Chapitre 3 📢📢📢

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L'Université des délires
Tome 2 🎼🎼🎼
Plume-MNG 🇸🇳

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Chapitre 3 📢📢📢

Je n'ai jamais menti dans ma vie, mais là je suis dans l'obligation de le faire. Comment pourrais-je dire à Vanessa que je l'ai trompée ? Elle a toujours eu des soupçons. Ma relation avec Hadja fusse-t-elle amicale ne l'a jamais enchantée. Aujourd'hui, pour couronner le tout, me voilà dans un pétrin total, attendant un être innocent, le fruit de mon irrespect à son endroit, celui de la fornication.

Pourquoi dois-je vivre un tel karma ? Combien de fois ai-je conseillé à Vanessa de ne pas se livrer à une séance de jambes en l'air ? Ce, pour garder jalousement sa virginité. Je ne parle même pas du sentiment de honte qui me lie envers mon Créateur en ce moment. Quid de ce que je dois dire à ma petite sœur Nafi ?

La vie ressemble à un cylindre. Rester sur un point de cette figure géométrique s'avère difficile. Les mouvements par-ci par-là, les pressions de tous bords, participent à tes réactions. Pire, c'est un cycle répétitif. Plus tu penses que les choses vont définitivement s'arrêter, plus tu vois émerger de nouvelles imprudences.

Tout à l'heure, j'ai discuté avec Grégoire pour essaier d'enlever cette grosse boule de ma gorge. Il m'a conseillé de ne pas trop tôt partir en besogne. Toute situation peut être décompressée. Tout problème doit avoir une solution. J'ai toujours cru que toute vérité était à dire jusqu'à ce que je me rendre compte que toute vérité n'était pas bonne à dire. Il y a des mensonges qui tiennent le guidon de notre vie.

Tamsir est mon collègue médecin. Il a deux ans de carrière de plus que moi. Je lui ai parlé de ce qui m'est arrivé. J'ai voulu qu'il m'aide, me considérant comme un patient dans un état grave. Je sais qu'il n'a pas apprécié mon geste, mais quand un camarade est dans le besoin, il faut au moins l'aider.

J'ai eu à l'aider dans le passé. Je me souviens du jour où le directeur de l'hôpital voulait le mettre à pied. Il avait quitté l'hôpital pour régler une urgence. Je l'avais couvert en disant au directeur que Tamsir était là, mais qu'il était sorti acheté un truc à manger. Il n'était pas revenu jusqu'au petit matin. Je me dis alors qu'il a une dette à me payer. Raison pour laquelle il a accepté.

Je suis sorti du bloc opératoire sans qu'on ne m'opère. J'ai des pansements le long de mon corps. Les tâches de Betadine suffisent pour justifier l'injustiable. Quand j'ai entendu des pas dehors, j'ai demandé à Grégoire de sortir pour voir. Certainement, Vanessa est arrivée.

Dans la tête de Vanessa.

Je viens d'avoir la nouvelle de ma vie. Cette grosse peur qui m'a envahie, si elle se répète, je ne m'en remettrais pas. Tout s'est passé très vite. J'ai écourté la discussion avec Tante Réma. J'ai demandé à Birahim de me déposer à l'hôpital. Maïram me consolait tout au long du chemin. Elle me demandait d'être courageuse, que tout allait bien se passer.

Mais comment pourrais-je l'être ? C'est une terrible information. L'homme avec qui je compte me marier est dans une situation délicate. À chaque instant, on peut m'appeler pour me dire qu'il a rendu l'âme.

Nous sommes accueillis par Grégoire. Celui-ci me demande de se calmer.

- Où est Samir ? Il n'a rien ? Est-ce qu'il est en vie ?

- Il va bien Vanessa. Il vient de sortir de la salle d'opération. Il y a plus de peur que de mal. Il a juste perdu beaucoup de sang. Mais tout est finalement réglé.

- Je peux le voir ?

- Oui, mais tu dois te calmer. Garde ta sérénité. Ça va l'aider.

L'état dans lequel j'ai trouvé Samir me coupe la respiration. Son corps est recouvert de bandages. Il peine même à me regarder. Je saisis à peine ce qu'il tente de me dire. Je fonds en larmes.

