The Devil's Wife

Prologue

"Tu sais, j'ai toujours su que j'allais souffrir. Je n'aurais jamais cru que c'était ta main qui allait causer ma perte. Notre perte."

Son regard se pose sur l'autre corps à mes pieds, froid et rigide, déjà habité par la mort. Cette image ne me fait ni chaud, ni froid, comme d'habitude.

Alors que pourtant, son corps agenouillé face à moi, suppliant, me dégoûte. Comment un être d'habitude aussi digne et fier pouvait-il se retrouver dans une position aussi dégradante?

Sa main s'agrippe à mon mollet, dans l'espoir de me retenir, pour obtenir de l'aide peut-être.

"Aides moi... Je t'en prie. Tu ne peux pas me laisser comme ça."

Ses derniers mots retentissent autour de moi, tels un écho dans l'eau, s'évanouissent rapidement et sans conséquences.

Un sourire mauvais s'affiche alors sur mon visage, tandis que je me dégage de l'emprise que sa paume a toujours sur ma jambe, avant de me baisser sur son visage ensanglanté, et de regarder en face ces yeux perdant peu à peu leurs éclats de vie.

"Tu sais ce qu'on dit, mon amour, sème le vent, et récolte la tempête. Tu as essayé de jouer contre plus fort que toi, et comme prévu, tu as perdu."

Le sang gicle sur mes vêtements, mon visage et mes mains alors que je tire une dernière balle dans la tête qui s'effondre enfin au sol. Une goutte rouge carmin roule entre mes lèvres, me faisant savourer le goût métallique que j'ai appris à apprécier au fil du temps.

La vision de la personne dans le miroir en face de moi m'effrayerait presque, si je n'étais pas habituée au sourire sordide et au sang sur ma peau.

-Oh mon ange, tu t'es encore approchée trop fort du feu, sauf que tu as failli te brûler les ailes cette fois-ci."

Les corps à mes pieds laissent au sol des traînées de sang coagulé alors que je les placent dans le coin de la pièce, afin de les empiler.

Ses cheveux roux sont les premiers à partir en fumée lorsque la flamme de mon briquet rouge atterrit près d'eux.

Appuyée à l'encadrure de la porte, le feu de joie face à moi me réchauffe la peau, faisant rougir mes joues.

Petit à petit, les flammes suivent les lignes d'essences répandues sur le sol, jusqu'à brûler l'entièreté de la pièce, se rapprochant de moi.

Une fois sortie de la maison, j'entends dans mon dos les bruits des éclats des vitres explosant face à la chaleur extrême. La toiture s'effondre peu après, entraînant la maison entière dans son sillage, ne laissant plus que les restes de l'impressionnante demeure qui se tenait la quelques secondes auparavant.

Jamais je n'aurais imaginé que les événements se seraient déroulés comme ça quand j'ai débarqué en ville il y a six mois.

Mais je suppose que cette histoire tire son origine bien plus tôt, et que les conséquences ne sont dues qu'au chemin tortueux que j'ai choisi d'emprunter dès mon enfance.

L'esprit humain est vraiment la chose la plus effrayante qui puisse exister.

J'en suis la preuve.

Durant notre enfance, on nous a raconté les histoires du point de vue du héros, sauvant sa princesse en détresse, le monde, quitte à se sacrifier à la fin.

Je vais vous raconter l'histoire de la méchante dans les contes.

L'histoire de celle qui a le choix de faire le bien, mais qui décide malgré tout de prendre celui de l'ombre.

Mon histoire.

Accrochez votre ceinture, la route sera turbulente, et surtout lors de mon arrivée en ville.

Monsieur, Madame, bienvenue dans mon Enfer, à l'entrée de la ville de Vélamo.