UNKNOWN : LE STALKER [SOUS CONTRAT CHEZ BLACK INK]

CHAPITRE 45 - SKYLAR

Au matin, j'ai comme l'impression de tomber de plusieurs étages. Mon cœur cogne douloureusement dans ma poitrine alors que je bondis hors de mon lit en m'emmêlant les pieds dans les couvertures tombées au sol.

Je fixe l'espace vide sur mon bureau. Là où aurait dû se trouver son casque, comme chaque matin, lorsque je me lève ; chaque soir, lorsque je me couche.

Je ne comprends pas ma panique.

Ce n'est qu'un casque.

Mais c'était aussi la seule chose qui me restait de lui. La seule chose que j'avais encore près de moi. Mes yeux me brûlent avant de s'embuer de larmes et de me couvrir partiellement la vue.

— Non. Non, non, non...

Il est revenu. Il est passé alors que je dormais, et ce n'était même pas pour moi. J'ai presque envie de me jeter sur mon téléphone pour lui exiger de me le ramener.

Mais je me ressaisis.

Un sanglot me secoue la poitrine lorsque je réalise qu'il est vraiment parti, cette fois. Je l'ai définitivement perdu. Et je ne sais plus quoi faire, maintenant. Toute volonté a disparu.

En s'introduisant chez moi dans l'unique but de récupérer ce qu'il lui appartient, c'est comme s'il venait d'abattre son dernier coup de couteau pour m'achever.

J'avais promis à Kheliss que je retournerais à la piscine avec elle cet après-midi. Mais je ne sais pas si j'en ai encore envie.
Elles avaient l'air si heureuses de me retrouver... Je tente en vain de sécher mes joues sur lesquelles de grosses larmes coulent à flots, en me dirigeant vers la salle de bain.

Le jet d'eau brûlant me réconforte un moment, et je me perds dans mes pensées.

Pourquoi avoir attendu que je sois endormie pour venir récupérer son casque ? Pour ne pas avoir à me croiser ? Me laisser dormir ?

Ce ne fait que récemment que je réussis à fermer l'œil, après tout ; et il en a profité...

Mais, alors... ça veut dire qu'il savait que je ne dormais pas les autres nuits ?

Est-ce qu'il me surveillait ?

J'ouvre les yeux et prends une grande inspiration en sentant mon cœur s'emballer.

Et s'il continuait de me suivre ?Et s'il était encore là ?

Si c'est le cas, pourquoi ne pas avoir profité de mes rares moments d'absence pour récupérer son casque ? Est-ce qu'il a voulu me revoir ?

Une douce lueur d'espoir pointe le bout de son nez dans ma poitrine, et je me mords la lèvre pour refouler un sourire.

Ne t'emballe pas.

Il ne peut pas m'en vouloir autant pour avoir vu son visage, après tout. C'est ridicule, et insensé. Et peut-être n'a-t-il même pas conscience de son comportement trop extrême, trop en marge de la situation. Il ne peut pas avoir tiré une croix sur tous nos moments d'intimités pour cette unique raison. Je dois être encore enfouie quelque part dans sa tête, et c'est pourquoi il est venu hier soir...

Je dois en avoir le cœur net.

C'est un homme avec un comportement de chasseur.

C'est ce qu'il a toujours fait : me traquer.

Et comme tout chasseur, il tient à sa proie.

Elle est à lui.

Peu importe s'il ne lui porte plus aucune attention ; un trophée, ça se garde, quitte à prendre la poussière. Et en bon prédateur, il ne lâchera rien.