Chapitre 4 :

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_ Suzie, je sais que ce que j'ai fait est impardonnable. Mais je m'en veux tellement... Je t'aime, je suis fou de toi ! Si nous pouvions repartir de zéro, cartes sur table... Je te jure qu'il nous reste de l'espoir. 

_ Oh, James... Tes mots me vont droit au cœur, mais je ne peux... Tu m'as trahie, et j'ai réalisé que je devais prendre soin de moi au lieu de me jeter corps et âme dans les bras des autres. C'est fini entre nous, James. Je te pardonne, et j'espère que tu me pardonneras. Adieu....

_ Non, je t'en prie, reste avec moi ! Je deviendrai meilleur, je ferai de mon mieux ! 

_ Ne me supplie pas, sinon je ne pourrais plus partir...

_ Hyang, j'ai envie de faire pipi, tu peux te décaler ? 

Je retire mon casque. C'est pas vrai... Dans les dramas, je suis toujours à fond, je me ronge les ongles en me demandant si tout va bien finir. Et cette petite teigne a dû me voir en train d'angoisser pour des images de mauvaise qualité. La honte... Allez courage, Guo, plus que cinq heures et après tu n'entendras plus jamais parler d'elle ! 

Je me lève pour la laisser passer, entre l'agacement et la gêne. Ziyao devrait faire de la politique. Elle a le chic pour imposer ses idées, et les faire retenir, sans parler de sa fermeté et de son autorité... Et devenir mon chef d'Etat ? Brrr, pas question. 

Je préfère attendre qu'elle revienne avant de relancer mon film : autant éviter qu'elle m'interrompe encore une fois dans mes états d'âme... Cinq minutes, dix minutes... Euuuuuh... Un quart d'heure, une demi-heure... Mais attends, elle sait où se trouvent les sièges au moins ? Je me redresse, pour voir si je l'aperçois, mais je ne remarque rien. Ça commence à devenir inquiétant. L'avion est assez grand, il y a trois toilettes, sans compter la première classe. Bon. Je vais faire tous les compartiments... A commencer par les toilettes les plus proches. Aucune trace de Ziyao. Bon. Les suivantes, vers les sorties de secours. Bon. Pas là non plus. Les dernières... 

_ Qu'est-ce que tu fais là ? 

Ouf ! Elle est là. Effectivement, il y a la queue, donc elle a attendu tout ce temps... 45 minutes, et toujours pas son tour ! 

_ Viens, je t'emmène aux toilettes du personnel, ce sera plus simple. 

Voyant qu'elle se retient difficilement, je la soulève et la loge au creux de mes bras. Très légère, pour sa taille. Nous allons vers la cabine et je la dépose. C'est malin, moi aussi, faut que j'y aille, maintenant... Je tire la langue à Lan qui passe par là, je saute d'un pied sur l'autre, puis enfin la chasse d'eau retentit. Je lui demande d'attendre vers la porte, qu'on ne se reperde pas. Pour être sûre, je lui tiens la main tout le trajet, ignorant ses protestations, et nous revoilà sur nos sièges. J'attends qu'elle s'endorme avant de reprendre mon film, ce qui ne tarde pas. Alors que James et Suzie se séparent le cœur déchiré, une petite tête toute pleine de cheveux s'abat sur ma poitrine. Ben tiens, elle qui évitait tout contact, voilà qu'elle roupille sur moi, maintenant... 

Mes yeux commencent à picoter. J'éteins l'écran, remets Ziyao sur mon épaule, parce que bon, ce serait bête de la remettre à ses parents avec une scoliose... Ses cheveux épais me font un oreiller filandreux, mais confortable. Je soupire, puis m'assoupis. Bonne nuit, petit monstre.  

Prend moi sous ton aileOù les histoires vivent. Découvrez maintenant