Chapitre 9

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C'est une voix masculine qui me réveille. Elle est lointaine. Je ne sais pas ce que mon frère fait dans ma chambre, mais c'est bien le seul homme capable de pénétrer ici quand je dors. J'essaie de me remémorer ma nuit précédente. Comment suis-je rentrée ? J'ai l'impression d'avoir trop bu, ma tête me lance. J'étais à la soirée de la duchesse de Montzieu. Mais j'avais autre chose après... La mission de Bazan. La soirée me revient violemment. Je ne me souviens pas comment je suis rentrée.


J'ouvre les yeux.


Je ne suis pas dans ma chambre.


Je suis dans un lit à baldaquin énorme, il pourrait accueillir au moins 4 personnes, je parais minuscule. Il fait jour. Le vent s'infiltre dans la pièce par des portes-fenêtres grand ouvertes. Des rideaux volent au gré du vent. Je me concentre sur les voix.


— ... Elle ne peut pas rester là.


— Je suis d'avis qu'on l'enferme.


— Elle ne paraît pas dangereuse.


— Tu déconnes, elle m'a tailladé avec ces couteaux.


Les voix viennent de la porte. Cette dernière est entrouverte. Je ne sais pas où je suis, mais l'une des voix doit être celle de Raphe, une autre appartient à Sitael, j'en suis sûre et la dernière m'est inconnue. Je dois sortir. La porte n'est pas une option. Je me lève sans un bruit, observe ma tenue, c'est ma tenue de combat, mais je n'ai plus de chaussure et je ne les vois nulle part. Je tâte rapidement ma cheville, mon couteau est toujours là. Je me faufile dans la pièce luxueuse jusqu'à la porte-fenêtre. J'arrive sur un balcon. Je me place au-dessus de la rambarde, j'évalue la distance entre le sol et le moi... Nous sommes au premier étage, c'est faisable même si tous mes muscles protestent. J'entends toujours les voix devant la porte.


— Personne ne nous avait repérés depuis des années.


— Mais tu as voulu qu'on prenne notre forme originelle.


— On aurait dû vérifier chaque pièce.


Je n'ai pas beaucoup de temps. Cette fois, je sais que je suis face aux anges, je ne dois pas perdre mon calme. Il faut réfléchir stratégiquement.


Les jardins en face de moi ne s'étendent pas à perte de vue, au contraire la lisière d'un bois doit se trouver à moins de 30 mètres. Je peux courir facilement jusque-là même si mes muscles me prient de ne pas faire d'effort. Alors je ne réfléchis pas plus, je saute.


Je me rattrape en roulade, mais mon flanc gauche prend le plus gros impact, c'est douloureux. Je réprime un grognement. Je me relève en vitesse. Un coup d'œil à ma bâtisse me montre qu'on n'est plus du tout dans la maison abandonnée, mais dans un château. Il doit y avoir des milliers de pièces. J'ignore où je suis, tout ce que je sais c'est que je n'ai qu'un objectif : fuir. Donc je me mets à courir en direction des arbres. Mon cerveau est passé en mode survie. J'y suis presque.


— EH !


Je viens de me faire repérer. Je regarde derrière moi, un garde me court après, il est loin. Un deuxième se joint à lui. Je pénètre enfin dans la forêt. Je n'entends que les battements de mon cœur et mes pieds frapper le sol. Une branche basse se présente à moi, je l'attrape, me hisse et grimpe l'arbre. L'écorce me fait mal aux mains et aux pieds. J'entends les pas des gardes qui se sont mis à ma poursuite. Il passe en dessous de moi, j'appuie mon dos contre le tronc et ferme les yeux quelques secondes.

Fall out - L'Âme Vendue au DiableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant