Depuis le début de la compétition, les caméras n'avaient cessé de capter les moments de bonheur euphorique partagés entre les joueurs de l'équipe de France. Entre deux hommes en particulier. Ces instants semblaient parfois presque intimes, toujours puissants, intenses. Des images qui faisaient le tour du monde ou passaient quasiment inaperçues selon les cas. De l'étreinte passionnée de Kylian dans les bras d'Olivier et leur regard indissociable aux "je t'aime" chuchotés ça et là après une action réussie, un but ou un match victorieux... Tout y passait.
Les deux attaquants s'amusaient des histoires qui se créaient autour d'eux. Celles, passagères, des fans mais également celles de leurs camarades qui ne cessaient de les taquiner depuis des mois à propos de leur complicité grandissante sur le terrain comme dans les vestiaires et même au-delà.
Ce soir, la finale de cette coupe du monde 2022 serait probablement le dernier match de cette importance pour le plus âgé des deux. Il ne pouvait passer à côté de celle-ci, il souhaitait finir avec les plus beaux souvenirs possibles en tête. Il en avait besoin. Cette nécessité était également ressentie par le joueur du PSG, pour des raisons différentes mais qui comprenaient le fait que c'en serait bientôt fini du brillant duo qui s'était enfin révélé entre le 9 et le 10.
Assis chacun à sa place, Olivier et Kylian se fixaient dans un calme qui tranchait avec la tension et l'excitation palpable des autres. Les iris bleus ne lâchaient plus les yeux sombres, ils semblaient communiquer par cette simple union visuelle. Ils s'encourageaient et se défiaient en même temps. Ils fonctionnaient ainsi, avec maîtrise, tirant tout le positif de leurs challenges personnels et communs.
Vint alors l'annonce de leur entrée sur le terrain, ils se levèrent, se rejoignirent vers la sortie, se frôlant d'une main avant de s'avancer le long du couloir l'un derrière l'autre puis jusque sur la pelouse. Kylian, le cœur battant vigoureusement dans sa poitrine, essayait de se délecter de chaque seconde qui passait. Il se sentait si privilégié de vivre pareil événement pour la deuxième fois déjà. Cette allégresse était éphémère, il le savait, il fallait donc profiter et tout tenter pour réussir à prolonger ces émotions un peu plus longtemps.
Une fois le coup d'envoi lancé, Kyk's ne songea plus qu'au jeu.
Toutefois, la première mi-temps fut terriblement frustrante, voire désespérante, loin de ce dont l'équipe était capable. Les français avaient l'air éreintés, à la limite de la passivité comme s'ils n'avaient aucune envie de vaincre les argentins. Mbappé fulminait, il ne pu réprimer un court discours entre le reproche et un vague encouragement un peu abrupte pendant le quart d'heure de pause. Alors que Didier en rajoutait une couche, il prit soin de fuir le regard de Giroud. Il savait qu'en colère il pouvait se montrer injuste, il ne voulait pas que son partenaire le plus efficace ne se sente responsable de leur échec. Ce jugement n'aurait été que contre-productif en plus d'être totalement altéré.
La seconde partie du match fut engagée. Prévenus que, s'ils n'agissaient pas rapidement, ils seraient remplacés, Olivier, Ousmane, Antoine et Théo parvinrent à rayonner peu à peu. Antoine agit aussi efficacement que lors des matchs précédents où il avait réalisé un travail impressionnant, une efficacité de l'ombre qui permettait pourtant à ses coéquipiers de devant d'être plus libres et de récupérer des ballons.
Théo l'épaula avec brio.Enfin, Kylian et Olivier eurent des occasions. Celles-ci restèrent d'abord infructueuses jusqu'à la 80ème, le numéro 10 réalisa un penalty propre et efficace. L'attaquant milanais couru vers lui accompagné de ses camarades, ils encerclèrent leur héros. Fier de son ami, il pu à peine poser ses lèvres dans le cou de ce dernier avant d'être bousculé de toutes part. Galvanisé par cet élan, Kylian marqua de nouveau à peine une minute plus tard, égalisant.
Le jeune homme venait déjà de rentrer dans l'histoire du foot et d'y projeter du même coup cette finale rocambolesque.
Les deux équipes n'évitèrent pas les prolongations. S'ils étaient tous exténués, les français avaient l'ascendant psychologique suite à leur retournement de situation réussi.
