Chapitre 22

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« Voilà ton chez toi, Mary-Jo »

Le cabanon en est bien un, perdu sous un couvert d'arbres, près d'un bayou avec différents canaux, pour disparaître rapidement. L'installation est sommaire, quatre murs en bois, aucune isolation, aucun confort. Ça me rappelle mon logement d'adolescente, dans l'usine.

« Les toilettes ? »

« Le cabanon, là-bas », pointe Clay. « Nous avons un terrain pour nous entraîner au tir, tu sais tirer ?

— Oui.

— Intéressant. Bon, j'ai rendez-vous avec des commentaires, je devrais avoir une bonne nouvelle pour toi un peu plus tard.

— Merci, Clay » dis-je en serrant sa main avant qu'il me laisse sur le pas de ma porte.

Entrant dans ma chambre, j'en ressors rapidement, la balise GPS que j'avais cachée en moi, comme un prisonnier inventif, est glissée dans un ressort sur sommier en treillis. Je rejoins les autres, me demandant ce qu'ils font en attendant. Les discussions cessent à la seconde où j'apparais. Floyd mène la danse.

« Laisse-moi deviner, tu doutes qu'un adorable bout de femme comme moi puisse faire ce dont on l'a accusé ? Tu as raison. Nulle part il n'est fait mention de celles que j'ai tabassé en prison. Mais, comme tu es du genre sceptique, viens, je vais te montrer comment on met un grand gaillard comme toi au tapis » dis-je en reculant vers un espace dégagé. « N'ai pas peur, je ne taperai pas trop fort. » Floyd ne bouge pas. « Quoi ? Tu es gêné ? Je te laisse me frapper en premier si tu veux, comme ça tu pourras te vanter de m'avoir cogné ! Non ? Trouillard, va. Grande gueule de loin, mais de proche, tu es comme ça » dis-je en tendant ma main, montant un espace entre mon pouce et mon index, « tu es tout petit ».

Et il a mordu à l'hameçon.

Son bras lancé ne me touche pas, je l'esquive, l'attrape, le retourne dans son dos et je cogne. Il est plus grand que moi, plus lourd aussi, il se base principalement sur sa taille et sa force, mais il ne fait pas le poids. Je cogne, arrivant de partout pour finir par l'aider à rejoindre un banc et l'y allonger.

Lorsque Clayton revient, je suis en train de tirer sur des cibles avec le fusil longue distance de Lex, tout le monde me regardant, enfin presque tout le monde.

« Où est Floyd ? » demande-t-il.

« Il se repose sur un banc au réfectoire. Lui et Mary-Jo ont eu une explication », explique George avant d'aller voir, mais se retournant en entendant le « clang » de la boîte de conserve que je viens de toucher.

« J'aime bien tirer », me justifiais-en souriant avant de rendre le fusil à Lex.

« Bon, la règle ici c'est que c'est les nouveaux qui font à manger », rigole Sonny en m'indiquant le réfectoire.

« C'est con pour vous.

— Pourquoi ? » demande-t-il en affichant un air étonné.

« Je ne fais pas à manger.

— T'es une femme.

— Ouais, la dernière fois que j'ai regardé j'étais une femme.

— Bah alors ?

— J'ai du mal à te suivre », avouais-je, commençant à être épuisé mentalement par l'énergie que je dépensais à parler à tout ce monde.

« Femme, cuisine », dit-il en m'indiquant toujours le réfectoire.

« Ouais, mais non, je te l'ai dit. Tu croyais que j'allais vous faire à manger ? Si tu veux dégueuler tes tripes toute la semaine, je veux bien, c'est toi qui vois. Qui faisait à manger avant que j'arrive ? » demandais-je, curieuse.

Tueuse à gagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant