One-Shot : Le tueur observé

Je l'ai vu. Il m'a vu.

Après une soirée avec des amis, je suis sorti prendre l'air. Et c'est là que j'ai tout vu : cet homme battu à mort. Je suis vite rentré chez moi.

Cette nuit-là, j'ai mal dormi. J'ai pensé encore et encore à la personne par terre.

Ce matin, je suis au commissariat. J'ai pris la décision de tout raconter.

J'attends un agent pour ma déposition quand soudain, une voix me glace le sang. Dans la pièce d'à côté, c'est SA voix. La voix du tueur. Je me mets à paniquer et ce que j'entends est encore pire :

« Nous avons toutes les raisons de croire que c'est vous qui l'avez tué !

- Pourquoi aurais-je fait une chose pareille ? C'était mon ami !

- Justement, c'était votre ami et vous étiez le seul à pouvoir le faire sortir de chez lui à cette heure-là. Alors avouez que c'était vous et on perdra moins de temps vous et moi ! »

Je suis choqué. Je me dis que, si cet homme avoue, il va aller en prison pour un crime qu'il n'a pas commis. Autant gagner du temps de liberté, même si nous savons lui et moi qu'il n'est pas coupable.

« Je n'avouerai pas car je n'ai rien fait ! Je ne vais quand même pas m'inventer une culpabilité pour vous faire plaisir !

- Je suis sûr de ce que j'avance puisque j'ai des preuves ! Nous vous avons retrouvé saoul à côté de la victime, un test d'alcool nous l'a confirmé ! Nous pensons que vous l'avez tué dans un état second et que... »

Je n'entends pas la suite. Un policier vient me chercher afin de prendre ma déposition. Que faire ? Cet homme n'a donc aucune limite ! J'ai peur car s'il me voit, je pense que moi aussi, je vais mourir. Alors je me pose la question : est-ce que je dois le dénoncer ou pas ? Le problème, c'est que si je le dénonce, il pourra me poursuivre pour diffamation ou ses collègues ne me croiront pas.

Pourtant je dis tout. Je glisse surtout une information à voix basse : l'homme en train d'auditionner la personne d'à côté est LE tueur...

Nous sommes le soir. Je viens de passer la pire journée de ma vie. Ils ne m'ont pas cru. Ils m'ont dit qu'il ne pourrait jamais faire une chose pareille : c'est un bon policier très reconnu. Ils m'ont dit de partir car sinon j'allais avoir des problèmes.

J'ai peur. La justice n'est pas juste...

Quelques années ont passé, j'ai revu le tueur à la télé. Il est devenu procureur. Maintenant il peut faire ce qu'il veut...