CHAPITRE 46 - SKYLAR

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J'acquiesce en sachant pertinemment qu'elle est totalement à côté de la plaque, sur ce coup. Tout le monde l'est, et tant mieux.

Je ne sais pas comment Delko s'est débrouillé mais, de ce que j'ai compris, il a réussi à lui faire ingurgiter la drogue dont Nate se servait pour abuser des filles. Et, je vois mal Nate en avaler en grande quantité juste parce que Delko le lui a demandé. Et dire que j'étais inconsciente, à seulement quelques mètres... Et personne n'a rien vu ?

Je soupire et jette un regard en coin au blondinet. Je ne lui ai jamais adressé la parole et pourtant il a l'air de m'en vouloir. Et la seule chose que nous avons en commun, lui et moi, c'est Nate. J'ai la sensation qu'il se doute que son ami ne s'est jamais suicidé. Je crois même qu'il savait ce qu'il faisait lors de ces soirées. Et je suis sortie de cette chambre presque indemne. Pas Nate.

Il sait forcément.

Je frissonne à l'idée qu'il puisse tout raconter à la police.
Je me rassure en me disant que si telle avait été son intention, il l'aurait déjà fait. Il n'a aucune preuve. Puis, ça le condamnerait aussi, si je disais réellement ce qu'il s'était passé ce soir-là, dans tous les cas, je serais innocentée. Suspecte, mais innocente. C'est moi la victime, en réalité !

Et ça expliquerait pourquoi Nate avait autant de drogue sur lui. Ça rendrait le blondinet complice, en sous-entendant qu'il connaissait les intentions de Nate à mon égard, ce soir-là, et que le suicide n'était pas au programme.

Alors, il en ferait une affaire personnelle ?

Je tressaille à l'idée qu'il puisse se venger sur moi.

Et s'il avait les mêmes pratiques ? Les mêmes jeux ? Et s'il était capable de bien pire ?

Je le désigne d'un mouvement de tête et demande à Kheliss :

— Comment il s'appelle ?

— Andrew. Andrew Colins. Mais tout le monde l'appelle Andy.

Je hoche la tête et je sursaute lorsque Kheliss tape dans ses mains.

— On y va ?

J'acquiesce et elle plonge. J'essaie de faire disparaître cette angoisse qui me tord les entrailles depuis que j'ai croisé le regard de ce Andrew, et plonge à sa suite.

***

Les quelques courbatures d'hier m'ont un peu ralenti aujourd'hui, mais nous avons bien nagé. Même le groupe de nageurs a cessé de s'amuser pour prendre l'entraînement un peu plus au sérieux.

Il est presque dix-sept heures lorsque nous sortons de l'eau. Je suis épuisée, j'ai les jambes et les bras en compote, et je crois que ça se voit. Kheliss me tend une main moqueuse pour me faire monter l'échelle plus vite. Je lui tire la langue.

De retour dans le vestiaire des filles, nous nous plaçons chacune sous un pommeau des douches communes, nous sommes seulement séparées par un petit muret.

— L'équipe féminine de natation ne s'entraîne pas ?

Kheliss dégage l'eau de son visage avant de me répondre.

— Nous n'avons pas les mêmes jours d'entraînement que l'équipe masculine.

Je fronce des sourcils.

— Et tu t'entraines quand même les autres jours ?

Kheliss ricane et me lance un clin d'œil.

— On n'est pas capitaine de l'équipe de natation féminine pour rien.

J'écarquille les yeux.

— Tu es capitaine ? Tu ne l'as jamais précisé !

Kheliss hausse les épaules, modeste. Je lui souris et ferme les yeux en me plaçant sous le jet d'eau. Lorsque j'ouvre à nouveau les yeux, je surprends un autre de ses regards posés sur moi. Plus discret, cette fois. Je pince les lèvres en m'approchant d'elle et place mes avant-bras le long du petit muret. Elle sursaute et sa peau noire reprend une teinte plus rouge. Moi aussi, je la regarde ; elle est belle, et elle a une jolie poitrine en poire.

UNKNOWN : LE STALKER [SOUS CONTRAT CHEZ BLACK INK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant