Chapitre 35

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Vargram progressait rapidement malgré la chaleur et la fatigue. Il avait l'impression qu'il était comme entouré d'un champ protecteur amortissant ces désagréments. Cela le confortait dans l'idée qu'il retrouverait son anneau, presque comme si il était en mission divine, même si il doutait de la véracité de ces croyances.
Il avait rapidement compris qu'il valait mieux progresser durant les heures fraîches de la nuit et prendre un peu de repos durant la journée.
Le noble fit encore quelques kilomètres puis il fit une pause. Il s'assit entre deux dunes, se blottissant dans un creux.
Cela faisait un moment déjà qu'il avait retiré puis abandonné sa veste et qu'il avait déchiré les manches de sa chemise pour s'en faire un bandeau retenant ses cheveux et les empêchant de coller à son front.
Il ferma les yeux un instant et inspira profondément, plongé dans ses pensées. Le désert avait un étrange effet sur lui. C'était très singulier mais il avait la sensation que l'immensité de sable doré l'apaisait. Loin de tout, il parvenait mieux à assumer et supporter ses problèmes ainsi que son passé. Il préféra ne pas méditer davantage là-dessus, craignant de se perdre dans ses réflexions.
Il tira son sac à lui et en sortit l'une des gourdes dont il porta le goulot à ses lèvres craquelées. Il fit attention à ne pas boire trop, juste ce qu'il fallait, puis il grignota quelques biscuits secs.
Il décida de se reposer encore un moment. Il étendit ses jambes courbaturées devant lui.
Sa main plongea à nouveau dans son sac à la recherche d'une lanière de viande séchée. Ses doigts rencontrèrent une surface dure et chauffée par les rayons du soleil. Il fronça les sourcils, ne se souvenant pas de quoi il s'agissait.
Il sortit la médaille qu'il avait ramassée en chemin et il se rappela.
Ayant un instant, le temps que ses muscles acceptent de se remettre en route, il choisit d'examiner le bijou. Il paraissait très ancien et, si les gravures l'ornant signifiaient quelque chose en particulier, Vargram ignorait quoi. Il se pencha sur les pierreries incrustées dans le métal gris foncé. En tout, il y en avait de cinq sortes et cinq couleurs mais toutes étaient ternes, comme éteintes. Vargram retourna la médaille entre ses mains mais sans rien remarquer.
Il passa son pouce sur le métal sans rien relever d'autre que les gravures, aucune éraflure, pas d'impact. Il en déduisit qu'il était impossible que ce collier soit là depuis très longtemps.
Un sourire satisfait se dessina sur ses lèvres lorsqu'il devina qu'il avait dû être perdu par les précédents voyageurs qui ne pouvaient qu'être Leïmy et Negg.
Un regain de force et de courage monta en lui. Avec entrain, il serra la médaille dans sa paume et il y eut comme un vif éclaire qui l'aveugla. Il crut d'abord qu'un rayon de soleil venait de se refléter sur le bijou en l'éblouissant puis il s'aperçut ensuite que le flashe lumineux d'un blanc éclatant avait une autre origine, bien qu'il émanait tout de même du médaillon.
Les sourcils froncés, il approcha le rond de métal de son regard vert mais, avant qu'il ne puisse trouver quoi que ce soit sur le pendentif, une voix féminine aux accents encore juvéniles le fit sursauter :

« Tiens, ça a changé.

Vargram leva des yeux écarquillés, hésitant entre peur et fascination, sur la silhouette d'une adolescente d'environ seize ans dénuée de toutes couleurs et entièrement translucide. Le désert se voyait à travers elle.
Sans se soucier le moins du monde de la surprise ou de la frayeur du jeune noble lui faisant face, la jeune fille continua en marchant de long en large :

- Ça fait du bien de prendre un peu l'air. Ce n'est pas les autres qui m'auraient fait sortir uniquement pour respirer. Non mais sérieusement ! Ils m'ont gardé enfermée dans un placard durant près d'un an et quand ils m'en sortent, c'est seulement pour me lancer dans le fond d'un sac. Pour terminer, ils m'abandonnent dans le désert de Soow, ce n'est pas croyable ! Après tout ce que j'ai fait pour eux, les services que je leur ai rendu, le nombre de fois où je leur ai sauvé la mise ! Ah ça, on ne pense à Molwen que lorsqu'elle peut être utile et qu'on en a besoin (elle se tourna vers Vargram, effaré et tassé sur lui-même). Et alors, comment êtes-vous entré en possession de mon talisman ? Je suis certaine que vous l'avez jute ramassé après avoir marché dessus.

Chroniques d'une Mercenaire - Tome 4 : Par-delà la Mer [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant