Nous nous sommes arrêtés là, étourdis par toutes les informations que Catrina donnait sur la guerre en général. Blaine a fait tomber sa couette par terre et s'est allongé sur le dos pour observer les étoiles fluorescentes qui décoraient son plafond.
- Tu crois qu'une telle chose pourrais encore arriver à notre époque ? ai-je demandé à Blaine.
- Oui, a-t-il répondu fermement. L'homme est comme ça, c'est dans sa nature. Il n'y a pas une époque qui n'a pas sa guerre.
- On serait encore assez naïf pour ignorer l'existence des camps de concentration ?
- Non, je ne pense pas mais on ferait ce que beaucoup d'autres ont fait alors qu'ils le savaient, nous fermerions les yeux en priant que ce soit un autre plutôt que nous.
- Tu t'engagerais toi ?
- Je ne sais pas. C'est toujours facile de dire qu'on ferait comme-ça ou comme-ci sans être dans le contexte.
Il n'avait pas tort mais Blaine était quelqu'un de spontané. Il hésiterait peut-être, mais comme Iain, il finirait par le faire, j'en était persuadée. Je me suis cependant bien gardée de le lui dire.
- Le pire pour moi se serait la fin, a affirmé Blaine avec le plus grand sérieux.
J'ai rigolé fasse à cette confession inattendue.
- Le pire pour moi ce serait le combat que je mènerais contre ma conscience. On pense toujours que le monde est noir ou blanc, bon ou mauvais. Forcément, quand on parle de la guerre on voit les allemands comme les grands méchants ainsi que leurs collaborateurs. Mais c'est tellement plus complexe que ça.
- Je te reconnais bien là. Tu essayerais de voir le bon en chacun avant de le juger. Mais tu as raison, on est toujours trop prompt à juger une histoire qui nous échappe totalement.
Quand j'ai demandé à Blaine s'il voulait qu'on continue de lire il ne m'a pas répondu et j'ai constaté qu'il s'était endormi. Doucement, sans faire de mouvement brusque, j'ai rabattu la couette sur nous deux et j'ai posé ma tête sur son torse.
J'ai longtemps écouté les battements de son coeur avant d'enfin m'endormir. Mon sommeil a été agité, les mots de Catrina s'étaient emparés de moi me faisant faire toute sorte de cauchemar. Je me suis réveillée plusieurs fois au cours de la nuit.
C'est finalement tard le lendemain matin que j'ai émergé, dans la tête les vestiges de mon dernier cauchemar qui me faisait encore frissonner. Un officier allemand m'offrait un Luckenboot. Le même que celui de Catrina. Lorsque cet officier a relever la tête, sous sa casquette orné d'un aigle et d'une tête de mort, j'ai reconnu Blaine.
Trempée de sueur, je suis sortie du lit King Size pour me diriger vers ma salle de bains. J'ai pris une longue douche, me suis habillée et ai remis la bague à mon doigt. Je l'ai observé un long moment, le ventre noué de joie qu'il me l'ai offerte. Ce n'était pas une bague de fiançailles mais une promesse dont j'avais hâte de connaitre les secrets.
Je n'osais pas imaginer dans quel état avait dû partir travailler Blaine. Nous nous étions endormis tard et le pauvre avait une grosse journée devant lui.- Mon papounet préféré, ai-je dit en l'entourant de mes bras.
Je venais d'arriver au salon où j'ai trouvé mon père en train de somnoler en pyjama devant le télé shopping.
- Tu as dormi ici toute la nuit ?
- Il rediffusait Armageddon.
- Ellen n'a rien dit ?
- Comment veux-tu qu'elle le remarque, ça va faire un an qu'on fait chambre à part.
J'ai froncé les sourcils mais me suis abstenue de faire un quelconque commentaire.
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Entre deux mondes - Tome 1
RomanceEntre l'Irlande et l'Ecosse, l'amour naissant de Catherine et Blaine se doit d'être secret. En effet, le père de Catherine s'est remarié avec la mère de Blaine et s'ils ne partagent pas le même sang, ils ont peur du scandale que cela pourrait provoq...