Je sors la rampe sous le regard de Kerry qui ne me quitte pas des yeux une seconde, comme si j'allais disparaître dans un battement de cils, comme si je n'étais qu'une illusion, un fantasme, une ombre. Je remonte la fermeture éclair de mon blouson et Kerry m'enlace avant que je ne mette mon casque.
« Sois prudente, reviens-moi. Ne disparaît pas de ma vie, Tessa.
— Je ne peux rien te promettre, mais j'ai bien l'intention de revenir, j'ai envie de... toi, de tout ce que tu es et que je ne comprends pas. Pourquoi toi, pourquoi j'ai des sensations et des sentiments. Je dois en parler à mon psy, voir ce qu'il en pense.
— Tu vois un psy ? » s'étonne Kerry.
« Oui, voir s'il peut m'aider à me comprendre, mais je ne lui parles pas », souriais-je, sincèrement, un sourire naturel, non forcé.
« Et tu trouves ça drôle en plus », rigole Kerry.
« C'est vrai, ça me fait rire d'y penser. »
Kerry se penche et m'embrasse tendrement, j'aime la sensation de ses lèvres, de sa main sur ma joue.
« Je reviendrais, si je suis en retard, une fois loin de la ville, envoie moi un message. France pour la Nouvelle-Orléans ou Hollande pour New York. Rien de plus. Je te retrouverais.
— Je t'aime, Tess.
— Merci, Kerry. Je crois... oui, moi aussi. »
Démarrant mon scooter, je passe mon casque et je disparais sans bruit, regardant droit devant moi, prête à extirper la moindre information de l'ex de Sam et de sa copine. Je roule sans bruit mais sans attirer l'attention, je respecte la signalisation, le code de la route même si je n'ai qu'une envie, celle de foncer. Arrivée près de ma destination, j'attache mon scooter à un emplacement pour vélo et je marche rapidement jusqu'à la tour de logement. Je sonne à plusieurs appartements avant que quelqu'un ouvre lorsque je dis que c'est le livreur d'Amazon. Même si celui qui m'ouvre n'a rien commandé, pensant voler le colis de quelqu'un d'autre.
Frappant deux coups, je réitère l'astuce.
« Amazon, j'ai un colis pour vous. »
Lorsque la porte s'ouvre, je pousse aussitôt l'ex de Sam en plaquant ma main sur sa bouche.
« Ta copine est là ? »
Il secoue la tête négativement.
« Tu fais du bruit et tu es mort, compris ? »
Il secoue la tête positivement.
« Elle t'a larguée ?
— Oui.
— Où est-elle ?
— Chez ses parents, sûrement. J'ai leur adresse », dit-il fièrement et pressé de se débarrasser de moi. S'imaginant, avec raison, que je vais la fracasser. Récupérant l'adresse, en y jetant un coup d'œil, je la range dans ma poche.
« Bien, alors tu sais comment ça marche, je pose une question, tu réponds. Tu ne réponds pas, tu as un gage, tu essayes de m'enfumer et la prochaine personne que tu verras... ce sera selon tes croyances religieuses. Où est Sam ?
— Quoi ? » demande-t-il en tremblant.
« Je reformule, c'est de ma faute, je me suis précipitée. As-tu quelque chose à voir avec la disparition de Sam ?
— Non, je le jure, je n'ai rien fait.
— Hmmm, j'ai un doute, j'ai l'impression que tu essayes de m'entuber.
— Je n'ai rien fais, je n'ai parlé de Sam à personne. Je le jure. »
Je sais qu'il dit la vérité alors que je recule, voulant éviter de mouiller mes chaussures dans la flaque d'urine qui s'écoule le long de sa jambe. Je me retourne et le laisse, comme un con en train de se pisser dessus. Je n'ai qu'une dernière piste, l'ex petite amie psychopathe. J'espère qu'elle est chez ses parents et qu'ils seront à la maison aussi. Je sais qu'elle parlera plus facilement s'ils sont là. En regardant mon GPS sur mon téléphone, je le clipe sur mon scooter et suis ses indications. En roulant, tous ceux que je croise ou qui me regarde en me doublant doivent se demander ce qui peut peut me rendre heureuse comme ça, alors que je souris pleinement. S'ils savaient, ils prendraient une autre rue. Je jubile à l'idée de faire souffrir la psychopathe. Alors que j'arrive, le soir tombe, m'avantageant. Je vois de la lumière dans la maison à travers les rideaux, ainsi que des ombres bouger.
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Tueuse à gages
ActionTuer pour de l'argent... C'est un métier comme un autre, je suis comme les éboueurs, je nettoie les rues pour de l'argent. J'en vis bien, je n'ai pas d'états d'âmes. C'est mon travail, et je le fais bien. Sans attache, sans émotion. Ça, c'était avan...