Le destin est un fil franchissable, car si la voie qui nous est ouverte ne nous satisfait pas, on peut toujours y remédier ; et cela sera écrit de quelconque manière. Pourtant, je crois en la seconde chance, le mal peut être évité et cela amènerait quoiqu'il arrive vers une vie plus paisible. Les obstacles nous apprennent des leçons et nous forge a l'avenir mais peut on rêver a un futur plus serein, pouvons nous rêver le meilleur quitte à délaisser entièrement nos expériences parfois douloureuses ?
Je me suis toujours sentie en position de défense, l'oreille aux aguets. Ce sentiment se manifeste surtout en présence de mes proches, pour qui je suis constamment en vigilance. "Ça va aller", " T'en fait pas pour moi", "Tu délires" : ces expressions en particulier m'entraînent un haut-le-cœur. Moi qui me donne tant de mal à les préserver du moindre malheur, je me fais soudain passée pour une hystérique.
Ce sont, je l'ai réalisé dès l'enfance, là où j'étais une petite fille plutôt en retrait. Je n'aurais pas imaginé cette aptitude de sauveur, un peu comme le sixième sens de spiderman, pensai-je du haut de mes 7 ans. Le chiffre 7 représente l'analyse, la réflexion et la spiritualité. Je ne suis pas sûre d'avoir acquis la spiritualité ce jour-là, mais j'ai eu le sentiment d'avoir un troisième oeil, une sorte d'ouverture vers ce qui n'est pas encore réel et existant aux yeux de mes semblables. Pour revenir à cette journée, j'étais en présence de ma meilleure amie, Louna. C'est ce genre d'amie d'enfance que tu idolâtres, étant persuadée que celle-ci te rendra la pareil et montrera ta vraie valeur auprès des autres camarades. Si je me sentais inférieure à elle, elle m'a toujours considéré comme sa sœur, petite soeur je dirais même, dû à sa maturité et son apparence plus mûre.
Avec Louna, on était dans les bois, situe tout près de ma maison. On a eu l'idée de faire une cabane en bois, chose tout a fait banale pour notre âge sauf qu'on souhaitait rajouter des fortifications, car on "croivait", disais-je, aux créatures mystiques qui se terreraient au dessus des arbres ou sous la terre. On souhaitait les honorer en créant un donjon. On casse des branches, on ramasse des feuilles. La cabane était ridicule, mais on ne perdit pas pied. On s'enfonça un peu plus loin pour apercevoir des plus gros troncs, gros pour notre âge d'opposum. On se regardait avec de grands yeux, des yeux d'intrépides fortificatrices de donjon. Puis mon regard se posa sur le genou gauche de Louna, comme une griffure, plutôt épaisse. Celle-ci n'était pas rouge, elle paraissait iréelle. Le trait était dessiné par une lumière bleuâtre, très légère. Je remarque également une autre marque sur son avant bras, par ses manches retroussés. J'ai soudain un frisson qui me parcourt, quelque chose dont tu ne peux extraire un mot. Mon amie se précipite vers les troncs et commence à escalader le tas. Je cris son nom. Je dois l'empêcher de tomber, d'avoir la moindre égratignure. Non, je dois la protéger.
Je parviens à agripper sa doudoune, elle pousse un cri d'agacement, elle qui s'imaginait déjà avoir trouver la pièce phare du donjon. On parvient à descendre ; on tombe sur les fesses mais on évite un éboulement ou quelconque accident. Je regarde Louna, je m'assure qu'elle va bien.
La blessure sur le genou n'est plus visible. J'y suis arrivé ! Mon soulagement est bref car elle grimace, la marque sur son bras est bien là, elle saigne légèrement. Elle n'a pas le temps de se disputer avec moi car une voix nous appelle , mon père qui se fait un sang d'encre. Mais entre lui et moi, c'est bien moi qui devient des lors la plus angoissée et la plus en alerte.
J'ai compris deux choses ce jour-là. Je suis destinée à protéger les personnes que j'aime, je me dois de rendre leur vie paisible, sans obstacles, sans peine, sans regret, car c'est la vie qu'ils mériteraient. D'autre part, comme je viens de relater, j'ai appris que la moindre innatention est fatale. C'est pourquoi je dois redoubler de vigilance.
