CHAPITRE 49 - SKYLAR

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Deux ou trois jours sont passés sans que mon père n'ait cherché à me recontacter, ou à me revoir. Et je ne comprends pas vraiment pourquoi. Il avait été très enthousiaste à l'idée de m'inviter pour les fêtes de fin d'année. Mais, je me dis que ce n'est pas plus mal. Je me vois mal désobéir à ma mère et la blesser pour le compte de mon paternel. Un homme que je connais à peine, au final.

Je n'ai pas tenté quoi que ce soit d'autre pour retrouver Delko, non plus. Avec du recul, j'ai trouvé que fréquenter toute une ribambelle d'hommes dans l'espoir de le faire réapparaître est, en fait, une idée complètement stupide.

Pour qui est-ce que je me prends à espérer qu'il ressente de la jalousie, comme s'il tenait à tout prix à moi ?

Et, ça ne me ressemble pas... Je souffre toujours de son absence, et je m'en veux toujours autant, mais j'essaie de m'occuper en me rendant à la bibliothèque universitaire avec les filles, où à la piscine avec Kheliss.

Ca me permet de penser à autre chose qu'à toutes les merdes qui me tombent dessus, en ce moment. Pourtant, tout est de ma faute ; la disparition de Delko, la colère de ma mère... Tout ça, je l'ai provoqué ; j'en suis responsable. Et je ne peux m'en prendre qu'à moi-même.

Je pense à lui envoyer d'autres messages. J'avais envie de lui parler, lui dire ce qu'il m'arrive en ce moment, lui raconter mon histoire familiale... Lui dire que j'ai revu mon père et que ça ne m'apporte pas tant de soulagement que ça. Au final, je repars avec plus de questions, encore. Moi qui pensais qu'une simple discussion allait m'aider à tourner définitivement la page, à tirer un trait. Ce n'est pas ce qu'il s'est passé.

J'aurais aimé qu'il soit là, en ce moment et qu'à la place d'une petite séance de natation, ou de révision, ce soit lui, qui me fasse penser à autre chose. J'aurais aimé m'endormir dans la chaleur de ses bras, ce soir-là. Qu'il soit l'épaule sur laquelle j'aurai pu pleurer. Il aurait sûrement été mon seul réconfort dans toute cette pagaille.

J'ai aussi pensé à rappeler ma mère.

Nous n'avons pas reparlé de mon père, et je sentais bien qu'elle n'en avait pas envie. Elle a simplement assuré que c'était ma vie et que j'avais mes propres choix à faire, mes propres jugements, prendre mes propres décisions.

J'aurais aimé lui poser des questions, sur Alec.

Lorsque j'étais plus petite, elle ne m'en parlait, certes, jamais, mais je ne l'ai jamais vu éprouver tant d'animosité à son égard, jusqu'à aujourd'hui. Je suis convaincue qu'il lui a fait du mal – de toute évidence. Le divorce était déjà un indice, mais je ne sais pas à quel point... Je voudrais qu'elle m'en parle. Je ne suis plus une enfant, et j'aimerais que nous en discutions en adultes. Mais je n'ai pas osé le lui demander, je ne voulais pas la blesser plus que ça.

Je lui ai juste dis qu'il n'y avait pas eu d'autres rencontres, ni appels, que nous ne nous étions pas recontactés. Ça avait l'air de la soulager un peu – à moi aussi. Puis, je lui ai raconté mes journées, je lui ai parlé de mes cours, de Kheliss et Sarah, de mes petites séances à la piscine. Et... de Delko.

Elle a d'abord été très enthousiaste que je lui parle de garçons. J'ai évité de lui raconter en détail la manière dont on s'est rencontrés, bien sûr. Et elle a été triste pour moi quand je lui ai dit que j'avais trahi sa confiance, sans préciser la manière... Et maintenant, voilà qu'elle se jette sur l'occasion pour me donner des conseils avec les garçons :

— Tu devrais lui envoyer un dernier message.

Je prends le temps de réfléchir quelques secondes, mais je n'en suis pas convaincue. Elle a dû sentir mon hésitation, puisqu'elle ajoute :

UNKNOWN : LE STALKER [SOUS CONTRAT CHEZ BLACK INK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant