Chapitre 19.2 - rework

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Hyro

Sur le trajet, je ne cesse de lutter contre le tonnerre qui gronde dans ma poitrine.

Non... Pas encore... Pas elle...

C'est forcément un cauchemar. Forcément. Tout ceci n'est qu'une plaisanterie de mauvais goût. Car je vais pénétrer dans le bordel, ouvrir la chambre de Val et la trouver sur le seuil, rayonnante. Elle se moquera de moi en me lançant que j'ai été bien sot de croire à toute cette histoire. Et elle posera sa main si douce sur mon visage en murmurant : Mon Hyro. Mon soleil.

Je descends de Dark en bondissant sans même prendre le temps de l'attacher et me précipite à l'intérieur. Erbast se tient en bas des marches avec d'autres filles. Il lève la tête en me voyant arriver et tente de me barrer la route.

- Mage ! me salue-t-il. Vous ne devriez pas y aller... C'est pas beau à voir. Je suis pas sûr qu'elle aurait voulu... que vous la voyez comme ça. Elle vous aimait bien, Valeria. C'était une gentille fille.

- Laisse-moi passer, Erbast, je réplique froidement, à deux doigts de faire exploser cette maison lugubre.

- Je suis Cara, Capitaine de la Garde Royale, s'annonce le chevalier derrière moi. Nous sommes ici à la demande de Dame Magaria. Le médecin royal est en route. Vous lui indiquerez où se trouve la chambre à son arrivée ?

- Oui, entendu, Capitaine ! s'exclame Erbast. Dame Magaria vous attend dans la chambre. Pas besoin de vous montrer où c'est. Hyro vous y conduira.

Il se pousse pour dégager l'accès aux étages. Je cours aussi vite que je peux, suivi par Cara et mon frère. Je dépasse les quelques chambres qui me séparent de celle de Val.

La porte est entrouverte. Je me fige sur le seuil, frappé par l'odeur nauséabonde qui s'en dégage, heurtant mon odorat sensible. L'odeur du sang. De la pourriture. Et de la terreur.

Magaria vient à ma rencontre.

- Mage. Je suis navrée de vous avoir fait déplacer. Je sais que la Cour Royale n'a que faire du décès d'une prostituée mais... elle comptait pour vous. Et puis il y a ce message. Il vous est destiné, ajoute-t-elle avant de se pousser pour me laisser entrer.

J'avance de quelques pas, le cœur battant. J'ai des vertiges, mais je me recentre, emmurant mes émotions derrière le mur de glace. Pour affronter ce que je vais découvrir.

Ce que je distingue en premier, c'est la mare de sang tout autour du cadavre. Puis sa chevelure flamboyante. Malgré la puanteur, je peux encore sentir son odeur, même si elle a changé.

Je me laisse tomber à genoux près du corps et saisis sa main froide et rigide. Et je réalise. Tout est vrai. Ce n'est pas un cauchemar. Valeria est morte. Morte. Je le sens dans tout mon être. Ce gouffre qui s'ouvre sous mes pieds pour me propulser en enfer, encore une fois.

Je serre sa main et la porte à mes lèvres pour y déposer un baiser. Un dernier baiser. En cet instant, je rage de ne pas pouvoir la voir pour contempler son visage une dernière fois. Mais même ça, je n'y ai pas droit.

Diego pose une main sur mon épaule.

- Décris-la moi, je lui ordonne. Comment est-elle morte ? Qu'est-ce que tu vois ?

- Elle... Elle a été éventrée. Ses... organes ont été extirpés de son ventre. Ils sont posés un peu plus loin, près de la cheminée. Il y a beaucoup de sang. Des trainées sur le sol indiquent qu'elle a été tuée sur le lit puis tirée jusque-là ensuite. Il n'y a pas de trace de lutte. On dirait qu'elle connaissait son agresseur. Ou qu'elle s'est laissée faire.

EROBYE - Tome 1 : Le MiracleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant