Peter
- « Quel nom te fera plaisir aujourd'hui ? »
- « Peter. »
- « Bien. Bonjour, Peter. »
- « Bonjour docteur. »
- « Installe toi. »
Je m'assieds sur sur son énorme fauteuil en cuir blanc et enfouis mes mains dans mes poches afin de trouver un minimum d'aise à ce rendez vous plus inconfortable qu'autre chose.
- « Vos parents m'ont appelés, ils étaient plus qu'inquiets à votre égard...D'après eux vous auriez repris vos travers ? »
- « À les écouter, même lorsque je prends les transports en commun à la place de ma voiture, j'ai rechuté. »
- « Vous admettez donc avoir rechuté ? »
Je fronce des sourcils. Est-ce que j'ai dit ça même ? Les médecins et leurs facilité à parler et penser à notre place, ce n'est donc pas un mythe.
- « Ce n'est pas ce que j'ai pu dire ou laisser entendre. »
- « Alors que voulez vous laissez entendre Peter ? D'après vous quels sont les raisons qui rendent vos parents aussi inquiets ? »
- « Le fait que j'ai tenu à venger le petit frère de Tom. »
- « Que s'est-il passé ? »
- « Une fille l'a tué, je l'ai retrouvé et je les ai vengé rien de quoi casser trois pattes à un canard.»
- « Comment les avez vous vengez ? »
- « En me jouant d'elle. »
- « Et par quels moyens ? »
- « En lui prenant tout ce qui est cher pour elle, afin qu'il ne lui reste plus que moi. Puis en tuant son coeur, et brisant son esprit. »
- « Et les votres ? »
- « Mon coeur m est mort ce soir là vous le savez très bien. Et pour ce qui est de ma raison je l'ai perdu à la mort de Pacome. »
Le psychiatre s'arrête et note subitement je ne sais quoi d'un air plutôt enjoué sur son calepin. Il relève ensuite vers moi ses yeux impénétrables.
- « En parlerons nous aujourd'hui ? »
- « ... »
- « Je ne vous force à rien vous le savez Peter. Si vous voulez qu'on en parle, nous en parlerons, sinon nous pouvons continuer à aborder le sujet de cette fille, comment s'appelle t-elle ? »
- « Nathalia. »
- « C'est un joli prénom, pour un triste destin... »
- « Je vois clair dans votre petit jeu docteur. Vous ne me ferez pas regretter mes actes. »
- « Alors pourquoi pleurez vous ? »
Je porte mes doigts sur mon visage et des larmes coulent. C'est étrange car pourtant je ne ressens rien, aucune tristesse, aucun mal au coeur, aucune douleur. Elles coulent sans même que je ne les sentent, comment cela se fait-il ?
- « Je ne ressens rien docteur. »
- « Je sais Peter. Vous êtes incapable d'éprouver de l'empathie pour vos semblables, vous possédez un trouble de la personnalité antisociale qui vous empêche de ressentir les émotions qui sont censés vous traverser. Et sans vouloir enfoncer le couteau dans la plaie déjà profonde, vous êtes également diagnostiqué sadique et possédez d'inquiétants troubles obsessionnels compulsifs. »