- Samir, koula def lii... Dis-moi que tu vas t'en sortir.

Il me répond, la bouche s'ouvrant difficilement.

- J'étais sorti prendre de l'air. Je voulais me débarrasser d'un peu de toute cette paperasse. C'est en ce moment que deux individus sont venus m'agresser. J'ai essayé tant bien que mal de riposter. Ils m'ont poignardé.

- Mastaa babe... Ça ira inch'Allah. Je vais aller à la police. Il faut qu'on retrouve ces imbéciles.

- Ça ne vaut pas la peine. L'essentiel est que je sois en vie.

Tout à coup, Samir ferme ses yeux. Je prononce son nom à sept reprises. Je sors vite appeler le médecin. Celui-ci rentre pour le consulter.

À sa sortie, il me dit :

- Samir est dans un coma partiel. Ses blessures sont assez douloureuses. Il faut qu'on le laisse dormir.

- Il va se réveiller quand ? lui dis-je, morte de peur.

- Il va se remettre de tout ce qui s'est passé progressivement. Laissez-le juste se reposer.

Les jours suivants, même constat : Samir n'est toujours pas sorti de son coma. Sa petite sœur, cette peste de Nafi, passe ses journées à l'hôpital. Elle ne sait même pas combien elle me pompe l'air. Il y a quelques mois, quand j'ai découvert qu'elle était la petite sœur de Samir, je voulais mourir. Samir a essayé de nous concilier, mais c'est peine perdue. Cette fille, je la déteste.

Vingtième jour d'hospitalisation de Samir. Ma main sur sa tête, je chicane avec un homme muet depuis des jours. J'ai tout tenté. Je blackboule toute caprice de désespoir, m'affairant seule dans mon petit monde. Je harcèle ma conscience et procède à un questionnement de ma vie. Jusqu'où mon fort intérieur peut continuer d'emmagasiner cette surcharge ?

Ma nervosité touche des sommets très hauts. Je parle avec Samir tout en sachant que cette obsession d'aller à l'encontre des lois du temps n'est que fantaisie. J'échafaude mon discours émoustillé de mots langoureux, de dictons amoureux, de principes glorieux, de témoignages valeureux, de prismes sérieux. Je regarde le plafond de la salle et mes réflexions dépassent ce monde. J'actualise et réactualise mes  cours de philosophie. Je porte le manteau de Thalès qui, à force de contempler les astres, tombe au fond du puits.

La servante de Thrace qui était venue pour puiser de l'eau, comme à ses habitudes, était abasourdie quand le philosophe lui disait qu'il avait intenté un voyage au royaume des cieux, raison pour laquelle il ne pouvait pas voir le puits. S'éclatant de rire, elle prenait comme absurdes les dires du philosophe. La raison n'expliquait pas qu'un homme voyageât dans les astres sans pour autant voir un puits sous ses pieds.

Je philosophe toujours. J'emprunte à Sisyphe sa métaphore. Condamné à monter le rocher dans le sommet escarpé de la montagne, Sisyphe tombait à chaque fois. Cet éternel recommencement est symétrique à mes épreuves récentes.

- Tu n'est pas Thalès, je ne suis pas Thrace. Ta vie n'est pas un éternel recommencement. Tu ne connaîtras jamais le calvaire de Sisyphe. Mon long sommeil m'a appris que je suis le plus chanceux des hommes.

Mon homme se réveille enfin.

Dans la tête de Samir.

C'était le prix à payer pour faire croire à tout le monde que je me suis fait agresser. Je ne remercierai jamais assez Grégoire et Tamsir. Sans eux, tout mon plan tomberait à l'eau. J'ai une nouvelle équation. Je dois maintenant faire tout pour que le mariage sorte de l'esprit de Vanessa. Il est temps que je me donne les moyens de suivre l'état d'évolution de mon enfant.

Hadja n'est même pas venue à l'hôpital. Aurait-elle compris mon jeu ? C'est tout à fait possible car elle me connait très bien.

À suivre... 😊😊😊

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