Chapitre 20.2 - rework

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Wassalie

Je suis pétrifiée. Egon hurle et tambourine derrière la porte. Mais je suis seule. Dans cette pièce si petite. Avec Hyro. Et les Ombres. Pour l'instant, elles ne font que me caresser, me frôler et murmurer des insanités. Le jeune homme a l'air ébranlé et se trouve dans une fureur noire.

Mais pourquoi sa colère est-elle dirigée contre moi ? Qu'ai-je fait ? Et pourquoi Egon s'est-il excusé d'avoir passé la nuit avec moi ?

Il m'observe en silence, menaçant. J'ai l'impression d'être une proie prise au piège. Je ressens le danger. Mon pouvoir échauffe mon corps en réaction, prêt à émerger, répondant à l'instinct de survie.

- Pourquoi ? finit par lâcher Hyro. Je veux seulement savoir... Pourquoi tu as fait ça ?

- Je ne vois pas de quoi tu parles, je réponds sincèrement.

- Tu savais ce qu'elle représentait pour moi car tu as lu dans mon esprit.

Mais à quoi fait-il allusion ?

- Tu peux être fière de toi ! Si ton intention était de me blesser, c'est réussi !

- Écoute, Hyro, je ne comprends rien à ce que tu racontes ! Alors cesse de tourner autour du pot et dis-moi ce que tu me reproches !

- Tu l'as tuée ! Comme une bête sauvage ! Tu l'as privée de son humanité ! Pourquoi ?

Je me fige.

- De qui parles-tu ? je murmure, choquée par une telle accusation.

En réponse, Hyro fait un pas vers moi, une lueur assassine dans les yeux. En réflexe, je recule mais me retrouve bloquée contre le bureau d'Egon.

- Tu y as pris du plaisir ? Tu aimes entendre les gens hurler, Wassalie ? Parce que crois-moi, je vais te faire hurler à tel point que tu me supplieras de t'achever !

Je déglutis. Il est fou ! Complètement fou ! S'il lâche ses Ombres sur moi, je vais devoir libérer mon pouvoir. Heureusement, je porte le collier d'Egon autour de mon cou. Ma porte de sortie. Cependant, je suis obligée d'attendre qu'il me touche.

- Hyro, je crois que tu fais erreur, je tente de le raisonner. Je ne sais pas ce qui se passe, ni de quoi tu m'accuses exactement mais tu as entendu Egon... J'ai passé la nuit ici avec lui et je ne suis pas sortie de ce bureau.

- Je vais te détruire, Wassalie. Tu vas souffrir autant qu'elle a souffert ! Tu penses avoir un quelconque droit sur moi à cause de ce que nous sommes l'un pour l'autre ? Mais tu fais erreur. Je ne t'appartiens pas. Tout comme tu ne m'appartiens pas. Je ne serais jamais tien. Jamais !

Tout cela n'a ni queue ni tête ! Il a complètement perdu la tête et pour une raison que j'ignore, il veut me tuer. Mon cœur accélère tandis qu'il se rapproche. Puis il bondit sur moi sans que je puisse réagir. Il me plaque au sol violemment, m'arrachant un cri.

Je me débats mais il est bien plus fort que moi. D'une main, il enserre mon cou, me privant tout juste assez d'air pour me faire tourner la tête. De son autre main, il dégaine une dague qu'il place devant mes yeux grands ouverts.

- Tu vois cette lame, Wassalie ? murmure-t-il. Je vais commencer par défigurer ton visage qui, parait-il, est si joli... Ensuite, je te couperai cette maudite langue qui te sert à proférer des mensonges. Puis je t'ouvrirais le ventre, comme tu l'as fait avec elle et je répandrais tes organes dans la fausse puante de cette ville. Tu as entendu ?

Mon corps tremble sous la menace, tandis que la froideur de la lame posée contre ma joue déclenche un frisson. Il est sérieux. Il va vraiment le faire. Alors je ferme les yeux et invoque mon pouvoir.

