Chapitre 91 : Pire que la mort

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L'atmosphère au camp devint... bizarre. Il y avait deux grosses catégories de réactions. La plupart des campeurs affichaient une mine très sombre. Pour eux, la possible mort de Percy signifiait deux choses : la perte d'un ami ainsi que la perte d'un combattant clé. Déjà que la probabilité de l'emporter était faible, beaucoup reposaient leurs espoirs sur Percy et sa réputation pour se rassurer. Le perdre était donc synonyme d'échec pour la bataille à venir.

Puis, il y avait la réaction des anciens, mais vraiment anciens. Ceux du cercle fermé. Ceux qui étaient là depuis longtemps, suffisamment longtemps pour être au courant de la prophétie concernant l'enfant d'un des trois grands. Ceux-là avaient compris depuis un moment que cet enfant serait Percy, et sa mort... Sa mort sous-entendait que la prophétie ne s'appliquait en fait pas à lui, et donc que la fin du monde ne s'avèrerait pas l'été suivant. Alors, certes, ils avaient un chagrin pour la mort d'un ami, mais leur soulagement était assez visible. Après tout, ils préfèreraient éviter une fin du monde avant leur remise de diplôme.

Aymee avait une autre catégorie. Bizarrement, elle n'était pas du tout convaincue que Percy soit mort. Ce n'était que de l'intuition, alors elle ne se reposa pas entièrement dessus, mais elle était moins chagrinée que la plupart des campeurs. Cependant, même sans cette intuition, Aymee n'aurait pas été « soulagée » par la mort de Percy comme certains anciens, tout simplement car elle était au courant pour Nico di Angelo. Au contraire, la perspective que Nico soit l'enfant de la prophétie aggravait l'humeur d'Aymee. Déjà à cause de Daxter, ensuite car ça signifiait simplement que la guerre s'éterniserait jusqu'à ses seize ans à lui. Avec Percy, elle pouvait se dire qu'ils n'avaient plus qu'un an et quelques à tenir. Avec Nico... Aymee ne connaissait même pas son âge. Il faisait dans les dix ans, et Aymee n'imaginait pas cette situation durer encore cinq ou six ans. Ce serait trop demander.

Ainsi, Aymee se retrouvait dans cette étrange position où tout le monde disait qu'elle était dans un déni profond. Après tout, elle ne pouvait pas expliquer ni justifier son instinct ni la position de Nico dans toute cette histoire. Elle passait donc pour une fille dans le déni. Ô surprise, elles étaient à deux dans la catégorie déni : il y avait aussi Annabeth.

Pour le coup, Aymee s'était vraiment demandée si Annabeth était en déni. Après tout, le soir où ils avaient reçu le journal, elle avait pleuré jusqu'à s'épuiser et s'endormir. Ce ne fut que le lendemain qu'elle avait retrouvé son caractère habituel. Annabeth n'avait l'air ni triste, ni soulagée, ni craintive ou rien du tout, seulement sérieuse.

Ce n'est que deux jours plus tard qu'un moment se présenta où les filles purent discuter plus sérieusement. Aymee avait ses journées surchargées avec les entraînements spécifiques à chacun et Annabeth passait ses journées à bûcher sur Dédale et le Labyrinthe dans la bibliothèque du bungalow d'Athéna. Ainsi, après une énième réunion stratégique avec les quelques-uns ayant prononcé le serment sur le Styx, Annabeth rattrapa Aymee. Elle l'attrapa par la main alors qu'elles quittaient la tente de stratégie.

- Hey, je peux te parler?

Aymee acquiesça. Elle remettrait son cinq minutes de détente avec Kosta à plus tard. Annabeth entraîna Aymee à l'arène. Elles grimpèrent toutes les marches jusqu'aux bancs les plus hauts. Annabeth fit bien attention à vérifier qu'il n'y avait personne dans les parages. Aymee l'observa faire avec un arrière-goût de nervosité.

- C'est confidentiel? l'interrogea-t-elle.

- C'est plus sûr, expliqua Annabeth du tac au tac. Je ne veux pas prendre le risque que ça finisse dans les oreilles de Papy.

Aymee n'eut pas besoin de se retenir de pouffer cette fois-ci. Depuis que Malcolm était arrivé avec ce surnom, tout le monde l'utilisait pour désigner leur « cher grand-père », Cronos. Il avait fallu du temps avant qu'Aymee s'habitue suffisamment à ce surnom pour ne pas éclater de rire. Aymee était bien heureuse de ne pas descendre d'un cannibale incestueux, contrairement aux autres.

Aymee Parker T3  - La Pomme de la DiscordeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant