« 13 novembre.
William fait des progrès fulgurants. Je n’ai jamais vu quelque s’impliquer autant dans l’apprentissage et il travaille énormément son élocution. A ce rythme, il sera très vite complètement bilingue et n’aura plus besoin de moi pour se débrouiller tout seul. Mais il a toujours cet accent dans l’intonation qui lui confère un certain charme et j’aime bien l’entendre lire à voix haute, en me regardant de temps à autre pour me demander la prononciation d’un mot ou pour lui expliquer plus simplement ce qu’il ne comprend pas.
Je ne connais toujours pas sa faculté et j’ai peur d’être intrusive si jamais je pose la question. Alors, j’imagine parfois qu’il peut déplacer des objets par la pensée, ou bien qu’il puisse produire un courant électrique, ou même se rendre intangible. En fait, je pense beaucoup à lui en général, car côtoyer le premier Classé à venir dans le coin, c’est vraiment excitant. Le problème, c’est cet abruti de George qui a annoncé aux parents qu’il y avait des Organtiens dans son école. Donc William n’est pas arrivé seul et maintenant les vieux font toute une histoire de cette migration. J’appréhende bien plus leur punition s’ils savaient qu’on avait sympathisé que s’ils découvraient ma petite réserve secrète. Quoique, qu’est-ce qui peut être pire entre une fille ouverte d’esprit et une débauchée défoncée à l’herbe ?
Ça me fait penser qu’il y a une fête prévu chez Drew ce week-end et qu’il m’a demandé de me fournir pour tout le monde. J’ai beau être stérile aux yeux de tous, je n’en suis pas pour autant exclue de la vie sociale générale, bien que je n’appartienne à aucune bande. Le fait que j’ai le bon contact pour passer une bonne soirée me garantit tout de même l’accès à tout type d’événement organisé par les lycéens. Je devrais sans doute inviter William pour qu’il puisse rencontrer des gens de son âge. Est-ce que sur Organtia les jeunes font aussi la fête de cette manière ? »
Il régnait dans la salle à manger une tension palpable. Assis l’un en face de l’autre les mains jointes sur la table, ni Annabelle ni Jude n’osait prendre la parole en ce qui concernait les événements de la journée. Ce dernier restait assez penaud, au vu de sa position dans l’affaire mais il se posait toutefois mille questions à propos des derniers mots de Leag à son égard. Que voulait-il dire par « choisir sa sentence » ? À quel point avait-il tout anticipé ? Mais la plus importante des questions restait : que venait-il faire ici ?
Il détailla Annabelle qui semblait en proie à une profonde réflexion. Étant donné qu’il s’était donné pour consigne de ne plus lire les pensées de son amie, ce dernier attendait patiemment qu’elle prenne la parole, mais elle paraissait résolue à ne rien dire. Du moins attendait-elle l’opportunité de le faire. Il avait tout d’abord pensé que son mutisme était dû à sa rancœur concernant ses actions en ville, jusqu’à ce que Gloria lui apprenne qu’elle avait eu un échange avec un étrange jeune homme qu’elle décrivait comme le sosie de James Dean – bien évidemment inconnu aux yeux de Jude. Comprenant alors qu’ils avaient croisé la même personne, la coïncidence lui semblait bien plus suspecte. Il avait eu tout l’après-midi pour cogiter sur les raisons de la venue de son ancien camarade de route et les mots de Gloria l’aidaient à comprendre qu’Annabelle était la pièce manquante du puzzle. Il ne restait plus qu’à en comprendre la raison.
Elle prit une profonde inspiration, signe qu’elle allait ouvrir les hostilités et il attendit patiemment sa sentence, tendu au maximum.
- T’es un abruti fini ! cria-t-elle avant de subitement redevenir calme. Sache que je ne suis pas vraiment contente de ton attitude ce matin. Tu as franchement dépassé les bornes et tu aurais pu être renvoyé vers Organtia. Et tu sais très bien ce qui t’y attend.
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Annabelle Storm - Les Oubliés de l'Empire
Ciencia FicciónTout à changé depuis les évènements de Wakeford. Mais pour Annabelle, la quête de son passé ne fait que commencer. * * * * * * * Suite aux événements tragiques de Wakeford, Annabelle a quitté la ville. Elle emporte avec elle un lourd bagage émotionn...