Cuir

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Pdv Wille

Le métal de l'attache résonne fois mille dans mes oreilles. Le cuir frottant sur le tissu. Instinctivement, je prends position. Son corps se rapproche, me procurant un million de frissons. Ce n'est pas la première fois que je me retrouve dans cette position. Sûrement pas la dernière non plus. Sa main se pose sur la chute de mes reins. Je suis rempli de tremblements. Il me dit quelque chose que je ne comprends pas. À quoi bon de toute façon. Je n'ai pas le droit à la parole. Il réitère sa question. 

- Wilhelm.

Je rentre la tête dans mes épaules. Effrayé d'avoir fait une bêtise. Je ne m'en rappelle pas mais tout et rien est bon pour une punition. 

- Wille, ce n'est que moi. Simon. Je ne te ferais aucun mal. Regarde moi. 

Simon... Je me redresse en plongeant dans ses prunelles chocolat. Des milliers de questions s'y trouvent mais il ne prononce aucun mot et me prend dans ses bras. Je mets quelques minutes à me détendre pourtant je n'arrive pas à lui rendre son étreinte. Mon bouclé finit par se détacher, ses yeux toujours dans les miens. La pulpe de ses doigts effleure ma joue ne sachant pas quoi faire. Je fais non de la tête. Il m'embrasse tendrement sur le front. 

- Je t'aime Wille. Je vais préparer des chocolats chauds, viens quand tu te sentiras prêt. 

⚰️⚰️⚰️

Pdv Simon 

M'affairant machinalement ma tête est remplie de questions. Son corps dans cette position était plus qu'accueillant pourtant son visage exprimait tout autre chose. De la peur mêlé à de la résignation. Je ne sais pas ce qui m'inquiète le plus. Comment est ce qu'on peut d'instinct se mettre dans cette position ? Qu'est-ce qui lui est arrivé...

Environ une demi-heure plus tard, le blond apparaît dans l'embrasure de la porte. Les yeux rouges, il se rapproche de moi. 

- Ne m'en veut pas. Me demande-t'il la voix brisée. 

- Oh Wille. Tu n'as rien fait de mal. 

- J'ai cassé le moment, t'en avais envie et j'ai.. je....

Je l'embrasse avec douceur pour le faire taire. Il ne me répond pas mais ses prunelles se remette à briller. 

- Respire mon cœur. Oui, j'en avais envie contrairement à toi qui...

- J'en avais envie aussi c'est plus compliqué que ça. Me coupe t'il. 

- Viens. Mêlant mes doigts au siens tout en portant le plateau avec mon autre main. 

Nous nous installons sur le canapé, une fois nos boissons terminées dans le silence. Le blond est prêt à s'ouvrir, ses rouages étaient visibles dans ses yeux. Il plonge son regard dans le mien, m'ouvre ses bras. Je m'y réfugie puis il prend la parole. 

- Ne me coupe pas, quoi que je te dise. Surtout ne me regarde pas, je ne tiendrai pas sinon. 

Je hoche la tête et enfouis mon visage dans son cou pour seule réponse. J'ai peur de ce qu'il va m'annoncer. Pas pour nous, pour lui. 

Comme tu le sais, je suis destiné à être prince. Quand j'étais plus jeune et jusqu'à ce que je rentre à Hillerska nos parents nous ont élevés moi et Erik à la dure. C'est-à-dire... Il se coupe pour reprendre une grande inspiration. Il fallait que tout soit parfait, tout le temps. Notre posture, notre élocution, nos vêtements et j'en passe. Tout, partout, tout le temps. Dès que la moindre petite chose ne leur convenait pas, ils nous demandaient de prendre place. Notre père détachait sa ceinture pour que soit lui soit notre mère commence à nous battre, répétant à chaque coup ce que nous devions améliorer. À chaque fois mon frère s'interposait entre eux et moi pour recevoir les coups à ma place. Je ne sais pas ce qui me faisait le plus de mal à l'époque, le manque d'amour, les coups ou mon frère qui les prenait à ma place. En grandissant j'ai compris que c'était un mélange des trois. 

Un silence lourd retombe dans la chambre. J'ai une envie viscérale de le prendre dans mes bras pour apaiser ses pensées mais je respecte sa demande en prenant mon mal en patience pour écouter la fin de son récit. 

Quelques jours avant la mort d'Erik, j'étais revenu au château pour régler des trucs royaux. À ce moment-là mon frère m'a offert cette boule à neige en me disant qu'il était désolé. 

Je n'ai pas compris sur le coup mais tout s'est éclairé quand il est mort. C'était un accident. C'est ce que tout le pense et moi le premier jusqu'à ce que je me souvienne de ses mots. Ce n'était pas un accident. C'était un suicide et il était désolé de me laisser me débrouiller seul.

Ses larmes s'échouent sur ma joue. Je ne bouge toujours pas. Je ne sais plus quoi dire ni faire. 

Le bruit que ta ceinture à fait quand tu l'a retiré est le même, instinctivement et sans que tu aies besoin de me le demander je me suis mis en position. 

Simon... 

Prenant ça comme un signal je le prends dans mes bras, plongeant mon regard dans le sien. 

- Willle... je sais pas quoi dire. Je suis sincèrement désolé. 

- Non c'est moi qui suis désolé. Je n'aurai pas dû te confondre avec eux, je sais que tu ne me feras aucun mal.

- Mon cœur respire. Tu a été conditionné depuis ta plus tendre enfance à réagir à ce son, ton cerveau ne fait plus la distinction, il se met juste en pilote automatique. Je ne t'en veux absolument pas je te promets. Essaye d'en faire autant. 

- Je vais essayer, promis. 

- Je t'aime Wille ne l'oublie jamais.

- Moi aussi je t'aime Simon. Je suis sur qu'Erik t'aurais apprécié. 

Ces mots réchauffent mon cœur. Il ne m'avait encore jamais dit ces trois petits mots. De plus, savoir que son frère, de qui l'avis compte beaucoup m'aurais accepté et en plus apprécié emplis mon cœur de papillon. 

- S'il est tel que tu le décris, ça devait être une personne incroyable. 

Ses bras se resserrent autour de moi, je fais de même et dans un silence cette fois serein, ses battements de cœur s'apaise, nous nous endormons l'un contre l'autre. 

Fin
❤️

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