UNKNOWN : LE STALKER [SOUS CONTRAT CHEZ BLACK INK]

CHAPITRE 43 - SKYLAR

Nous sommes stationnées devant son immeuble depuis presque une demi-heure déjà.

C'est ridicule, mais je suis effrayée à l'idée de sortir de cette voiture. Si je le fais, ce sera pour aller jusqu'au bout.

Sarah me motive. Kheliss trouve toujours que ce « connard » ne mérite pas mon attention et, si je souhaite rentrer, elle est de mon côté.

Elle ne l'aime définitivement pas. Mais je ne suivrai pas cette voie-là.

Pendant tout ce temps, je n'ai pas cessé de chercher sa moto du regard. Il n'est peut-être pas là, ou simplement stationné plus loin.

Je ne veux pas vérifier, ça m'angoisserait davantage.

Comme prise d'un soudain élan de courage, j'ouvre la porte. Sarah s'extasie :

— Dieu merci !

Je pouffe de rire, mais tout amusement disparaît aussitôt que je lève les yeux vers l'immeuble où se trouve son appartement.

Mon cœur tonne dans ma poitrine et les battements m'assourdissent à mesure que je m'en approche. Mes jambes avancent d'elles-mêmes, poussées par l'adrénaline, et je pourrais tout aussi bien vouloir faire demi-tour que je n'y arriverais pas.

Je monte les escaliers jusqu'à son palier comme si je les avais grimpés un millier de fois ; sans hésitation.

Une boule de stresse se forme dans mon estomac lorsque j'arrive devant sa porte.

Je lève le poing pour cogner. J'hésite. La main en suspens pendant plusieurs secondes... et toque.

Je n'avais pas réalisé que j'avais cessé de respirer, jusqu'à ce qu'on ouvre... à ma gauche.

Une voisine me reluque en fronçant des sourcils, comme si je venais de toqué chez elle. Elle me détaille de haut en bas en jouant avec son chewing-gum qu'elle enroule au bout du doigt, avant de le remettre dans la bouche.

— Il est pas là.

Je me pince les lèvres.

Ah.

J'aurais dû le comprendre depuis le début ; sa moto n'était stationnée nulle part, en vérité.

— Il a déménagé.

Quoi ?

Cette fois, mon visage se décompose, et elle me claque la porte au nez, non sans m'avoir jeter un regard désolée pas du tout désolée.

Déménagé ?

Mais, où ? Quand ? Pourquoi ?

A cause de moi ?

Pourquoi ne m'avoir rien dit ? 

Les larmes reviennent me brûler les yeux et je serre les dents, frustrée et en colère. J'ai envie de hurler, parce que tout, absolument tout, semble m'empêcher de le revoir.

Je me retiens de toquer chez la voisine et de glaner d'autres informations. Je réprime mes larmes en faisant demi-tour, courant dans les escaliers pour fuir cet endroit comme si le diable était à mes trousses. Je n'attends même pas d'atteindre la voiture pour me mettre à pleurer. Les larmes envahissent mes joues et – j'en suis certaine – saccagent tous mes efforts de maquillage.

J'ouvre la portière, reprends ma place et m'effondre sur le volant, oubliant que je ne suis pas seule dans la voiture.

La main de Kheliss est hésitante sur mon dos secoué par les sanglots. Elle se veut réconfortante, mais elle m'agace plus qu'autre chose. Elle est juste témoin de mon erreur et de mon échec.