Nous courions à perdre haleine poursuivis par cette avalanche de poudre grise. Une main surgit derrière une grande carcasse de camion et nous indiqua l'endroit salvateur pour nous protéger des éclats de projection. Nous plongeâmes derrière le container de la remorque pratiquement sur les genoux de Romain. Je fermai les yeux, agrippé à mes amis. Le métal de la dépouille du transporteur était mitraillé par les milliers de petits gravas concassés par le choc de la destruction. Puis le bruit sourd s'éloigna de nous laissant échapper de multiples échos. J'ouvris les yeux et distinguai à peine le bout de mes mains. L'atmosphère était recouverte d'un épais brouillard gris, une couche de poussière nous recouvrai, s'insinuait dans nos orifices ce qui rendait la respiration très difficile. Un silence profond congestionna l'environnement comme la sensation d'une importante tombé de neige au sein de la montagne. Romain masqua sa bouche avec ses mains pour ne pas avaler de la poussière et cria :
" Est-ce que tout le monde va bien ?"
Chaque membre du groupe répondit et selon la provenance des voix nous nous apercevions que nous nous étions séparés en trois groupes. Tout le monde était présent à l'appel.
Nous attendîmes quelques minutes pour sortir de notre cachette et nous réunir, le temps que le voile opaque se disperse un peu.
Une fois tous ensemble, nous nous éloignâmes le plus rapidement possible de la zone encombrée. Nous nous arrêtâmes et prîmes le temps les uns les autres de s'épousseter.
" Je suis désolé Micaël, compatit Syvanna.
Le ruisseau de mes larmes s'était transformé en deux traînées boueuses maquillant mes joues de noir. Elle passa sa main délicate sur mon visage pour nettoyer la preuve de ma tristesse. Mais cette tentative, tout agréable fut-elle, se transforma en un étalement de suie sur la totalité de mes joues, tel un commando camouflé en mission dans la jungle.
" Mince, je n'arrive pas bien à enlever... désespéra Syvanna.
Je pris sa main.
— Ce n'est pas grave ! Je nettoierai ça à la prochaine flaque d'eau que l'on croisera. Ce n'est pas ça qui manquent maintenant.
Tous nos compagnons étaient tournés vers nous. J'en profitai pour leur adresser une parole collective.
" Je suis vraiment désolé de vous avoir tous mis en danger par ma bêtise. Et je tiens...
Fabrice me coupa en passant son bras autours de mon coup. Et en silence il m'étreignit. Mes amis formèrent une file d'attente et l'un après l'autre répétèrent ce geste de compassion. Et ce sont de nouvelles larmes finalement qui lavèrent un peu mes joues sales.
Nous arpentions du Nord au Sud les ruines de notre ville. Les habitations de Fabrice et Fred n'étaient plus que champs de pierres et de poussières. Aucuns de mes deux amis n'avaient osés s'approcher trop prêt du désastre de peur de trouver des preuves charnelles de la disparition de leurs proches. Ils préféraient le doute, source d'un minimum d'espoir.
Arrivé sur la principale avenue de Mantes qui la traversait d'ouest en est, nous devions y marcher pendant plus d'un kilomètre pour rejoindre le centre-ville.
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Chaos³
Ciencia FicciónQuand un petit groupe de lycéens se prend en pleine face l'apocalypse. Quand leur petite vie commune est dévastée par le souffle de la mort. Quelle est la nature de la fin du monde ; une catastrophe naturelle, une attaque nucléaire, une invasion ext...