Âmes brisées

13 - Le pari

- Je suis sûr que Poupée ne viendra pas. Dis le blond canon.

Je fais encore une fois l'objet de ses railleries en cours comme depuis le jour de son arrivée.

Il parle avec ses amis et cette stupide fille au décolleté plongeant qui tente tout pour lui plaire. Ce que je trouve bizarre : j'ai l'impression qu'ils n'ont jamais été plus loin que le flirte. Je rêve ou il refuse les avances de cette fille qui a tout pour plaire ? On ne lui refuse rien, elle peut tout avoir.

Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il cherche ? Pourquoi s'intéresse-t-il tant à moi alors que je le repousse et qu'il continue à m'embêter ?

Je le sais, je l'attire, ce n'était plus un secret. Avec toutes ses tentatives, toutes ses allusions sur le sexe, ainsi que cette séduction malsaine et perverse... Il m'a déjà dit que j'étais jolie malgré mes vêtements amples cachant mes formes comme je pouvais.

Et moi, je me déteste, car j'ai du mal à le repousser. Je déteste être faible comme ça, alors que j'ai créé une carapace indestructible qu'il faisait tomber petit à petit.

Pas si indestructible que ça, apparemment !!!

Alors sentant ma faiblesse, je l'évite du mieux que je peux. Je me cache de lui et il le sait.

Mais moi aussi je sais. Tout ça n'est qu'un jeu pour lui. Et il est hors de question que je tombe dans son stupide piège. Je ne veux pas souffrir encore une fois. Ce qui s'est passé durant mon adolescence m'a bien servi de leçon et je l'ai bien apprise ! Il est hors de question que je retombe en dépression, j'ai eu beaucoup trop de mal à remonter la pente, pour dégringoler maintenant.

- On s'en fout d'elle. Tout le monde sait qu'elle ne viendra pas et certainement pas accompagnée.

Ses jeunes gens derrière moi parlent de la soirée organisée par l'université pour se faire de l'argent sur le dos des étudiants. Comme s'il ne gagnait pas assez avec tout ce qu'on paye pour être accepté en cours. Je suis exaspéré, car je n'aime évidemment pas cet évènement.

C'est une fête organisée avant le blocus de Noël. Plus précisément le dernier vendredi de la dernière semaine avant les vacances de Noël. On est le lundi. Merde ! Plus qu'une semaine avant les vacances ? Avec cette imbécile je ne m'en suis même pas rendu compte. Ça fait maintenant un peu plus de deux mois que le beau blond est rentré dans ma misérable vie.

- Moi, je l'accompagnerais. Reprends le dragueur.

Il surprend tout le monde avec sa réflexion et je me retourne vers lui pour le détailler. Il m'observe de ses yeux bleus profonds. La surprise passée, je me reconcentre sur mon exercice me détournant de lui. Je peux sentir son regard dans mon dos, il me transperce. Je l'entends continuer :

- Je l'imagine avec une belle robe rouge sang, les cheveux lâchés et bouclés. Maquillé bien comme il faut. Pas trop, mais pas trop peu. Je viendrais la chercher devant chez elle comme tout gentleman le ferait et elle rentrerait dans ma belle décapotable. Arrivé devant la salle de réception, tout le monde nous regardera, jaloux de cette belle créature à mon...

- Ta gueule, beau gosse. Raillais-je

Puis je lève les yeux écarquillés, surprise moi-même de ma remarque. Je me suis imaginée un instant aller au bal avec lui à mes côtés. Je me maudis de cette pensée et je me hais encore plus d'avoir dit ce surnom plus qu'embarrassant.

- Aaaahhh ! Je le savais ! Je savais que je te plaisais.

Eh voilà ! Un jeu ! Un satané jeu.