Chapitre 14

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Kendra

J'ai tellement mal... Mais je dois me lever pour aller me chercher de l'eau pour prendre mon anti-inflammatoire. Je ne vais quand même pas faire déplacer Sylvie pour moi, elle a d'autre chose à faire... comme s'occuper de son fils.

Enfin bref. Je prends ma gourde qu'on m'a offerte au centre de détention – quel cadeau ! – et je me lève de mon lit pour ensuite descendre l'escalier. C'est une grosse épreuve de descendre les escaliers. Au bout d'une minute – contre 10 secondes en temps normal – j'arrive en bas. J'entends Sylvie parler avec Diego dans la cuisine.

— Elle a eu l'utérus et l'ovaire droit qui ont étaient touchés. Elle a eu beaucoup de chance. Mais les médecins ont dit qu'elle ne pourrait jamais avoir d'enfant, déclare Sylvie.

Tien, ça parle de moi. Diego a enfin eu sa réponse ; c'est un gros curieux ce mec.

Eh oui, c'est la vie, je ne pourrais pas avoir de gosse, sans parler du dérèglement des menstruations et tout ce qui va avec. Enfin bref, c'est pas vraiment ce qui me préoccupe le plus en ce moment. Pour l'instant, je dois aller prendre mes putains de médicament pour apaiser cette putain de douleur.

J'entre donc dans la cuisine en passant à côté de Diego qui me bloque le passage. Il sursaute quand il me voit débarquer derrière lui. En temps normal, je me serais tapé une barre intérieurement face à sa réaction, mais là, je n'ai pas envie de rigoler.

Je m'approche de l'évier et je remplie ma gourde.

— T'as pas trop mal, Kendra ? me demande Sylvie.

Je souffle en me tenant le ventre.

— Non... mentis-je. Ça va. On n'y peut rien de toute façon.

J'avale de l'eau avec mon médicament que je viens de sortir de son emballage. Je souffle en fermant le yeux, comme si ça pouvait m'enlever la douleur.

— Tu veux manger ? continue Sylvie.

— Non, merci. Je n'ai pas faim.

Je sens sa main chaude se poser sur mon épaule, ce qui me fait ouvrir les yeux et me les fait diriger dans ses iris vertes.

— Tu ne manges pas beaucoup depuis que tu es revenue ici. Faut que tu manges un peu ma puce.

Je déteste ce surnom... C'est le surnom que mon père aimait bien me donner depuis que je suis petite...

— Je n'ai vraiment pas faim, désoler.

Sa main vient me frotter le haut du dos, ce qui me réconforte. D'une seconde à l'autre, je suis pris d'une nausée. Je pars en direction de la salle de bain en n'allant pas trop vite pour éviter d'avoir encore plus mal.

J'arrive devant les WC, je m'accroupis et je rejette le peu de truc que j'ai dans le ventre, c'est-à-dire, le médicament que je viens d'avaler, et c'est tout... Un liquide acide me prend toute la gorge. Rien ne sort, mais j'ai cette horrible sensation de vouloir dégueuler. Tout ça à cause de cette douleur...

La douleur dans le bas du ventre se fait encore plus forte à chaque contraction qui se fait sur mon ventre. Des larmes me montent aux yeux. Quelle horrible sensation... S'il voulait me faire du mal, il a réussi son coup, ce pédophile.

Je me mets à tousser toujours avec la tête dans le hublot des chiottes, appuyé contre mes bras qui sont croisés sur la cuvette.

Je sens une main chaude m'attraper les cheveux et me les rassembler derrière mon dos. Ce n'est pas la main de Sylvie, celle-là est moins douce et plus virile, et sa poigne est plus lourde. Je sais très bien à qui appartient cette main, et j'aurais préféré que ce soit celle de Sylvie.

Une ancienne détenue dans ma maisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant