Chapitre 10 (1ere Partie)

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Le soleil brillait ce matin là. Un mince rai se faufila à travers les stores couleur beige pour venir illuminer la toison brune qui dépassait de l'épaisse couverture. Louis poussa un long soupir et serra un peu plus fortement ce qu'il tenait entre les bras. Péniblement, il ouvrit les yeux. Comme il s'en était douté Harry ne se trouvait plus à ses côtés et ce qu'il étreignait n'était rien d'autre qu'un stupide oreiller. Un mince sourire s'étira sur ses lèvres lorsqu'il porta le tissu à son nez. L'odeur épicée du boucle était ancrée sur le coussin aux tons pâles.

Combien de temps resta-t-il dans cette position, le cœur battant contre cet oreiller tiède et à l'odeur familière ? Il ne le savait pas. Il aurait pu rester ainsi pour l'éternité, seul, plongé dans le plus beau de ses souvenirs. Le plus douloureux aussi. À cette pensée, une boule se forma dans sa gorge. Il lui faudrait affronter Harry dans peu de temps et faire semblant. Encore. Combien de temps pourrait-il mentir à tout le monde ? Serait-il capable de se taire et de sourire hypocritement lorsque son ami exprimerait ses vœux à Mariana ?

Mais il n'eut plus le temps de se torturer l'esprit. Son téléphone portable se mit à vibrer et, sans grande conviction, il l'attrapa. Automatiquement, il grimaça en lisant le nom de sa femme sur l'écran. Agacé, il décrocha.

-Allô ?

-Louis ? Tu es réveillé ? demanda Helena.

-À ton avis ? Idiote !

-Je voulais simplement m'assurer que tu serais à l'heure étant donné que tu as passé la nuit à festoyer. N'oublies pas les alliances surtout !

-C'est ça, ouais ! Tu as le don de me les casser dès le matin !

-À ce que je vois, tu es encore d'une humeur remarquable aujourd'hui. À tout à l'heure.

Et elle raccrocha, au grand bonheur du brun qui se laissa retomber sur le lit. Toutes ces idioties le fatiguaient. Il jeta négligemment son téléphone sur la table de chevet et serra une nouvelle fois cet oreiller à défaut du corps de Harry. Ses yeux se fermèrent. Il se remémora la tendresse de son ami et il eut l'impression que sa main lui caressait encore le dos. Il se perdit dans une légère somnolence alimentée de ce songe si particulier qui torturait son cœur. Il frissonna un peu, se souvenant de l'électricité qui parcourait son corps lorsque les lèvres de Harry le frôlaient. Il respira à pleins poumons cette senteur sauvage et épicée ancrée sur ce stupide oreiller. Tout ce qui lui restait.

Il se sentait ivre de lui à tel point que le coma éthylique le guettait dangereusement. Pris dans la spirale infernale d'un amour à sens unique, il n'accordait plus d'importance au reste. Bien qu'il le faisait atrocement souffrir et qu'il le conduirait sans doute à l'autodestruction, Louis ne voulait pas sortir de ce rêve à la saveur acide. Harry lui avait appartenu. Cela ne dura que quelques heures mais elle furent riches en intensité.

Harry...

Que pensait-il de lui à présent ? Quelle serait sa réaction en le voyant ?

En soupirant, il se leva du lit et, comme tout mari qui venait de commettre un adultère, s'empressa de mettre les draps dans la machine à laver. Il se glissa sous la douche et revêtit le costume que Helena lui avait acheté deux ans auparavant. Cadeau d'anniversaire. Sur la table du salon, les alliances attendaient dans leur écrin de velours. D'une main hésitante, Louis ouvrit la boîte. Les bagues des futurs mariés brillaient de mille feux. Harry ne se moquait pas de Mariana : il s'était ruiné.

Voici ce qui le séparerait, peut-être définitivement, de Harry. Une stupide bague. Cet anneau d'or qu'elle glisserait à son annulaire gauche lui prendrait son ami. Peut-être pour toujours. Et cette bague qui s'apprêtait à sceller leurs avenirs, c'était lui qui la détenait. C'était lui qui l'apporterait au mariage, un peu comme celui qui creusait sa propre tombe avant de mourir. Quelle ironie.

L'homme de sa vie (Fanfiction Larry)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant