𝑆𝑒𝑎𝑠𝑜𝑛𝑠 - 𝑇𝑎𝑒𝑔𝑖

𝐼 - 𝑆𝑝𝑟𝑖𝑛𝑔

Le soleil révélait déjà ses premiers rayons de la journée. Partout, des cerisiers commençaient à fleurir, colorant ainsi les rues de Séoul en rose pâle. Des pétales flottaient dans l'air, comme une neige légère et colorée. Les gens avaient abandonné leurs manteaux épais pour des vêtements plus légers, leur humeur se réchauffant en même temps que la température. Une douce brise souffla dans mes cheveux noirs, et je respirai de bien-être. Je me sentais bien.

J'étais assis à une petite table en bois, dans le coin d'une terrasse, devant un café. De nombreuses plantes avaient été placées tout autour des tables, créant ainsi un jardin secret pour les personnes souhaitant boire leur premier café de la journée paisiblement, sans le regard des passants sur eux.

Je sirotai distraitement mon américano, ne parvenant pas à me concentrer sur le livre dans ma main. Les mots me semblaient soudainement dénués de sens, et mon regard fût irrésistiblement attiré par un garçon non loin de moi, lui aussi assis à une table reculée du centre.

Je l'observai discrètement. Il semblait s'émerveiller par tout ce qui l'entourait, prenant inlassablement des photos autour de lui. Des cheveux châtains ondulaient sur ses grands yeux en amande, admirant naïvement la beauté printanière. Il portait une simple chemise blanche, qui se froissait légèrement lorsque la brise matinale soufflait sur lui.

Il sembla capturer un cerisier, pavanant déjà ses premières fleurs de la saison, avant de changer de direction vers le ciel, où flottaient quelques nuages timides, puis il rabaissa son appareil pour vérifier ses clichés.

Lorsqu'il releva la tête, son regard croisa le mien.

Ses yeux s'ancrèrent dans les miens, semblants laisser le temps en suspens autour de nous, comme si tout à coup il n'y avait plus personne, plus de bruit, plus de brise, plus de pétales abandonnant leurs fleurs pour tomber sur nos cheveux, seulement nos regards curieux et fascinés.

Nous nous dévisageâmes un moment, détaillant mutuellement nos traits de loin, et je ne me privai pas pour observer son visage si doux, si pur, si innocent, et pourtant d'une beauté si singulière.

Je cédai finalement et rabaissai mes yeux gênés sur mon livre, désormais posé sur la table.

Lorsque je relevai timidement le regard, mes yeux tombèrent sur une caméra, pointée sur moi.

Et de là où j'étais, je cru entendre un "clic".

Surpris, et déconcerté, je l'observai avec de grands yeux, mais il se contenta de vérifier sa photo. Puis un grand sourire illumina son visage. Un sourire chaleureux, qui réchauffa instantanément mon cœur.

Il me fit signe, semblant vouloir me partager la raison de son sourire, mais je secouai la tête, les joues rouges, finissant rapidement mon café avant de laisser quelques pièces sur la table pour m'en aller.

Et même si je ne le voyais plus, je pouvais sentir ses yeux insistants, peut-être même déçus, que je laissais derrière moi.