Chapitre 40

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Le jour de la convocation est enfin arrivé. Ma mère et Dupuis sont déjà sur place. Quant à moi, je veux garder la surprise jusqu'au bout. Simon ne sait pas encore que je suis revenue. Il me croit peut-être morte. En fait, il s'en fout, mon sort n'a plus d'importance pour lui.

Vêtue d'un tailleur, de chaussures à petits talons et d'un chignon serré, j'espère que je vais être prise au sérieux.

Je me colle contre Kostas en faisant des respirations pour me calmer. Je n'ai pas envie de revoir Simon, mais je dois être forte. Je ne dois pas montrer qu'il me terrifie encore et qu'il a de l'emprise sur moi. J'ai tellement vécu dans son ombre, malmenée par cet être immonde que l'idée de liberté me parait irréelle et presque insécurisante, mais j'ai Kostas. Heureusement qu'il est avec moi.

- Ça va aller, je suis avec toi, me souffle mon fiancé.

- Merci.

- Je t'aime, dit-il en me donnant un baiser sur les lèvres.

Après cela, il se détache de moi pour regarder sa montre. Il n'a pas besoin de me le dire, je sais qu'il est l'heure d'y aller.

Nous sommes dans une voiture que Kostas a louée pour que ne nous soyons pas suivis ou victime d'une autre manigance de Simon. Le but est de montrer aucune activité qui vienne de la maison de ma mère. Dupuis a fait en sorte que personne ne traine dans le coin. J'ai moi aussi pris des précautions en me cachant le visage.

A quelques minutes du début de la séance, nous sortons du véhicule et nous gravissons les escaliers du palais de justice de Bayonne. Mon fiancé ne me quitte pas d'une semelle. Je crois que je n'aurais pas réussi sans lui à mes côtés, une personne qui me permet de puiser ma force.

Nous arrivons dans le hall d'entrée vide. Ils sont déjà rentrés. Je parle des suppôts de Simon et des amis de la famille. Je sais que les gens qui connaissent de près ou de loin mon père sont venus assister à cette séance ouverte. C'est la volonté de mon demi-frère et il obtient ce qu'il veut. Même si ce connard a payé les juges, ils ne pourront pas faire face aux preuves accablantes que nous avons. S'ils ne font rien, ils n'accompliront pas la justice. Dans ce cas, ils se mettront eux-mêmes dans une situation embarrassante.

Nous arrivons devant la salle d'audience et le public est en train de s'installer sur les bancs. Les portes sont encore ouvertes et nous nous engageons dans l'allée principale pour rejoindre la partie de ma mère et de notre avocat.

Je marche lentement pour que tout le monde prenne conscience de ma présence. Des murmures se font entendre. Les gens sont surpris, je ne devrais pas être là.

Attiré par le brouhaha, mon demi-frère se retourne en même temps que son avocat. La surprise passe dans ses yeux, mais elle est rapidement remplacée par de la colère, et peut-être même un peu de peur.

Simon se lève brusquement de son siège, mais son avocat le retient par le bras en lui chuchotant à l'oreille quelque chose que je n'entends pas.

- La séance va commencer ! s'exclame la voix de l'un des juges en face de moi.

- Madame, monsieur ? m'interpelle un autre. Votre place n'est pas ici.

- Je suis Antonella Delbot, j'ai été convoqué pour assister à cette audience, j'affirme d'une voix claire et ferme.

- Vous n'avez pas pu répondre présente à notre demande, se défend-il. Votre mère...

- Je serais ravie de vous expliquer pourquoi je n'ai pas pu répondre à votre demande, dis-je en fusillant ouvertement Simon du regard.

Les juges semblent comprendre que quelque chose leur échappe, mais ils ne disent rien et m'invitent à m'asseoir d'un signe de la main. Je prends place entre Dupuis et ma mère. Kostas s'installe derrière après avoir demandé poliment aux personnes de faire de la place.

Une divine tortureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant