Un village trop tranquille

Chapitre 23: Grésillements violents (Tom et la bande du 36)

Dans la chambre, Andy attend impatiemment Tom et son chocolat chaud, elle ne lâche pas des yeux Nicolas au cas où elle se réveille. C'est dingue mais l'être humain se rend compte de la valeur des choses quand il est en train de les perdre. C'est exactement ça. Elle se rend compte de son amour puissant pour cet homme au moment où il est dans le coma entre la vie et la mort. Sa main ne quitte pas la sienne, elle se fait douce et présente, il n'y a que ça à faire de toute façon. Pour se faire pardonner de l'avoir laissé partir dans la nuit froide et d'être tombé sur un connard. Mais ça ne devait pas être un hasard, impossible, elle n'y croyait pas une seule seconde. On avait voulu faire du mal à l'homme qu'elle aimait et elle n'allait pas laisser passer ça.

« -Tiens le coup Nicolas. Je suis là, Tom aussi. On compte sur toi, je compte sur toi pour te battre et vivre. »

Elle se redresse et dépose un tendre baiser sur son front, ses larmes reviennent au galop quand elle observe cette montagne de fils encerclant son petit corps inerte, bordel, ça fait si mal, ça lui cogne contre le cœur et ça provoque une hémorragie sans précèdent, un carnage. C'est donc ça, la vraie souffrance. Horrible. Insupportable. La télé tourne dans le vide alors qu'elle ne cesse de ressasser, de se dire qu'elle aurait dû le retenir, l'inviter à monter chez elle plus franchement. Mais elle n'avait pas voulu paraître une fille facile ou trop collante, elle aurait dû. Peut être qu'elle allait le perdre définitivement, quelle idiote.

Elle se lève pour aller à la fenêtre, elle observe les voitures défiler sur le parking. Une femme enceinte arrive en urgence, son mari la soutient et l'emmène jusqu'à l'entrée. Des histoires et des histoires. Toujours l'amour dans le lot. C'est ça aussi un hôpital. Et ce sont des drames comme maintenant. Ses yeux bleus scrutent la nuit sombre, elle essaye de s'évader avec un rien. Avec un chat qui passe, avec une ambulance qui quitte les urgences et fonce à toute vitesse. Elle imagine des récits pour s'échapper de la douloureuse réalité qui arrache son cœur à mains nues sans délicatesse ni pitié.

Puis la télé se met à grésiller. Un bruit désagréable. Les informations sont interrompues. Un écran grisé et des bourdonnements. Rien d'autre. La demoiselle se retourne, intriguée. Sérieusement ? Même la télévision pète des câbles ? Le monde se porte vraiment mal décidément.

« -Non mais vraiment ? J'ai la totale là. »

Soupir. Elle cherche la télécommande mais ne la trouve pas. De toute façon, elle n'est pas sûre de réussir à réparer cette maudite télé. Elle est légiste, pas électricienne. Elle prend la chaise et grimpe dessus, tentant désespérément de toucher les boutons pour régler le problème. Mais en faisant ça, elle accentue le bruit strident qui lui éclate les tympans.

« -Mon Dieu qu'est ce qu'il ne faut pas faire, il ne manque plus qu'à aller voir un médecin... »

Elle revient au sol et remet la chaise en place. Andy embrasse rapidement Nicolas qui est toujours inconscient, elle prie encore et encore pour qu'il rouvre ses yeux, même si c'est pour qu'il soit lourd avec ses blagues, tant pis, elle veut qu'il se réveille. Puis elle sort de la chambre, à la recherche d'une quelconque aide. Et dire que normalement on interpelle un médecin pour un problème de santé, non elle c'est juste pour faire marcher une télévision, drôle de soucis.

Elle se retrouve dans un couloir. Logique. Mais pas le couloir qu'elle connaît, pas celui dans lequel elle est arrivée. Il n'y a personne, ça paraît même désert, la lumière est bleutée, le carrelage est blanc tous comme les murs. Elle fronce les sourcils, elle ne rêve pas quand même ? Elle sait ce qu'elle fait et ce qu'elle a vu, elle est sobre et parfaitement consciente de la situation. Alors pourquoi elle se retrouve ici ? Dans un lieu totalement inconnu et peu accueillant qui ne respire pas la confiance ni la chaleur ?