Fall out

Prologue

Il faisait chaud ce jour-là. La princesse Ombeline âgée d'à peine 6 ans jouait dans les jardins du château avec Léopoldine qui avait le même âge. Elles couraient, sautaient comme seuls les enfants de leurs âges en sont capables. La reine Hélène prenait le thé avec ses suivantes tout en gardant un œil sur les enfants. Sa dame de compagnie, Pénélope Astillac, couvait les filles d'un regard protecteur. Elle était ravie de savoir que sa fille Léopoldine avait trouvé une amie en la princesse malgré leur différence de statut social. La grossesse avait rapproché la reine et Pénélope, elles étaient tombées enceintes à 3 mois d'écart. Pénélope avait réussi à se créer une réelle amitié avec la reine sans s'y attendre. Il n'est pas rare que des dames de compagnie se rapprochent des nobles qu'elles servent, mais Pénélope s'attendait à ce que la reine Hélène préfère se rapprocher de ses suivantes qui sont des ladies.

Ce jour-là, après s'être perdue dans la contemplation de la reine, Pénélope chercha à nouveau sa fille du regard avant de la voir émerger d'un arbre en portant un masque. Elle lui trouva quelque chose de changé. Léopoldine et la princesse s'approchèrent des femmes prenant le thé à pas de velours. À l'approche des enfants, Pénélope se rendit vite compte que les deux petites avaient échangé leurs tenues pour échanger leur rôle. Elles avaient les mêmes cheveux châtains, qu'elles avaient toutes deux attachés pour parfaire le mirage. La princesse dans le rôle de Léopoldine s'approcha de Pénélope en souriant, ses yeux n'étaient pas ceux de sa fille. Léopoldine avait les yeux de son père tout comme Esteban, le frère jumeau de la petite, les yeux d'un ange comme elle se le répétait intérieurement en sachant qui lui serait impossible de le dire à voix haute. Toutes allusions à une puissance supérieure étaient impossibles depuis plus de 300 ans.

La reine se laissa avoir parce qu'elle ne prêta pas vraiment attention à sa fille à ce moment-là.

— Ombeline, tu dois rejoindre ton précepteur, il déteste t'attendre.

Léopoldine dans la tenue de la princesse hocha vigoureusement. La petite assistait régulièrement au cours avec le précepteur sur demande expresse de la princesse. Ombeline détestait les cours alors que Léopoldine les adorait. Elle comprenait la chance qu'elle avait de pouvoir s'instruire au vu de son rang, sa mère lui avait assez répété. Avant de s'enfuir dans le château pour rejoindre le précepteur, Pénélope fit un geste à la princesse déguisé en sa fille. Elle s'approcha et la dame de compagnie lui glissa à l'oreille :

— Changez de tenue avant de rejoindre votre précepteur, Votre Altesse.

La petite pouffa et attrapa Léopoldine par la main en courant vers le château. Une fois rentrées, les deux petites se mirent à rire à gorge déployée. Leur échange avait fonctionné sauf sur dame Pénélope, la reine n'y avait vu que du feu.

Après qu'elles se furent changées dans une salle d'eau, un grand fracas se fit entendre dans le jardin. Les petites intriguées s'étaient dirigées vers la porte la plus proche pour voir ce qui se passait. Une vingtaine de gardes les avaient dépassés rapidement en hurlant des ordres. Les enfants avaient commencé à prendre peur et la princesse se mit à pleurer sans comprendre pourquoi. Léopoldine gardait la petite main d'Ombeline dans la sienne en avançant dans la clarté du jardin. C'est là qu'elle les avait vu... des dizaines de démons proliférer dans les jardins royaux. Elle était incapable de bouger, totalement pétrifiée par la vision de ces êtres aux traits humanoïdes, mais à la peau verte en train de combattre les gardes avec ardeur. Ombeline lui avait été arrachée à ce moment-là par un garde, il était déterminé à protéger la princesse en oubliant totalement l'autre petite. Ombeline criait après son amie, mais personne ne faisait attention à la fille d'une dame de compagnie. Au lieu de s'enfuir dans le château comme n'importe quel enfant, Léopoldine s'était précipitée vers sa mère qui était en train d'être évacuée avec la reine. Sa mère fermait le cortège de nobles qui se dirigeait vers le château. C'est là que l'un des monstres avait attrapé Pénélope par le bas de sa robe, la tirant jusqu'à lui. Le démon chuchota quelque chose à la femme, mais la petite fille ne put le percevoir ces mots. Le monstre trancha la gorge de Pénélope d'un coup net. La mère de Léopoldine essaya de stopper le flux comme elle put, mais il était trop important. Elle s'écroula rapidement au sol. Après son crime, le démon avait hurlé et il s'était enfui avec tous les autres. La petite Léopoldine avait assisté à toute la scène et c'est ce jour-là que son monde s'était écroulé.