Pendant qu'ils se préparaient à retourner sur le terrain, Deschamps interrogea Olivier qui se massait le genou. Il refusa d'abandonner, quitte à le payer dans les semaines à venir. Entendant sa décision, Kylian posa sa main au creux de la cambrure de son dos. Le plus vieux sentit ses doigts glisser lentement plus bas alors qu'ils s'avançaient pour se replacer. Ce contact le fit frissonner et lui donna une dose de courage supplémentaire. Son sourire eut le même effet sur le parisien. Ils se séparèrent alors. Ils étaient prêts.Le ballon relancé, ils durent attendre la seconde partie de ces prolongations pour que le score change. Pas en leur faveur. Messi marqua. Heureusement, deux minutes avant la fin du match, un second penalty permit à Kylian de s'offrir un triplé. Toute la fierté que ressentait Olivier l'empêcha de contenir son débordement d'émotions. Il se précipita sur le buteur pour lui scander qu'il l'aimait.
Durant les derniers instants additionnels, tous les joueurs se voyaient déjà aux tirs au but. Sauf deux. Ils savaient qu'ils n'en ressortiraient pas victorieux et ne capitulèrent donc pas. Le joueur le plus efficace du match récupéra la ballon, mit toutes ses forces pour accélérer une dernière fois, remontant le stade à une allure impressionnante compte tenu du temps de jeu écoulé. Arrivé face au but pourtant, il ne trouva pas de solution, jusqu'à percevoir ce qu'il préférait entendre depuis un mois de la part d'Olivier :
"Kyk's !"
Du coin de l'œil, il jaugea en une seconde la trajectoire et fit une passe. Percevant l'action au ralenti, il ne lâcha pas le ballon des yeux lorsqu'il fut frappé par le pied du numéro 9, s'envola vers les cages, vers le gardien argentin, toucha son gant en son bout, fut dévié et se dirigea au coin des filets, franchissant la ligne blanche jusqu'à s'écraser au fond du but.
Soudain, le ralenti cessa et le temps sembla au contraire s'accélérer.
Olivier explosa de joie, les mots n'étaient pas assez forts pour décrire ce qu'il éprouvait. Il fallait le vivre pour le comprendre. C'était bien plus fort que n'importe quelle réussite, que n'importe quel coup de foudre... Une forme d'extase.
Kylian l'enlaça, le serra plus fort qu'il ne l'avait jamais fait. Le reste de l'équipe les prirent à leur tour dans leurs bras. L'exploit venait de se réaliser. Le meilleur buteur de l'équipe de France et le meilleur buteur de la compétition ne se lâchaient plus. Agrippés l'un à l'autre, ils savouraient, les larmes aux yeux, incapables de bouger tant les sentiments les submergeaient, les assaillaient. Rien de ce qu'il se passait autour d'eux ne parvenait à leur conscience.Aurélien et Antoine durent les séparer afin de les envoyer célébrer leur victoire avec le reste de l'équipe et du staff. Les supporters assistant de près ou de loin à la cérémonie de remise de la coupe ne manquèrent ni la béatitude des deux talentueux attaquants, ni leurs doigts entrelacés.
La soirée passa bien vite mais ne les vit pas se décoller, la fête dura jusqu'au matin et partout où Olivier se déplaçait, Kylian suivait et inversement. Même leur famille respective n'eut aucun effet sur leur proximité. Les enfants de l'aîné l'avaient félicité à grands cris ainsi qu'avec de doux câlins. De son côté le plus jeune eut le même traitement de la part de son petit frère, Ethan, débordant de fierté. Même si bien entourés, ils continuaient à se sourire à en avoir mal aux joues. La musique avait envahi la grande salle qui accueillait leurs festivités, ils dansèrent face à face, parfois tête contre tête, leur torse se frôlant presque. Personne n'osa plus chercher à briser leur petit nuage.
Même la présence des caméras avait été occultée...
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Une finale rocambolesque (Giroud x Mbappé)
RomanceEt si Deschamps n'avait pas fait sortir Giroud ? Et si... Cette courte fanfiction, ou ce long OS selon les points de vue, est ce que j'imaginais tellement fort qu'il se passerait à l'issue de la finale si elle avait été différente.