UNKNOWN : LE STALKER [SOUS CONTRAT CHEZ BLACK INK]

CHAPITRE 60 - DELKO

Elle ne l'a pas connu.

Elle a grandi sans lui et elle n'est pas venue aux États-Unis pour le voir.

En fait, ils n'auraient jamais repris contact si le destin en avait décidé autrement. Et j'aurai beau attendre après elle, je n'aurai jamais réussi à mettre la main sur lui.

Putain.

Je fais les cents pas dans ma chambre.

C'est lui qui a repris contact avec elle.

Est-ce que tout ça n'était qu'un putain de coup de chance ? Est-ce que j'aurais pu ne jamais retrouver cet enfoiré ?

Je m'assois à mon bureau et sors ce foutu dossier que je trimballe partout avec moi. J'avais prévu de ne plus rien lui cacher. Même avec toutes les pièces sur l'échiquier, présent dans ce dossier, j'aurai pu ne jamais le retrouver, si ce connard n'avait pas décidé de reprendre contact avec elle.

Putain de merde.

Elle a accepté de le revoir, de le rencontrer, après toutes ces années ? Pourquoi l'a-t-elle fait, alors que rien ne l'y obligeait ? Est-ce que je dois l'embrasser pour avoir accepté de le rencontrer ?

Putain, je vais le faire.

Je m'apprête à rejoindre le salon pour le digestif, où mon père propose un de ses cigares cubains. Il en allume un et le partage avec mon oncle, Zach et tante Sandra. Ma mère et Chaton sont toujours dans la cuisine. Je les entends papoter depuis les escaliers.

J'atteins la dernière marche mais m'arrête en chemin pour les écouter discrètement lorsque je les soupçonne de faire de moi leur sujet de conversation.

Je reconnais la voix de ma mère :

— Je suis heureuse qu'il t'ai rencontré. Ça faisait longtemps qu'il ne s'était pas ouvert aux autres...

A sa voix, ma mère semble plus sereine et apaisée que d'habitude, à mon sujet. Je ne peux pas voir le visage de Chaton et ne peux donc pas savoir ce qu'elle peut bien ressentir à ces mots, mais je peux parfaitement l'imaginer perdue dans ses pensées. A méditer sur ses paroles.

Je sais que j'ai été pénible ces dernières années. J'en ai conscience.

Après ce qu'il s'est passé, je me suis renfermé comme une huître. Mes parents en ont beaucoup souffert, de cet accident et de tout ce qui en a découlé, ensuite. Moi le premier.

— Il retrouvera peut-être la parole grâce à toi, qui sait ?

Je me fige à ces mots.

Elle n'a pas osé ?

Je serre les dents de frustration au point qu'un muscle de ma mâchoire tressaute violemment.

Putain.

Manquerait plus que je lui fasse pitié. J'ai envie de débouler dans la cuisine pour tout arrêter. La faire taire. Lui interdire de s'insinuer dans ma vie et ma relation pour y foutre son putain de grain de sel.

Mais je m'en empêche.

Je sais que si elle ne le fait pas à ma place, je ne le ferai pas moi-même.

J'ai promis à Chaton de me dévoiler à elle. Je ne parlais pas seulement de mon masque...

— Delko peut parler ?

Elle a l'air surprise. J'imagine bien ce petit pli entre ses sourcils lorsqu'elle les fronce. Elle doit l'avoir en ce moment même, la mine boudeuse.

J'entends ma mère pouffer de rire.