Hyro est le Mage de Myrtha et son existence est précieuse. Mais je ne peux pas le laisser faire.

- Tu as peur, Wassalie ? chuchote-t-il prêt de mon oreille.

Je libère ma magie, absorbant immédiatement celle d'Hyro ainsi que les ténèbres qui l'entourent. Le liquide vital qui les alimente. Le pouvoir des Ombres se déverse en moi, sombre, glacial. Mortel. Il pénètre chaque pore de ma peau.

Hyro se fige, soudain paralysé. Ses yeux s'écarquillent d''incompréhension. Bien. Parfait. Car je n'en ai pas encore fini avec lui. J'en absorbe davantage. Autant que je le peux. Il respire à peine, incapable d'esquisser le moindre mouvement alors que je dérobe sa magie.

J'en prends tellement que je finis par sentir son essence. L'essence même du pouvoir des Immortels. Si je la lui prends, je le priverais à tout jamais de ses pouvoirs.

J'aspire davantage de pouvoir, ignorant les hurlements de douleur de mon corps face à ce trop-plein. Car la magie d'Hyro est d'une puissance sans égale.

Je touche enfin son essence, au plus profond de lui, et commence à l'extirper. La terreur s'inscrit sur le visage du jeune homme. Je pense qu'il a compris la leçon.

Je ne veux plus semer la mort ni le chaos. Je ne suis pas une meurtrière. Alors je m'arrête. Au moment où il réalise qu'il peut bouger, il lâche la dague qu'il tient et ôte sa main de mon cou. Il se laisse basculer en arrière et recule, perplexe. Et effrayé.

Je tousse pour laisser l'air circuler à nouveau dans ma gorge, mais les Ombres contenues dans mon corps commencent à me consumer. Aussi, toujours allongée, je ramasse la dague pour m'entailler le poignet devant le regard incrédule d'Hyro, qui n'ose plus bouger. Avec mon sang, je trace les runes d'expulsion sur le sol du bout de mes doigts tremblants.

Les Ombres s'extirpent enfin de mon corps pour se déverser dans le pendentif d'Egon, et j'espère que la pierre soit assez pure pour les contenir. Je gémis tandis que la noirceur me quitte. Cela dure quelques secondes qui me paraissent durer une éternité. Puis mes muscles se détendent. C'est terminé. La pierre a absorbé toute la magie d'Hyro. Je peux enfin bouger et, au prix d'un gros effort, parviens à m'asseoir.

Le jeune homme me fixe toujours sans un mot. Il reprend son souffle, tout comme moi. Soudain, la porte du bureau vole en éclat. J'ai tout juste le temps de protéger mon visage avant de voir Egon, Diego et d'autres gardes apparaitre. Ils se figent à l'entrée, nous observant tour à tour, inquiets.

Egon se précipite vers moi et m'aide à me relever, tandis que Diego fait la même chose avec son frère.

- Bon-sang, Hyro ! s'écrie Diego. Que s'est-il passé ? Qu'as-tu fait ?

- Rien, répond Hyro sans me quitter des yeux.

Egon pose une main sur mon visage pour me forcer à le regarder.

- Wassalie ? Vous êtes blessée ?

- Je... Non... Je ne pense pas...

Mais moi non plus, je ne parviens pas à quitter Hyro des yeux.

- Votre bras, il saigne, me fait remarquer Egon. Je vous emmène à l'infirmerie !

- Non, je vais bien. J'ai juste... besoin d'aller m'allonger un peu.

- Dans ce cas je vous raccompagne dans votre chambre. Et je ferai venir le médecin, que vous le vouliez ou non.

Je n'ai pas la force de répliquer. Je suis épuisée. Vidée. Je tiens à peine sur mes jambes. Ma tête se renverse et je sombre dans l'inconscience.

EROBYE - Tome 1 : Le MiracleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant