Planer
Angel
— Je peux savoir pourquoi tu me suis ?
Jezebel fait voltiger sa chevelure dans son mouvement quand elle se tourne, accusatrice. Je regarde derrière moi, son père et Moisés sont encore dehors à discuter avec des types appartenant à Los Infiernos. Je la dépasse et elle me toise, je ne sais pas du tout où je vais en vérité.
— Tu ne vas pas voir ta mère ?
Elle parait choquée et plisse les yeux. Elle croise les bras sur sa petite poitrine, resserrant ses seins entre eux et je m'oblige à rester concentré sur son visage. Ses pépites d'or me sondent et m'analysent, elle s'approche de moi, réduisant considérablement la distance entre nos deux corps. Je retiens ma respiration. C'est ce parfum. Cette odeur fraiche de cerise qui se dégage d'elle qui me donne envie de me pencher vers elle et de la plaquer contre moi.
Je repense à ce matin, ça n'aurait jamais dû arriver. Qu'est-ce qui m'a pris ? La garder serrer dans mes bras ? Je grogne et m'éloigne d'elle, ce qui lui fait hausser un sourcil.
— Ma mère ?
— Ce n'est pas pour elle qu'on est là ? je crache, amer.
Elle opine, fait un pas vers moi, se met sur la pointe des pieds et m'attrape par le col de ma chemise. Même ainsi, elle reste ridiculement petite. Je retiens un sourire qui ne devrait pas venir et je tire brusquement sa main.
— La chambre est au premier, tu prends la...
— Je viens la voir avec toi !
Sa bouche est ouverte dans le vide, étonnée d'avoir été coupée dans son élan et peut-être aussi à cause de mon ton légèrement hâtif.
— Je veux voir ta mère, je reprends quand elle reste paralysée.
— ... Elle est souffrante, Angel.
— Je sais.
— Elle ne saura même pas qui tu es, ne te parleras pas, ne fera rien de ce à quoi tu pourrais t'attendre d'une belle-mère.
— C'est par où ?
Qu'est-ce que j'en ai à foutre moi ? J'ai besoin de comprendre ce qui peut la mettre dans des états de déprime comme hier soir. Besoin de savoir ce qui la tracasse. Pourquoi ? J'en sais rien. Ça m'étouffe de la regarder à terre sans rien pouvoir faire. Et ça m'énerve d'agoniser quand elle ne va pas bien. C'est quoi ce truc, putain ?
Si un regard peut s'attendrir, c'est effectivement celui qu'elle me lance maintenant. Jezebel donne l'impression d'hésiter puis elle redresse le dos, se tenant droite et donnant l'illusion qu'elle est plus grande. Ses doigts viennent s'enrouler autour de mon poignet, je me crispe mais ne repousse pas sa prise. Je la suis docilement me guider vers le sous-sol, elle allume la lumière qui met un temps fou avant de rester stable, grésillant pendant ce temps. On passe un premier portique qu'elle déverrouille après avoir entré un code et on se remet à marcher le long du couloir. Au fond, un second portique se dessine et cette fois elle l'ouvre en apposant son index sur une plaque lumineuse. Dans un bruit sourd, la porte se referme derrière nous et on pivote sur un autre couloir. Cette fois, plus de sécurité, juste une porte basique. Jezebel prend sa respiration et je sens sa poigne se faire plus puissante.
— Ça va ?
Elle hoche la tête positivement, abandonne mon bras et une sensation de vide prend le pas sur tout le reste. Je jure à voix basse et me frotte rageusement le poignet alors qu'elle pénètre dans la chambre. Je la rejoins et je m'arrête en apercevant Laura. Mes yeux jonglent entre elle et sa fille. Elkin ressemblait plus à mon père, les cheveux blonds et la couleur noir de leurs iris. J'ai pris de ma mère son vert et l'ébène de sa chevelure. Pourtant, si on voyait que j'étais son fils, je n'étais pas sa photocopie conforme comme elles le sont. Si Laura n'avait pas les quelques rides marquant ses traits, on aurait cru à des jumelles. L'unique distinction sont les deux billes de ma femme. Le pers de Laura m'impressionne, il hypnotise.
VOUS LISEZ
Deal With Devil (en pause)
General FictionRésumé : Jezebel porte le nom des Benitez et elle est une proie facile. C'est simple, elle est la fille du grand Jefe de los Infiernos. Le cartel qui possède toute la côte Ouest de la Colombie. La petite princesse du roi est surprotégée dans son...