Épilogue

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*Léontine*

Mes paupières sont lourdes, elles pèsent des tonnes. Autour de moi le silence est roi. Rien d'autre que les battements de mon coeur. Un bip régulier résonne peut-être au loin, je n'en sais trop rien en fait. Mon coeur lui aussi est lourd. Mais ce n'est pas le même poids. Mon coeur est lourd de chagrin, je ne comprends pas trop ce qu'il marrive à cet instant. Je prends une profonde inspiration, l'air entre dans mes poumons. Et je me rends compte qu'ils nont jamais aussi bien fonctionnés depuis l'incident qui les a handicapés pour le restant de mes jours. Pourquoi est-ce que j'ai l'impression d'être perdue au milieu du vide ? Où sont les autres ? Où sont mes frères ? Où est ma meilleure amie ? Où est Mason ?

Mason ? Je me souviens maintenant. De tout. Lexie et son sourire éclatant. Mason qui me supplie de l'écouter. Moi qui suis figée en plein milieu de ce diner. Tyler qui me porte jusqu'à la maison parce que je l'ai supplié silencieusement de rentrer. Mes poumons qui ont cessés de fonctionner. Et le trou noir. Merde.

J'ouvre brusquement les yeux. Mais je les referme aussitôt, aveuglée par la lumière éclatante. Pourquoi est-ce que le soleil brille plus que d'habitude ? Je les rouvre, plus doucement cette fois. Et ce n'est pas le soleil. Tout est blanc, du sol au plafond. Un blanc pur, immaculé. Les murs sont en fait d'énormes bibliothèques, pleines de livres, blancs eux aussi. Les bibliothèques sont numérotées, ça commence à 4, et il n'y a pas beaucoup de livres. Plus l'on avance dans les chiffres, plus il y a de livre. Le dernier chiffre est 19, celle-ci ne comporte que quelques livres, sur trois étagères, les autres sont vides. Est-ce que ce serait... les années de ma vie ?

Par crainte d'avoir raison, mais étant curieuse, je décide prendre l'un des livres de 18, avant-avant-dernière étagère. Août. Chaque bibliothèque est composée de 12 étagères. La coïncidence serait trop importante pour que j'aie tort. J'ouvre le livre que je tiens dans les mains. L'image bouge alors. Merde. Est-ce que je perds la tête ? Il n'y a que dans Harry Potter que les images bougent. Et en regardant de plus près, je me vois, en maillot de bain, dans la mer, entourée des garçons. Enfin, je suis surtout enroulée autour de Mason. Je me souviens de ça, une algue m'avait touchée, et il est la première personne à qui je me suis accrochée. Pourquoi est-ce qu'il m'a fait ça ? Pourquoi il a joué avec moi ?

J'entends des pas. Je lève la tête et je laisse tomber le livre en voyant qui se tient devant moi. Les larmes se mettent à couler toutes seules, et une main se plaque sur ma bouche.

-Mamie ? je dis en étouffant un sanglot.

Elle porte sur son visage toute l'assurance et la prestance dont elle a toujours fait preuve. Ses cheveux gris sont relevés dans son habituel chignon. Elle porte une robe et des petites chaussures noires.

-Ma chérie tu es si belle.

Je cours dans ses bras. Elle me serre fort contre elle, j'enfouis ma tête dans son cou car maintenant je suis aussi grande quelle.

-Tu m'as tellement manquée...

-Je ne suis jamais partie mon caramel.

Mon caramel... Elle m'appelait comme ça parfois, elle me disait que mes cheveux avaient presque la couleur du caramel, et que c'était la chose la plus délicieuse qui puisse exister.

Je n'ai pas la notion du temps ici, mais je pense que ça fait déjà quelques minutes que je pleure dans ses bras. Elle sent bon la rose, comme avant. Je voudrais rester là toute ma vie.

-Où sommes-nous mamie ?

Elle tapote délicatement mon front.

-Là-dedans.

Mon rêve américain Où les histoires vivent. Découvrez maintenant