Chapitre 21.1 - rework

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Hyro

Je trouve Egon dans la serre de la défunte reine, en fin d'après-midi. Mon ami contemple des orchidées aux couleurs chatoyantes. Leur doux et agréable parfum chatouille mes narines.

Je me suis assoupi presque six heures, plongé dans un profond sommeil sans rêves. Et malgré cela, je me sens toujours aussi vide. Ma magie commence à se recharger, ce qui me réconforte. Je ne m'étais jamais posé la question de savoir ce qu'aurait été ma vie sans elle. Quel homme aurais-je été ? Un homme brisé et malvoyant. Un infirme. Je ne réalisais pas à quel point elle fait partie de moi. À quel point je serais perdu.

Je ne me suis pas encore autorisé à pleurer Valeria. Bientôt, mais pas encore. Je viens tout juste de commencer à faire le deuil d'Erin. J'enfouis ma douleur derrière le mur, espérant tenir bon. Mon frère m'entrainait régulièrement à fortifier ma barrière mentale. Mais à présent qu'il n'est plus là, je me sens vulnérable.

- Je me doutais que je te trouverais ici, je lance à mon ami qui ne m'avait pas entendu arriver.

Egon se tourne vers moi sans un mot. Je ressens sa colère rien qu'en humant son odeur corporelle.

- Tu sais que je viens ici quand je me sens perdu, réplique-t-il. Et aujourd'hui, j'ai vu mon meilleur ami brutaliser une femme sans raison.

- Valeria a été assassinée.

- Je l'ai appris. J'en suis désolé. Je sais que tu l'appréciais.

- Avant de mourir, elle s'est mutilé le bras pour inscrire le prénom de Wassalie. J'ai vu rouge et je me suis emporté. Je sais que ça ne justifie pas mon comportement, mais je tenais à te présenter mes excuses. Pour t'avoir bousculé et t'avoir enfermé. Je l'ai fait pour te protéger. Je n'étais plus vraiment moi-même et je ne voulais pas te blesser.

- Tu aurais dû venir m'en parler. Toi et moi, on s'est toujours tout dit. Tu agis toujours comme si tu étais seul au monde, Hyro. Combien de fois devrons-nous te rappeler que ce n'est pas le cas ?

Je reste silencieux, croisant les bras sur mon torse. Egon s'approche avant de me dire :

- Viens, marchons un peu. J'ai besoin d'air.

Nous sortons de la serre pour profiter des derniers rayons du soleil, déambulant dans les jardins royaux. Un silence pesant s'installe entre eux. Un silence qu'Egon finit par briser.

- Elle me plait, Hyro.

- Qui ?

- Wassalie. Je crois qu'elle me plait. Vraiment.

Surpris, je ne réponds rien face à son aveu. Aveu dont je ne sais quoi penser. La première question qui me vient à l'esprit est :

- Et tu penses que c'est réciproque ?

- J'en ai l'impression, oui. Mais je sais également ce qu'elle représente pour toi.

- Elle ne représente rien, je réplique sèchement.

- Aujourd'hui peut-être... Mais rien n'est figé.

- Qu'est-ce que tu attends de moi au juste, Egon ?

Le Prince s'arrête et lève les yeux pour observer un aigle planant dans le ciel.

- Je veux que tu me jures que cela n'affectera pas notre amitié. Si je devais officiellement la courtiser et faire avancer les choses...

- Je te l'ai déjà dit, je me contrefiche totalement d'elle.

- Mais il y a le lien.

- Il n'est rien d'autre qu'un appel auquel je ne suis pas obligé de répondre. Et elle non plus. D'autant que les Immortelles n'en prennent conscience que si on le leur révèle. Si je le veux, elle n'en saura jamais rien.

- C'est douloureux ? Pour toi ? s'inquiète-t-il.

- Parfois, oui, je ne vais pas te mentir mais... Egon, elle est pour moi une parfaite inconnue pour laquelle je n'éprouve pas même de la sympathie. Alors si tu as des sentiments pour elle, fais ce que tu as à faire.

Son soulagement est palpable. Cependant, je dois le mettre en garde.

- Wassalie est une étrangère au royaume et elle n'est pas d'ascendance noble, je lui fais remarquer. Si tu la courtises officiellement, comment réagira ton père ?

- Il sera furieux, s'exclame Egon. Mais c'est un problème dont je me préoccuperai plus tard.

- Et que feras-tu si elle ne souhaite pas rester ?

- Je n'en ai aucune idée... J'aurais le cœur brisé, je suppose. Et je vivrais avec. C'est ce que l'on appelle la vie, non ?

Je ne peux m'empêcher de sourire. Egon reste toujours optimiste et c'est ce que j'aime chez lui. Nous sommes des opposés complémentaires.

Je fronce les sourcils, repensant à ce qui s'est passé dans le bureau, quelques heures plus tôt. Avant qu'Egon ne s'attache trop à elle, je dois découvrir qui est réellement Wassalie. Elle n'est peut-être pas responsable de la mort de Valeria, mais Diego a raison. Elle cache quelque chose.

- Je ne dirais rien à mon père, m'annonce Egon. Concernant l'incident de ce matin. Mais promets-moi que la prochaine fois, tu viendras me parler d'abord.

- Je te le promets.

EROBYE - Tome 1 : Le MiracleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant