Five Night At Freddy's : Amy Schmidt

Le remnant

Cela fait des années que nous travaillons là-dessus. Des années que cette idée se développe dans notre esprit et qu'elle deviendra tôt ou tard réalité. Enfin... Cela fait déjà quelques années que JE travaille là-dessus. Je n'ai jamais abandonné. Même si les avancés ont parfois stagné, je n'ai jamais écarté le projet. C'est long, c'est dangereux mais cela vaut le coup. Et mon coéquipier s'est éloigné pour ces raisons. Pitoyable. Je le croyais plus tenace mais je me suis trompé. Seulement moi et sans lui. Désormais seul, le travail se faisait long et hélas, je n'arrivais plus à avancer comme je l'aurais espéré. De mon fidèle acolyte avec qui notre invention est née, elle était à nous deux et nous l'avons faite pour changer le monde. Des années que nous travaillons dessus. Et je ne peux continuer sans lui. Cela est dur de l'admettre mais... J'étais face à un mur que ma colère et ma frustration ne faisaient que le grandir. J'ai donc dû le convaincre de revenir sur notre projet généré ensemble. J'ai dû tout faire pour le faire revenir sur le droit chemin. Mais ce n'est rien. Il avait juste besoin d'un coup de pouce et apparemment cela a marché. La nouvelle raison pour qu'il reprenne avec moi a marché. Le connaissant, aussi sentimental qu'il est, il n'aurait pu refuser mon offre. Continuer avec moi afin de sauver sa fille. Aucun père ne peut refuser cela. Je le faisais autre fois pour la mienne. Ma chère enfant que je n'ai pu sauver et qui m'a encouragé à continuer ce remède miracle. Quand il m'a dit qu'il voulait arrêter, j'ai pensé à cette époque. Au départ, je faisais ça pour sauver ma fille avec mon ami pour me soutenir et maintenant, les rôles s'échangent. Il était perdu et je lui ai redonné la force de continuer. Et cette fois-ci, ça y est. Sa fille va pouvoir revivre. Elle dira surement la vérité mais vu qu'elle sera en vie, son père me pardonnera pour mon acte. Il fallait bien lui donner une bonne raison de revenir. Abject pour certain mais primordial pour nous. Je ne voulais pas le blesser ou le rendre triste mais c'était vital. Pour tous. Et il ne sait rien de la partie sombre pour l'instant. Grâce à notre ténacité et notre travail pendant les mois qui ont suivi la mort de sa fille, nous sommes prêt à réessayer et enfin affirmer notre réussite. Cette fiole dans mes mains rendra la vie aux morts qui nous est cher. Devant son corps sur la table et recouvert par un draps blanc, il ne peut résister à verser une larme quand il enlève le tissu de son visage si paisible et placide. Je ne peux résilier à dire que le voir dans cet état me pince légèrement le cœur. Nous sommes proche depuis toujours et presque frère finalement. Dévoilant le milieu de son torse, je finis par administrer la fiole dans une seringue et la donner à mon ami. C'est sa fille après tout. L'endroit est silencieux et la seule lumière d'allumer est celle au-dessus du cadavre de la jeune fille toujours aussi pâle que d'habitude comparé à sa chevelure. Il reste plusieurs secondes devant elle, les yeux fermés, comme s'il essayait de communiquer avec celle-ci depuis l'au-delà et la rassurer pour ce qu'il va se passer. Puis après sa minute de silence, il se retourne et s'adresse à moi.

« - Au fait, merci de m'avoir redonné cette chance de continuer avec toi ce qu'on a toujours voulu faire depuis qu'on est sorti de l'université.

- Ce n'est rien mon ami. Je n'aurais pu refuser ton aide dans ce projet. Et j'ai bien vu que tu avais une nouvelle raison à cela. N'oublie pas que c'est toi qui en a eu l'idée il y a des années de cela.

- J'espère que ça va marcher. Ma chère petite fille, tu me manques tellement.

- Alors donne lui ce que tu as dans les mains et on verra si notre but a été atteint.

Après ses mots, il caresse une dernière fois le visage de sa fille et fini par enfoncer la seringue au plus profond de son cœur. Un liquide fluo apparait, éclairant l'intégralité de son organe puis se propage dans sa cage thoracique et fini par se dissiper dans ses veines où le sang commence petit à petit à circuler avec. Une fois fait, celui-ci recule et moi j'avance à son niveau pour contempler la réussite de notre travail. Admirés par le futur résultat de notre expérience, nos yeux ne quittent pas la fille encore inanimé qui va bientôt être sur le point de bouger les doigts ou d'ouvrir les yeux. Nous attendons quelques secondes, puis une minute jusqu'à ce que le liquide rende le sang aussi liquide qu'il l'était. Le silence fini par être remarqué et il ne se passe rien. La couleur vive disparue de la surface de sa peau, aucun signe de vie n'est perçu. Soudain, mon esprit se projette à des années en arrière, où le même scénario s'est produit. Même après plusieurs minutes d'attentes, le corps de ma petite ne bougeait toujours pas. Comme celle-ci. Etrangement, mon acolyte ne pleure pas comme je l'ai fait dans le passé. A vrai dire, je n'avais pu contrôler ma tristesse et j'ai fini par saccager toute la pièce remplie d'expériences et de fioles pouvant peut être contenir la solution. Mais j'étais trop en colère pour m'en rendre compte. Contrairement à celui qui est à côté de moi. Je vois simplement sa tête se baisser et il ferme les yeux, acceptant cette pitoyable défaite.

