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C'était le début de l'année, et tout semblait déjà si compliqué pour moi. Nolan Martin, mon frère de cœur depuis la maternelle, lui qui me tenait debout quand tout partait en vrille, le seul qui me comprenait, était à jamais parti. Son décès était l'une des choses les plus difficiles à accepter pour moi.

On avait vécu tellement de merdes ensemble. On avait fait des conneries énormes : Venir en cours en pyjama. Chanter la marseillaise en plein milieu de cours (personne ne nous avait suivis d'ailleurs). Appeler la prof par son prénom (ce qui nous avait fait gagner une heure de colle) ou encore faire croire à notre prof de maths qu'il fallait venir déguiser le jour suivant (ce qui avait miraculeusement marché). 

On avait nos délires nocturnes qui duraient jusqu'au petit matin, regarder des films cultes jusqu'à pas d'heure autour d'une pizza froide, enlacer dans un nombre incalculable de couvertures. 

Au-delà de tout ça, il était bien plus qu'un simple pote, il était ma putain de moitié. 

Chaque instant partagé avec lui était une aventure, une explosion de rires et de complicité.

On se comprenait d'un simple regard, on se soutenait dans les pires moments, ma vie n'était plus la mienne, mais la nôtre. 

Il savait tous sur moi, même le moindre détail et inversement, je savais tout sur lui. Il avait ce don de rendre mes journées les plus sombres, lumineuses, de transformer les obstacles en défis à relever ensemble.

Entre nous, il y avait cette connexion spéciale, cette sensation indescriptible qui me poussait à penser que notre amitié était bien plus que ça. À chaque fois qu'il souriait, à chaque geste de réconfort, mon cœur s'emballait un peu plus. En plus de ça il était beau, c'est yeux verts, son corps si parfait... Je ne pouvais plus l'ignorer : j'étais tombé amoureux de mon meilleur ami.

Sa mort n'était pas seulement celle de Loann, c'était aussi la mienne, j'étais morte de l'intérieur, sans lui chaque épreuve de la vie me semblait insurmontable. Les rues qu'on arpentait ensemble paraissaient vides, les murs de l'école résonnaient plus de nos éclats de rire. Chaque petit recoin de la ville, chaque banc de parc, me rappelait à quel point il me manquait et à quel point j'avais besoin de lui.

Je ne voulais plus sortir de chez moi. Affronter les regards des autres, leurs condoléances à la con, était une torture. Malheureusement, je ne pouvais pas rester enfermé pour toujours.

Ce matin-là, je m'étais décidé. J'ai enfilé mes fringues à l'arrache, j'ai attrapé le tee-shirt de Loann, celui qu'il m'avait passé la fois où j'étais venu dormir chez lui et que bien évidemment je ne lui ai pas rendu. Je voulais sentir son odeur, je voulais le sentir près de moi. Arriver devant le lycée, je voulais déjà faire demi-tour, chaque passage, chaque endroit me rappelais à quel point j'aimais Nolann, mais je devais tenir bon pour lui.

En cours, son absence était insupportable. Je me surprenais même à chercher son sourire dans la foule, son rire dans le brouhaha de la classe. Mais il n'était plus là, et ça faisait un mal de chien.

En rentrant chez moi ce soir-là, j'avais toujours le cœur en miettes, mais j'étais un peu plus résolu, car je savais qu'il pensait à moi tous là-haut.

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