Un cri s'échappa de ma gorge et dura jusqu'à ce que Théo déboule dans la pièce, essoufflé. Ma voix se brisa et je tombais à genoux. Non... ce n'était pas possible... pas mes bébés...ces petits anges innocents... Une paire de bras m'entoura et je m'abandonnais à cette chaleur, me fichant de savoir à qui elle appartenait. Une image des garçons jouant, il y a encore quelques heures avec leur grand-père en riant me revint et ma gorge se serra. Une peur sans nom me tenaillait mais je n'allais pas me laisser abattre. Mes fils et mon père ont besoin de moi et je ne peux pas les laisser tomber. J'essayais de me ressaisir mais la peur me tenaillait jusque dans mes eaux. Un sanglot m'échappa. Pourquoi je ne pouvais pas vivre tranquillement sans aucune menace ? Qu'elle soit financière ou royale ? Je fixais le vide quand les paroles que me chuchotaient Théo percèrent le brouillard de mon esprit.
- Tout va bien se passer. On va les retrouver Iris.
J'interrompis son mouvement de balancement, censé me détendre pour demander.
- Comment peux-tu en être sûr ? Ils pourraient être n'importe où, avec n'importe qui !
Un nouveau sanglot me secoua. J'étais en train de m'effondrer. J'avais tout surmonté. Le décès de ma mère, les problèmes d'argent avec mon père, les remarques au palais, la trahison de Théo, ma grossesse difficile, tout ça pour pouvoir tenir ces trois petits êtres dans mes bras. Petits êtres qui venaient de m'être arrachés.
- C'est vrai, mais Iris... tu ne vas pas être seule d'accord ? Peu importe ce qui va se vendre, je serais avec toi. Je ne referais pas la même erreur., me dit Théo.
Je relevais les yeux vers lui et le fixais dans ses beaux yeux verts. Ces mêmes yeux dont Baptiste avait hérité. Le seul des trois.
- Et Cordélia ? Je suis sûre qu'elle sera ravie d'apprendre que son fiancé est le père de trois enfants portés disparus.
- Tu serais surprise. Cordélia est certes ... agaçante parfois, mais tu ne connais pas son histoire. Elle est très gentille.
Je levais les yeux au ciel.
- La Cordélia qui a fait en sorte que je me retrouve en prison ? Cette Cordélia-là ? dis-je peu convaincue.
Théo resserra son étreinte autour de moi.
- Je ne dis pas qu'elle n'a pas commis d'erreurs. Je dis juste que sa vie est plus complexe que tu le crois. Quand tu la verras, elle t'expliquera.
- Comment ça quand je la verrais ?
- Tu ne crois quand même pas que je vais te laisser toute seule ici ?! Tu reviens avec moi au palais pour qu'on puisses décider du plan d'attaque., s'exclama Théo.
Je secouais la tête. Non mais vraiment ?
- J'ai très bien réussi à me débrouiller sans toi pendant deux ans, je peux très bien recommencer, retrouver mes fils et mon père seule !
- Oh je n'en doutes pas ! Je te connais Iris, je sais ce dont tu es capable. ( Il me fit un clin d'œil.) Tu oublies juste quelque chose.
- Et quoi donc ? Eclairez moi votre Altesse Royale, dis-je sarcastique, pour tenter de cacher que j'avais compris le sous-entendu.
- Il s'agit aussi de mes fils ! NOS fils sont en danger alors ne compte pas sur moi pour rester les bras croisés.
Mon cerveau clignotait, m'alertant que c'était une très mauvaise idée, mais mon cœur, en proie à la panique, lui faisait encore confiance et voyait en lui, une chance de retrouver les garçons. Alors avec un soupir, j'hochais la tête et le reposais contre son épaule.
- Ne me trahie pas encore. Pour les garçons.
Théo se figea. Puis me murmura, en posant sa tête sur la mienne.
- Plus de coups dans le dos. La vérité. Et la priorité ce sont les garçons et ton père. Je suis quand même plus inquiet pour ton père que pour les enfants, me dit-il.
- Pourquoi mon père ?
- Il n'a aucune valeur, attends, attends, ajouta-t-il lorsque je le fusillais du regard, je veux dire que d'un point de vue rançon, les garçons sont les héritiers de la couronne de France tandis que ton père n'est, entre guillemets, qu'un simple cordonnier.
Une peur glaçante s'encra dans mon corps quand mon cerveau imprima ce qu'il disait. Théo avait raison. J'étais tellement paniquée par la disparition des garçons que j'en avais oublié de paniquer pour mon père. Les larmes menacèrent de couler à nouveau. Un doigt releva la tête, pour m'observer. Son visage me rappelait tant mes petits garçons.
- Ça va bien se passer. Je te le promets Iris.
Mon cœur eut envie de le croire. Mais mon cerveau, à qui j'aurais dû faire confiance plus souvent, me disait le contraire.
Je ne me souvenais que vaguement de ce qu'il s'était passé après cette promesse. Il me semble que nous avions cherché des indices dans la pièce avant de partir chercher quelques-unes des mes affaires, ainsi que des souvenirs des garçons et de mon père, notamment la photo où nous étions tous les six, dans le salon, souriant à l'objectif. Théo l'avait fixé un long moment avant de me la rendre avec un sourire triste et absent. Le trajet se déroula rapidement, du moins c'est l'impression que j'en ai eu. Mais au vu du petit sourire en coin de Théo, j'avais dû dormir une bonne partie de la route. Tandis que nous passions les portes, je vérifiais discrètement que je n'avais pas de la bave ou une quelconque trace sur les joues. Le palais était toujours aussi impressionnant que lorsque j'étais arrivée la première fois. A ce détail près que je n'étais pas impatiente d'y pénétrer cette fois-ci. J'étais différente de celle qui était venue deux ans auparavant. J'avais deux tailles de soutien-gorge en plus, des vergetures et surtout une méfiance pour presque toutes les personnes habitant cet endroit. A une exception près cependant. Exception qui ouvrit les portes avec fracas.
- Théo ! Comment oses-tu te rendre chez nos parents sans même..., commença Aurore avant de m'apercevoir près de la voiture.
Un petit sourire étira mes lèvres devant sa tête. On aurait dit un poisson hors de l'eau.
- Ferme la bouche Aurore, tu vas gober les mouches, me moquais-je.
Et avant de comprendre ce qu'il m'arrivait, je fus prise dans une étreinte étouffante. Câlin que je lui rendis volontiers.
- Je suis tellement contente de te voir Iris ! Ça fait trop longtemps ! s'écria Aurore en s'écartant légèrement de moi. Et comment vont tes...
Je posais une main sur sa bouche pour l'empêcher de commettre une erreur mais, malheureusement, Théo avait entendu le début de sa phrase. Je n'eus pas besoin de le regarder pour savoir qu'il avait compris.
- Tu savais ! Tu savais qu'elle avait des enfants ! l'accusa-t-il.
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Le Prince Sans Couronne
AdventureLa France est une monarchie. La Vème République n'a jamais vu le jour. Pourtant, personne n'a jamais vu les princes et princesses du royaume. Le roi et la reine sont visibles, mais aucune trace des enfants. Iris, la fille d'un cordonnier, vient de...