- Elle ne veut plus se réveiller...

- Attends, on a dû se tromper quelque part dans nos calculs. Réessayons en changeant quelque chose.

- Non. Il n'y a plus rien à faire. Je ne veux pas m'acharner sur elle alors qu'elle veut peut être partir se reposer, dit-il en s'approchant de son corps.

- Mais qu'est-ce que tu racontes ? C'est ta fille ! Fais tout pour la sauver ! Arrête d'abandonner aussi vite !

- Arrêtes ! me répond-il en se retournant et exprimant une colère soudaine qui me fit me taire, surpris par ce ton. Ca n'est plus ta fille sur cette table, c'est la mienne. Tu t'es acharné mais moi je veux qu'elle connaisse la paix et de belles funérailles. Tu pourrais faire ça pour moi ? Mon ami.

Malheureusement, je ne peux me contrer à sa demande.

- En revanche, tu ne vas pas abandonner ?

- Je... A part sur des animaux morts, on ne peut avancer comme on le voudrait.

- Penses à ta fille. Tu crois que c'est ce qu'elle aurait voulu ? Elle voudrait que son père sauve des vies, comme elle l'aurait fait. S'il te plait. Comme au bon vieux temps, continuons nos expériences pour rendre le monde meilleur.

Après un regard vers la table et quelques secondes de réflexions, il finit par dire :

- Ok, d'accord. Mais je ne vais pas rester là, nuit et jour, comme toi tu le fais.

- Du moment que je t'ai à mes côtés cela me va, je lui souris. Et laissons donc Charlie dormir pour l'éternité comme tu le souhaites. »

Comme au bon vieux temps. Il est peut être difficile d'avoué qu'on a échoué mais on sait que la prochaine fois on s'approcha encore plus de la réussite. Alors que nous rangeons sa petite fille dans la chambre froide et qu'il finisse par prendre ses affaires pour rentrer chez lui, je reste encore quelques minutes devant la porte où son corps est placé le temps qu'elle prenne sa place à six pieds sous terre. Mon acharnement le fascine apparemment. Mais il faut bien rester pour trouver des moments où l'on peut réfléchir et continuer notre avancé sans distraction. Et le silence de cette pièce tard le soir est parfait pour moi. Je savais que cette mort allait lui faire changer d'avis. Finalement elle n'est pas morte pour rien. Etrangement, j'ai toujours eu cette manie pour les défunts. Où vont-ils après ? Que se passe t'il après la mort ? Peuvent ils revenir parmi nous pour nous raconter ce qu'il y a là-bas ? Cette pulsion de connaitre ce monde et rendre le nôtre meilleur en connaissant de nouvelles choses. Comme les souris dans les laboratoires, ils servent pour la science et l'évolution de l'être humain. Il faut bien sacrifier des vies pour les autres. Mon cher ami et moi voulons faire évoluer l'humanité, mais j'avoue aimer ce jeu que la mort nous propose. Une obsession qui heureusement il ne connait que la moitié de celle-ci. Il me prendrait peut être pour un fou comme on peut croire à la folie d'une personne par son intelligence supérieur ou par le fait qu'il accomplisse des actes différents des autres et contraire à notre idéologie humaine. Ce n'est qu'une question de point de vue que je ne peux risquer de dévoiler, de peur qu'il ne comprenne pas. Nous nous connaissons depuis le lycée et nous avons suivi la même université mais même si de nombreux secrets ont été dit à l'un et à l'autre, d'autres sont beaucoup trop obscures pour les révéler à la lumière. Nous avons aussi des secrets que seuls nous deux connaissons. Comme l'existence du remnant, notre expérience pour sauver des vies. Encore un peu mystérieuse même à notre égard, nous finirons par la dompter et la rendre utile. Je vais continuer à travailler la dessus. Avec ou sans mon acolyte. De toute façon je vais réessayer sur d'autres corps comme je l'ai toujours fait.

                                                                                                   ***

Mais... Où suis-je ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Papa ? Qui sont ses voix ? Qui êtes-vous ? Vous...Vous aussi vous êtes coincés ici ? Je n'arrive pas à savoir ce qu'il s'est réellement passé. C'est... Un peu flou dans ma tête. Je me souviens juste de cette pluie diluvienne et... Je me souviens maintenant. Vous aussi ? Ne pleurez pas. On ne m'a pas sauvé non plus... Mais, je vais vous aider. N'ayez pas peur. Nous allons nous venger. Et je vous protègerai pour toujours.