'à m'imaginer le lui souffler au creux de l'oreille pendant qu'il me touche et me caresse, qu'il s'insinue dans mes entrailles et me fasse tout oublier, jusqu'à mon nom, hormis le sien.

Sentant mes joues chauffer, je baisse la tête en faisant mine de prendre des notes. En vérité, maintenant que j'ai un nom à associer à son numéro de téléphone, je prends le temps d'enregistrer son contact :

« Delko <3 »

Je pince les lèvres. Fronce des sourcils.

Trop bizarre.

J'efface et recommence :

« Delko »

Non.

« D »

Je sourie de satisfaction.

Il ne sera qu'une lettre dans mon répertoire, aux yeux des autres. Un nom que je ne veux pas partager. Comme un secret.

J'ai même tapé son nom dans la barre de recherche Google. Il ne devrait pas y en avoir beaucoup dans le monde et je pensais tomber rapidement sur un Facebook, un Instagram ou un LinkedIn.

Mais rien.

Je suis un peu déçue, mais pas étonnée, dans le fond. Je vois mal un type comme lui – mystérieux, solitaire et discret – traîner sur les réseaux sociaux.

À côté de moi, Sarah me tapote le bras pour me sortir de ma rêverie.

— On va à la bibliothèque après les cours ?

UNKNOWN : LE STALKER [SOUS CONTRAT CHEZ BLACK INK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant