XXVII - Skinny love

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« And I told you to be patient
And I told you to be fine
And I told you to be balanced
And I told you to be kind

And in the morning, I'll be with you
But it will be a different kind »
– Skinny Love, Birdy





    Raphaël se réveilla avec l'impression qu'il était passé sous une voiture peu de temps auparavant. Il avait un mal de crane épouvantable, comme si un éléphant avait décidé de marcher en rythme dans sa tête, si bien que se concentrer s'avéra rapidement être une tâche particulièrement difficile. La douleur latente dans son dos lui donnait simplement envie de courir se jeter dans l'océan arctique et il mit un certain temps à comprendre que ce n'était pas la seule partie de son corps à le faire souffrir. Sa gorge semblait avoir été incendiée et ses cuisses, ainsi que son ventre lui étaient douloureux, sans oublier certains points précis sur ses bras qui semblaient être traversés par des piques à intervalles réguliers sans trop qu'il sache d'où pouvait bien provenir cette douleur et même toutes les autres. Et puis il avait la nausée. Évidement, comme si tout le reste ne suffisait pas. Il grogna et tenta de bouger sans grande conviction, l'esprit encore embrumé.
    Une caresse sur son bras lui fit soudain prendre conscience du corps contre le sien et, immédiatement, Raphaël paniqua. Réaction purement instinctive. Son cœur se mit soudain à battre à une vitesse hallucinante et son souffle s'accéléra dangereusement alors qu'il commençait à remuer pour tenter de s'échapper de l'emprise dont il était prisonnier.

    -Hey, chaton, entendit-il prononcer à voix basse, ce n'est que moi, panique pas.

    Alex. Sa respiration se calma quelque peu. N'empêche...

    -Lâche-moi, demanda-t-il d'une voix enrouée.

    Son petit-ami s'exécuta et un courant d'air froid parvint jusqu'à lui en même temps que la douleur de certaines de ses blessures diminuait. Le lycéen frissonna. Il tenta à nouveau d'ouvrir ses yeux collants, provoquant une nouvelle douleur sourde dans son crane qui s'ajouta à celle déjà cuisante avec laquelle il jonglait depuis son réveil et il grogna  foutu éléphant. Raphaël s'y habitua lentement, clignant ses paupières à une vitesse déconcertante alors qu'il se redressait précautionneusement. Il avait du mal à se souvenir de ce qu'il s'était passé avant qu'il ne s'endorme. À vrai dire, sa notion d'espace/temps était, à l'heure actuelle, complètement HS. Il ne savait pas l'heure qu'il était, ni quel jour de la semaine, ni le mois et... Vraiment, tout était désordonné dans sa tête. Mais il se sentait un peu soulagé, maintenant que son copain s'était écarté de lui.
    Son copain... Quelques liens logiques se firent dans sa tête à ce moment là. Bien-sûr, il s'était endormi avec Alex, hier, après qu'ils aient longuement discutés de... Outch ! La réalité lui fit l'effet d'une chape de plomb dans l'estomac et il se laissa retomber dans son lit, grimaçant quand son dos entra en contacte avec le matelas  il avait la fâcheuse habitude de toujours oublier ses plaies dans le dos. Waouh. Il ne se sentait vraiment pas bien.

    -Alex, appela-t-il de sa voix enrouée.
    -Qu'est-ce qu'il y a, mon ange ?
    -Mal au crane. S'te plaît...
    -Je vais te chercher un truc, acquiesça son copain.

    Raphaël n'eut pas la force de le remercier. Il discerna vaguement qu'Alex tendait le bras vers lui, le rejeta quand il sentit sa main sur sa joue. Pas encore, il n'était pas encore prêt à ce que qui que ce soit ne le touche. Il ne savait pas si c'était psychologique ou réel mais il avait l'impression que sa peau était ultra sensible et que le moindre touché lui faisait un mal de chien. Et puis il n'avait pas envie, il ressentait de la répulsion à l'idée que quelqu'un le touche, qu'une autre peau entre en contacte avec la sienne pour ne serais-ce que l'effleurer. Il regarda donc son petit-ami se lever et sortir de la chambre sans le rappeler, la vision encore floue. Raphaël attendit ensuite son retour avec une sorte d'impatience et un profond sentiment de lassitude absolument incohérents mais, eh, on ne se refaisait pas après tout. Il n'arrivait pas à avoir de pensées fixes, sinon cette phrase qui revenait en boucle : c'est le bordel. Et ça l'était. Il n'allait pas bien, vraiment pas bien, ça, il s'en rendait compte. D'un point de vue physique, l'adolescent se savait dans un sale état ; d'un point de vu psychologique et émotionnel, il se sentait étrange sans parvenir à réellement mettre des mots sur cette sensation, cette certitude et, à vrai dire, il n'avait aucune envie de se prendre la tête avec ça maintenant, ni même jamais d'ailleurs. Là, tout de suite, tout qu'il voulait c'était prendre un médoc' pour apaiser la douleur et se rendormir pour ne plus avoir mal à ces endroits qu'il ne pouvait pas guérir.
    Alex revint. Raphaël ignorait si l'attente avait été longue ou non parce qu'il n'avait toujours pas récupérer sa notion d'espace/temps, ce qui était certainement une bonne chose au vu de son état. Il ne savait pas ce qu'était le comprimé que lui tendait son copain mais il ne se posa pas la question : il saisit le verre et avala le médicament sans discuter. Ensuite, il attendit à nouveau. Alex resta à ses côtés tout ce temps, patientant avec lui le temps que le cachet fasse effet. À un moment, Raphaël le vit sortir un livre et commencer sa lecture et il se demanda vaguement quand est-ce que son petit-ami avait bien pu aller le chercher mais ne s'attarda pas plus sur ce détail, trop occupé à batailler avec lui-même.
    Et puis, enfin, ses pensées commencèrent à s'éclaircir. Sa nausée disparut progressivement, tout comme la douleur qu'il ressentait un peu partout dans son corps. Pour finir, dieu merci, sa migraine se mit en mode off et il pu enfin retrouver une respiration normale. Il avait toujours mal au cœur mais, ça, il savait qu'aucun médicament ne pourrait jamais le faire disparaître.
    Raphaël se redressa un peu, lentement, sous le regard d'Alex qui referma finalement son livre.

Le temps qu'il fautOù les histoires vivent. Découvrez maintenant