Le Démon du Bar

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Sae Itoshi, ancien prodige du football de 21 ans était assis dans dans un bar avec un verre à la main et soufflait avec un air encore plus blasé que d'habitude : le Japon venait encore de perdre la Coupe du Monde. Son voisin, un blond aux cheveux tirés en arrière, exprimait son mécontentement de manière peu polie et raisonnable tandis que les autres supporters de l'équipe du pays du soleil levant se plaignaient de leur défaite. L'autre commençait à s'énerver et à taper sur les autres autour de lui et le barman le menaça de le dégager d'ici à coup de pied au cul s'il ne fermait pas sa gueule et s'il n'arrêtait pas de se défouler sur tout le monde. Il leur adressa à tous un regard mauvais puis leur fit un doigt d'honneur avec un grand sourire narquois et partit.

Sae avait assisté à la scène en silence sans dire un mot, ce type, pensait-il, avait l'air... casse-pied (pour rester poli) et il espérait vraiment ne plus jamais le croiser, il avait horreur de ce genre de personne qui s'énervait pour un rien, il ne les supportait pas. Il s'en alla peu après sans même dire au revoir aux supporters et se dirigea vers l'arrêt de bus mais il eut une mauvaise surprise en constatant que l'autre était endormi sur le banc, la bouche ouverte avec un filet de bave dégoulinant : décidément cet individu le dégoutait de plus en plus...

Le bus arriva enfin et avant de monter, il regarda l'autre idiot, il pensa un temps à le réveiller pour lui dire que le bus venait d'arriver mais il changea d'avis et le laissa endormi dans le froid nocturne avec un sourire qu'on pourrait qualifier de sadique. Le bus démarra, réveillant le dormeur, qui hurla au bus de s'arrêter mais le chauffeur n'entendait rien et continua sa route tandis que Sae le regarda avec amusement s'énerver jusqu'à qu'il ne le voit plus. Une fois arrivé chez lui, il s'endormit rapidement malgré la défaite du Japon qui en fait ne le touchait pas plus que cela.

Il se réveilla avec une gueule de bois alors qu'il n'avait bu qu'un tout petit plus que d'habitude, il ne supportait pas très bien l'alcool et ne buvait que pour les grandes occasions. Il se leva, prit son petit-déjeuner, se lava les dents puis s'habilla comme tous les matins depuis qu'il est en âge de marcher et de se débrouiller à peu près tout seul. Il prit le bus pour se diriger vers le terrain de football pour aller entraîner la prochaine génération des miracles du football japonais. Le football était toute sa vie et bien qu'il ne puisse plus y jouer en raison d'une blessure datant d'il y a quelques années, il voulait absolument exercer un métier dans ce domaine. Il le savait lui-même : il était froid et sévère voire cruel avec les jeunes joueurs mais il estimait que c'était pour leur bien à tous, son travail n'était pas d'être gentil mais d'être utile, peu importe s'il est apprécié ou non. Il est un ancien prodige déchu et il veut former les prodiges de demain pour accomplir tout ce qu'il n'a pu faire.

Il les salua poliment et n'aborda pas le sujet de la défaite du Japon avec eux (il ne leur parlait en fait qu'assez rarement) et leur demanda de se préparer pour l'entraînement puis les regarda courir sur le terrain. Une fois entraînement fini, il les salua à nouveau et rentra chez lui mais quand le bus s'arrêta à l'arrêt à coté du bar, il descendit sans vraiment savoir pourquoi, il n'était pas du genre impulsif mais quelque chose de mystérieux l'attirait. C'était la fin de journée et sa gueule de bois lui était passée alors il décida d'aller boire un coup. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il aperçut l'individu de la veille assis sur un autre banc (ce n'était pas le même que le jour précédent, certes, mais il le retrouvait dans la même situation qu'il l'avait laissé). Il l'aperçut à son tour puis ils se regardèrent sans rien dire et Sae continua de marcher devant lui en détournant le regard, l'autre ne l'interpella pas alors il continua sa marche jusqu'au bar comme si de rien n'était. Il commanda, s'assit et but son verre tranquillement dans son coin sans que personne ne vienne le déranger sauf un certain blond au caractère bien trempé :

« Salut beauté, alors comme ça, on aime bien me narguer ? T'as de la chance que tu sois mignon sinon je t'aurais pété les dents et brisé les genoux.

Le Démon du BarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant