CHAPITRE 40 - SKYLAR

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J'ai la tête qui tourne lorsque je m'enferme dans une cabine et la nausée me retourne l'estomac.

J'ai horreur de ça.

Je me retiens un moment à la poignée de la porte, le temps que ça passe, et baisse mon jean en enroulant du papier toilette autour de mes doigts pour le passer entre mes cuisses. Je fixe la tâche rouge d'un air mauvais, comme si c'était ma pire et à la fois ma meilleure amie du monde, et soupire. Je fouille dans mon sac à la recherche de ma petite trousse de secours et y récupère un tampon.

Ma tête se remet à tourner lorsque je remonte mon pantalon. Je m'assois quelques secondes au sol en m'appuyant contre la paroi de la cabine et loge ma tête entre mes genoux pour me calmer.

J'ai chaud et froid en même temps. La gorge sèche, je ne fais qu'avaler le peu de salive que je produis pour m'empêcher de vomir. Des gouttes de sueur couvrent ma nuque et s'écoulent le long de ma colonne vertébrale. Il faut que je rentre. Je veux me blottir dans mon lit, sous une tonne de couvertures avec une bouillotte et un thé brûlant en regardant un dessin animé.

J'entends quelqu'un entrer et des pas approcher de ma cabine. On toque à la porte, sous laquelle apparaissent les Dr. Martens à plateforme de Kheliss.

— Skylar, tout va bien ?

Quelqu'un d'autre entre avec moins de tact, claquant la porte des toilettes violemment contre le mur. Un silence de quelques secondes s'ensuit.

— Oups...

C'est Sarah. Je m'empêche de rire de sa maladresse pour ne pas vomir sur mes genoux.

Je déverrouille la porte et elles froncent toutes les deux les sourcils en me voyant au sol. Je dois avoir une mine affreuse, sûrement blanche comme un linge.

— J'ai mes règles... Je geins dans un murmure à peine audible, tant j'ai la bouche sèche.

Kheliss s'accroupit face à moi. Derrière elle, Sarah tient mon ordinateur et nos affaires entre les mains. Le cours vient probablement de se terminer.

— Tu peux marcher ? On te ramène chez toi.

Je hoche la tête ; je suis incapable de conduire.

Une autre crampe survient et je ferme les yeux en attendant qu'elle passe. Elles m'aident à me relever et nous quittons l'établissement, à mon rythme.

Ma première pensée va à Delko : s'il se trouve dans les alentours, à m'épier, je dois lui offrir un spectacle affreux. Je n'ai même pas la force d'en être gênée. Je monte à l'avant de la voiture de Khéliss, pour ne pas aggraver les nausées durant le trajet – aussi court soit-il – et nous nous mettons en route.

Elles m'accompagnent jusqu'à mon appartement. Dans ma chambre, je me déshabille et me change entièrement ; j'enfile une culotte propre et un sweat chaud et épais, tout en luttant contre mes vertiges.

Quand je serais couchée, ça ira mieux.

Je plonge sous les couvertures et place contre mon ventre la bouillotte réconfortante que Sarah m'apporte. Mes deux gentilles infirmières improvisées sont assises sur mon lit, s'assurant que je suis bien installée. D'habitude, c'est ma mère qui m'assiste, dans ces moments-là. J'ai de la chance d'être tombée sur elles, cette année.

— Est-ce que tu voudrais qu'on reste ?

Je secoue la tête. Je ne veux pas les déranger plus que ça. Elles ont fait tout ce qu'il fallait.

— Ça va, merci. Je vais juste dormir quelques heures. Ça passera.

Elles hochent la tête et Sarah m'embrasse sur la joue avant de partir. Le silence s'abat soudainement dans l'appartement, une fois la porte claquée. Je me redresse avec un peu de difficulté en récupérant mon ordinateur dans mon sac que Sarah a déposé au bout de mon lit, puis je lance un Disney. N'importe lequel. Je me blottis davantage dans les couvertures alors que la bouillotte répand sa chaleur dans mes entrailles en me brûlant le ventre, mais je soupire d'aise. Je commence déjà à m'endormir quand Simba est présenté à la foule d'animaux.

UNKNOWN : LE STALKER [SOUS CONTRAT CHEZ BLACK INK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant