🔦🔦 Chapitre 10

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Hitler vient d'entrer dans la classe. Les étudiants commencent à s'accoutumer de son visage exsangue. Ses salutations rapetissées n'augurent rien de bon. Personne n'ose parler à part Yasmina qui manipule quelquefois son portable.

Le prof sort de son cartable des feuilles. Ce sont les copies du devoir de la semaine passée. Une ribambelle de peurs offusque les esprits des apprenants. Vanessa perd toute notion du temps. Elle n'a d'yeux que pour les gestes de l'enseignant.

Les mecs sont plus décontractés. Ils sont placides, restent imperturbables à toute épreuve. Surtout Sydia et Macky, ils dégagent une sérénité extraordinaire digne de ceux qui souffrent d'ankylose. Le royaume du silence semble placer ses germes dans la classe jusqu'à ce que le Roi du jour s'exprime à l'endroit de ses sujets.

- Avant de commencer, laissez-moi vous dire que cette université, quoi que privée, est faite pour les meilleurs étudiants du pays et de la sous-région. Si vous n'y êtes pas venus pour apprendre convenablement, sachez que vous allez rebrousser chemin le plus rapidement possible. J'ai été effaré de voir que depuis que je suis prof dans cet établissement, c'est la première fois que je corrige des copies avec autant de désolation et de tristesse. Vous n'avez rien foutu de bon. Et croyez-moi, cette évaluation est la plus facile de votre cursus. Les notes varient de 17 à 2. Seuls six étudiants ont eu la moyenne.

- Vanessa Pereira 17 !

- Maïram Laura Boye 16 !

- Yandé Bodian 14 !

- Nafi Aïdara 12 !

- Seynabou Fifi Fall 12 !

- Bouba Mbengue 10 !

- Les autres, venez prendre vos copies. C'est par ordre dispersé. Je vous exhorte à redoubler d'efforts.

À onze heures, moment de la descente, certains étudiants sortent de la classe, perplexes et sans voix. D'autres comme Vanessa et Maïram, plus décontractées et libérées de l'angoisse existentielle qui les guettait tout à l'heure, sourient jusqu'à tenir les côtes.

Birahim s'approche de Vanessa et de Maïram.

- Félicitations les filles, vous l'avez une nouvelle fois fait.

- Merci Birahim, je suis sûre que si tu avais fait le devoir, t'allais te retrouver avec une très bonne note. Retorque Vanessa.

- Le prof m'a dit que je vais devoir faire un devoir d'ici deux deux jours.

- Merci Birahim, dit Maïram, perdant sa langue depuis l'incident d'hier.

Birahim quitte les deux filles. Il doit aller voir un enseignant à l'administration. Dès son départ, Vanessa s'adresse, en furie, à sa meilleure amie.

- Maïram, c'est quoi ces manières ?

- Qu'est-ce que j'ai fait ?

- T'as vu comment t'as parlé à Birahim. Il est venu nous féliciter et tu lui as répondu d'une manière aussi désagréable.

- Ki bilahi daf ma commencé sof... Ki dafa yambaar...

Vanessa sourit béatement. Elle sait que la réaction de son amie est tributaire de ce que Birahim lui a dit hier. Elle la console du mieux qu'elle peut.

- Je suis désolée shary... Mais ce n'est pas comme ça que tu vas conquérir le cœur de Birahim. Tu sais très bien que la description que tu viens de faire n'est pas celle de Birahim. Certes il t'a dit qu'il aimait Nafi mais tu ne dois pas lui montrer des signes de jalousie encore moins de faiblesse.

- Ce qui me fait mal, c'est le fait qu'il ne soit pas sincère avec moi. J'ai l'impression qu'il sait que je suis tombée sous son charme. Pourquoi n'a-t-il pas fait son footing d'hier avec sa bien-aimée ?

L'université des délires Où les histoires vivent. Découvrez maintenant