Chapitre 1

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C'est le début de l'été. Il commence à faire chaud et l'herbe se jaunit. Les belles couleurs du printemps que Cleo aime tant s'en vont, et avec s'en va son travail. Alors qu'elle marche le long de la rivière, elle pense encore à ce matin si chaud. Tellement chaud que ses mains moites ont fait tomber des bouteilles de vin. Il lui reste encore une tache rouge sur son pantalon. Elle pense a son patron qui crie « Bonne a rien. » ou encore « J'en ai marre de m'occuper de toi et de te laisser faire des bêtises juste parce que t'es triste! ». Il devait être en colère.

-Évidement qu'il était en colère, murmura t-elle.
- Tu as dit quelque chose ?, s'inquiéta Ray, grand brun aux yeux noir, marchant a ses côtés depuis une bonne demi-heure.

Richard, camarade de Cleo depuis le collège. Ses cheveux bruns paraissent blonds à côté du noir de jais des cheveux de Cleo. Ou peut être est-ce son teint pâle qui rendent ses cheveux si noirs? Ou peut être est-ce ses cernes si creusés et foncés qui la rendent si pâle?

- Cleo? Ca va?
- Je sais pas ce qu'il m'arrive, s'excusa la jeune femme dont les yeux verts commencèrent à se noyer, c'est pas si grave ce qui m'est arrivé.
- Ca fait quand même 3 ans que tu travaille là-bas, la rassura-t-il, c'est normal de pleurer de temps en temps.
- Merci Ray.

Elle s'arrête et s'assoit sur un banc. Ray reste debout et admire un oiseau chanter.

- C'est le debut de l'été. Evie passe bientôt en première.
- Ca veut dire que je vais devoir m'occuper d'elle pendant deux mois, s'exclama ironiquement Cleo.

Elle sort de sa poche un mouchoir brodé, avec écrit L.F dessus. Elle essuie ses larmes, lève la tête et regarde le ciel. Le soleil lui brûle les yeux mais une horde de martinets noir fendent le ciel. Ce spectacle lui rappelle un air de Debussy qu'elle a connu dans sa jeunesse. Et la Lune descend sur le Temple qui fut. C'était l'un des seules morceaux que savait jouer la voisine. Le jeudi soir, son père s'asseyait sur son fauteuil et écouter. Parfois il chantait l'air mais Cleo préférait quand c'était silencieux. Bizarrement, la voisine, qu'on entendait souvent s'entraîner et qui se trompait sur la plupart des morceaux, connaissait celui-là en entier, les 6 minutes entières, à la perfection. Pas une note de travers, pas un tempo raté. Juste le calme et l'harmonie du piano qui chatouillait ses oreilles d'enfant.

- Megan?, cria Ray, tirant Cleo hors de son rêve.
- Ray! Ça va?

Megan s'avance vers le banc, manquant de tomber deux fois en moins de 20 pas. Cleo relève la tête et aperçoit sa sœur, fine et fragile comme une brindille qu'on n'ose à peine toucher, avec son carré court blond et sa frange bien trop petite, ses joues creuses et ses pommettes roses, Megan sourie avec toutes ses dents.
Quand elle voit que Ray n'est pas seul, Megan accourt dans les bras de sa sœur.

- Cleo! Qu'est-ce que tu fais la?, commence à s'inquiéter Megan, tu n'es pas au travail?
- Je me suis fais viré.

*****

Evie regarde avec stupéfaction la copie que vient de lui rendre le prof. C'est de la faute de sa mère, c'est évident. Evie n'as pas pu réviser puisque son cahier était plein de vomi. Et manque de chance, elle avait l'évaluation de ce cours 3 jours plus tard.

- Evie t'as eu combien?, demande Nadine, qui demande par habitude mais sait que son amie a eu un 20.
- Si j'ai une meilleure note que toi tu payes pour moi ce midi, crache Simon, à peine a t'il reçu sa copie.
- J'ai eu un 15. Mais vous avez pas intérêt à faire un seul commentaire à propos de ça de toute la semaine, menace Evie.

Ses amis la regardent effrayés. Evie a eu en dessous de 18. Si eux-mêmes avaient eu un 15, ils n'en penserait pas grand chose, voire en serait fier. Mais pour Evie, c'est une honte, et ils le savent tous.

Fletcher'sOù les histoires vivent. Découvrez maintenant