Archive III Genèse

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Archive primaire, dossier, propagande :

Datation estimée : Royaume du Nord, 1000 ans avant notre ère.

Puisse le sang versé éteindre la haine.

Le roi appartient au passé, et l'ancienne Communis fut divisée. Jugurtha fut regretté, et son royaume n'était plus que l'ombre du passé. Malgré la mort du souverain, la terre continua de tourner. Ses trois fils, devenus hommes, prirent les rênes de leurs royaumes respectifs. Les territoires nouvellement indépendants finirent par être avalés par l'une des trois grandes nations gloutonnes, à l'exception de certaines terres non reconnues, néanmoins de facto autonomes. Les frères avaient tenté, via leurs mains avares armées de dagues en fer, d'accaparer ces terres libérées, mais les hommes rebelles se réfugièrent dans leurs austères rugueuses et construisirent leurs bastions.

Là, ils se dissimulaient les combattants, attendant le repos des soldats de métier dans leurs campements afin d'orchestrer des razzias assassines. Ils ne les laissaient guère respirer les colons, et les rois finirent par accepter le fâcheux statu quo, écrasant avec une hargne dédaigneuse leurs egos, les ayant tant poussés à guerroyer, car ils devaient être dignes de leur père, oui, être sur terre l'unique roi conquérant. Ils avaient tant à perdre à essayer de conquérir ces bouts de terre rocailleux et sans richesses ; quoi qu'on en dise, les frères étaient éduqués. Ils avaient encore une once de raison. Tristement, elle ne tarda pas à disparaître pour certains ; ils n'ont su intérioriser la bête qu'est l'orgueil. Quand les territoires furent unis sous Jugurtha, les peuples s'étaient soumis, conquis par l'idée d'égalité. Mais une fois qu'ils eurent goûté à l'onctueux fruit qu'était la liberté, ils ne purent se résoudre à la perdre une nouvelle fois. Il fallait savoir que ces territoires, animés par une volonté vengeresse, vivaient de la piraterie des caravanes marchandes des entités régnantes. Ils n'avaient guère oublié les crimes de conquêtes ; aucun peuple n'oubliait la part d'odieux dans le cœur des brutaux guerriers.

En termes cartographiques, le monde connu subit un nouveau traçage des frontières et fut en conséquence divisé en trois blocs, chacun dirigé par l'un des trois fils de l'ancien roi. Beaucoup de nations, non habituées à l'odieuse guerre, furent conquises par la lame. Les travers expansionnistes n'avaient jamais cessé, créant des rivalités entre les trois souverains. Les nations étaient dans le désarroi. Le monde vivait de violence et de mort. Les hommes avaient besoin de vivre dans une cité de paix, mais ils le savaient que la concorde n'était qu'un songe et que la quiétude n'était qu'un mirage ici-bas. Donc, pour pouvoir croire en un lendemain, ils inventèrent une multitude de mythes et de légendes. Ces histoires racontaient qu'il fallait pour vivre la paix habiter dans une cité volante. Une cité qui devait s'élever loin dans le ciel d'azur pour goûter l'attendrissante ataraxie ; il fallait survoler la guerre. Et les peuples, survoltés par cette vision se propageant dans les rues moroses, criaient : « Maudits soient ces alchimistes clamant qu'ils n'avaient guère assez de pouvoir pour réaliser le rêve de la colombe ! Maudits furent les rois ne pouvant nous offrir la paix. » Tout ceci était absurde, et Yumie le voyait : les gens ne faisaient que fabuler.

Une simple fabulation.

Avant de les présenter, les rois, il faut une étude du contexte passé et de son futur. Il faut comprendre que, malgré les liens de sang qui faisaient leur union, ils étaient pour les un pour les autres la lèpre. Ils ne pouvaient se cerner et se vouaient une haine d'une rigueur orthodoxe. Cette aversion commune était due à deux facteurs : le premier était la jalousie, une jalousie assassine qui les rendait envieux. Ils souhaitaient, du fond de leur être ambivalent, écraser autrui pour posséder la terre de ses frères. Le second facteur était bien plus profond ; il était lié à leur enfance. Les trois monarques avaient été éduqués dans l'adversité. Ils étaient tous trois issus d'unions qui différaient. Les rois avaient pour point commun leur père Jugurtha, mais ne partageaient guère la même mère. Ils avaient donc reçu une éducation bien dissemblable. Quand le roi Communis flancha, une plaie s'ouvrit et une guerre de succession interne se déclara. Ils avaient grandi dans une ambiance de trahison et, à force de côtoyer la haine, ils finirent par effacer de leurs souvenirs les moments de bonheur juvénile, de complicité ainsi que les moments où ils faisaient vivre la misère à leurs tuteurs. Mais il ne faut pas se mentir, ces moments d'innocence étaient bien rares ; ils relevaient bien plus de l'hypocrisie de l'instant ou, par la force des choses, ils devaient s'efforcer de se côtoyer dans la paix sans se rosser.

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 19 ⏰

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