Deal With Devil (en pause)

11.

El rίo Guayabero

Le sentier est une pente pavée de cailloux et de terre. Mes cuisses et mes mollets brûlent sous l'effort et le soleil. Il est allé où ? Je dois bien marcher depuis une dizaine de minutes et avec ses grands pas, il m'a semé. Je m'essuie les gouttes de transpirations qui se forment sur mon front du revers de la main et je m'arrête en me pliant en deux pour reprendre mon souffle. Je n'ai pas les chaussures adaptées, en fait je ne pensais pas partir en randonnée en passant par là.

Soudain, le paysage qui se présente devant moi me fait halluciner.

La rivière est un arc-en-ciel. Le bleu, le jaune, le vert, le violet, le rose et le rouge vif se fondent ensemble, me laissant sans voix. Incroyable. Je survole la rivière du regard mais ma moitié est tel un fantôme. Invisible. Je longe alors les roches. En m'éloignant, le cours d'eau coloré laisse place à des bassins d'eau cristalline et c'est là que je le vois.

Ma bouche s'entrouvre alors que je découvre Angel dévêtu. Ses habits glissent sensuellement sur sa peau quand il retire les dernières couches le menant à la nudité. Son boxer et son pantalon en flanelle. Instinctivement, je me jette derrière un buisson. Il se tourne en entendant le froissement des feuilles, mon cœur manque d'exploser mais se calme quand il m'offre son dos. Mon regard inspecte son corps avec attention, sur ses trapèzes athlétiques, la façon dont sa musculature sillonne ses membres et me coupe le souffle, son fessier bombé sur lequel je verrais bien mes mains... ¡ Dios mίo ! Jezebel ! Je me pince pourtant je ne peux pas m'empêcher de l'observer, cachée comme une voyeuse. Ses interminables jambes se contractent alors qu'il se baisse pour porter son poids sur ses bras, son postérieur s'allonge dans son mouvement autant que son dos et une sensation de chaleur m'enveloppe.

Il fait glisser son corps dans un des bassins avec une aisance impressionnante. Je suis forcée de reconnaitre mon admiration et ma fascination pour son physique mais surtout pour n'avoir pas ciller en pénétrant dans l'eau. Les rivières sont gelées, c'est impensable de rentrer d'un seul coup. Sa tête s'enfonce et je sens à quel point ma bouche est devenue sèche.

Et j'aurais aimé dire que c'était à cause de mon excursion. Surtout après l'épisode de la marque et des chiens, je suis rancunière.

Il ressort, se retenant aux bords à l'aide de ses bras et... Ay papi chulo... Fiévreuse, je suis. J'ai des palpitations et mes joues s'enflamment. Son biceps appelle au corps à corps, les gouttes qui caressent sa peau basanée sont une invitation des plus cruelles, à tel point que je me vois là-bas, avec lui, à récupérer du bout de la langue chacune d'entre elles.

Ma culotte ne demande qu'à être changée tant le sex-appeal qu'il dégage a attisé et incendié ma féminité. Tellement que ça en devient douloureux. Ses prunelles vertes sont fermées et sa tête en rejetée en arrière. On dirait presque une fresque, Appolon n'a qu'à bien se tenir, Angel est en train de ternir sa réputation. Le sang s'est effacé et les seules marques encore visibles sont celles de ses tatouages.

En tentant de les identifier, je fais bouger les branches et il rouvre soudainement les yeux. Oh, putain. Je fais quoi ? J'ai deux solutions : faire semblant d'arriver après l'avoir suivi ou fuir.

Concrètement, je suis dans l'impossibilité de lui faire face pour le moment. Surtout pas avec mes parties basses en feu.

Je détale comme une malade et clairement, je ne fais pas attention au son que j'émets sur mon passage. Le but est de partir au plus vite sans qu'il ne sache que j'étais là, que je l'épiais. Mon Dieu, j'ai fait ça ? C'est... pervers.

Maladroite un jour, maladroite toujours.

Je bute contre un objet non identifiable, je bats des bras afin maintenir mon équilibre, ce qui est inutile puisque je m'écrase sur la terre en roulant pendant quelques mètres.