Mewcember Challenge 2022

day fifteen : mensonge

   Parmi toutes les idées que Zoey aurait pu avoir pour sauver son honneur auprès de ses parents, il avait fallu qu'elle choisisse de leur mentir au sujet d'un prétendu petit ami. Elle aurait pu sécher le traditionnel repas de famille de Noël, mais il se trouvait qu'elle adorait cette tradition. Elle aurait juste pu leur dire la vérité et affronter leurs encouragements et remarques sur le célibat, mais elle n'en avait pas eu la force.
Non, à la place, elle leur avait sorti qu'elle sortait avec un collègue, Dren. De tous ses collaborateurs, c'était son nom qui était sorti pour une raison qui lui était tout à fait obscure. Peut-être parce qu'ils avaient parlé de ce qu'ils prévoyaient de faire pour les fêtes cette année ? Peut-être que parce que depuis quelques semaines, Zoey s'était surprise à guetter les apparitions de Dren au travail ? Tout était flou dans sa tête.
Et cela l'était devenu d'autant plus depuis ces trois derniers jours à jouer au parfait petit couple rêvant d'un avenir parfait avec ribambelle d'enfants et tout ce qui s'en suivait.

   —   Tu peux me passer le sel, ma chérie ? avait demandé Dren en exagérant bien sur la dernière partie de la phrase, comme pour mettre volontairement Zoey dans l'embarras.
   —   Oh, mais avec plaisir, mon amour, avait-elle cru bon de devoir copier.
   —   Vous êtes si mignons ensemble, souffla la mère de la jeune femme.
   —   Je me demande comment tu as pu nous cacher l'existence de ton petit ami si longtemps, ma fille, continua son père.
   —   Oh oui, on se le demande, marmonna la rousse.

   Sortant du dîner, Zoey alla s'installer sur le canapé avec un bon chocolat chaud. Ses parents étaient partis se coucher car ils avaient travaillé toute la journée et étaient légèrement exténués. C'était pour cette raison que Dren en avait profité pour la rejoindre sur le canapé pour avoir une discussion sérieuse.

   —   Bon écoute, cette histoire me rend de plus en plus mal à l'aise, commença-t-il. Je n'aime pas vivre dans le mensonge. Tu imagines la réaction de tes parents lorsqu'ils découvriront le pot-au-rose ?
   —   Je sais, soupira la rouge. Moi aussi je n'en peux plus. J'avais tellement envie que mes parents soient fiers de moi ... Désolée de t'avoir embarqué là-dedans, je n'aurais pas dû. Seulement...
   —   Seulement ? répéta Dren.
   —   Non, laisse tomber, abandonna-t-elle. Tu ne comprendrais pas, de toute façon.
   —   Dis toujours, après tout, je ne suis plus à ça près depuis quelques jours.
   —   S'il te plaît, je ne veux pas en parler.

   Le jeune homme poussa un soupir déçu qui les plongea dans le silence. Zoey crut bon de boire une gorgée de son breuvage, lorsqu'il déclara subitement :

   —   Je crois que la raison pour laquelle je ne peux plus jouer la comédie, c'est parce que... j'ai des sentiments pour toi.

   Bien sûr, elle recracha aussitôt sa gorgée, tâchant au passage son joli pull de Noël.

   —   Attends, QUOI ?!

   Elle reposa aussitôt sa tasse sur la petite table devant elle pour la mettre en sûreté. Dren était forcément en train de délirer... pas vrai ?

   —   Ça te paraît si délirant que ça ? demanda-t-il avec amusement. J'ai quand même passé quelques jours à tes côtés et j'appris à connaître la plus jolie de mes collègues. Alors faire semblant de sortir avec toi, ça devient trop compliqué pour moi.
   —   Mais je... je pensais que... bafouilla la rouge.
   —   Je ne te force à rien, la rassura-t-il. Je voulais juste te dire que j'aimerais arrêter de jouer la comédie et je... je voulais savoir comment toi tu voyais les choses.

   Zoey se sentit rougir comme une tomate de la tête aux pieds. Tout ça était si... soudain. Dans son plan parfait, Dren et elle auraient continué de jouer la comédie jusqu'à la fin des fêtes et seraient repartis chacun de leur côté, prétextant s'être séparés pour une raison quelconque.

   —   Tu... tu veux dire ? commença-t-elle.
   —   Est-ce que tu crois que nous deux... ça pourrait le faire ? demanda-t-il en la regardant droit dans les yeux.
   —   C'est-à-dire que... tu me prends au dépourvu... balbutia-t-elle. J'avais commencé à réfléchir à tout un discours pour t'en parler et maintenant... je n'arrive plus à trouver mes mots ...
   —  Et dans ton discours, c'était plutôt positif ? continua Dren.
   —   Carrément positif même, avoua la jeune femme dans un sourire. Je ne m'attendais pas à ce que cela le soit pour toi aussi.
   —   Comme quoi, les mensonges ont parfois une part de vérité.

   Il se leva du canapé et vint se mettre à genoux face à Zoey. Celle-ci sentit son cœur battre à tout rompre.

   —   Zoey Hanson, veux-tu devenir ma VRAIE petite amie cette fois ? demanda-t-il avec un grand sourire.
   —   Avec plaisir, accepta la rouge en s'abaissant à sa hauteur pour le prendre dans ses bras.

   Dren avait raison. Les mensonges avaient parfois une part de vérité, surtout ceux qui partaient d'une bonne intention comme celui de Zoey.