ARCADIA : Ominous (TOME 2) (Premier jet)

Chapitre 8

Dior

-Je retire mes excuses finalement.

Lee se marre depuis le canapé, et se fout ouvertement de ma gueule. C'est toujours ce qu'il se passe quand on se dispute. Je suis souvent en tort, alors je m'excuse -chose que je déteste faire- et lui me charrie sur ça pendant des semaines.

-Allez Dior, ce n'est pas grave de s'excuser ! Il n'y a pas de mal à avoir tort, tu sais.

-Je t'emmerde. Y'a plus rien à bouffer dans cette baraque... Dis-je en ouvrant les placards.

En réalité, il n'y a surtout rien qui me fasse envie. Il est presque une heure du matin de toute façon, ce n'est pas le moment de se faire une collation. Et je suis crevé. Je ferais mieux d'aller dormir au lieu de dévaliser la cuisine.

Alors que je m'apprête à me rendre dans ma chambre, des coups irréguliers résonnent dans l'appartement. Lee et moi échangeons un regard interrogatif. Ni lui ni moi n'attendons quelqu'un. Et puis nous sommes en pleine nuit, en pleine semaine.

-Va voir qui c'est.

Je ne me dépêche pas, j'aurais très bien pu être en train de dormir. C'est déjà gentil de notre part de répondre...
Une forte odeur d'alcool me parvient lorsque j'ouvre la porte. C'est quoi ce bordel ?

Une fille recroquevillée sur elle-même est à deux doigts de vider ses tripes sur mon putain de tap...

-Smith ?

Pour plusieurs raisons, je crois me tromper. Elle n'empeste habituellement pas l'alcool et puis elle n'a tout simplement aucune foutue raison d'être devant chez-moi. Et pourtant, il me semble distinguer son odeur si particulière sous toutes ces couches de vapeur alcoolisées.

Elle relève la tête, confirmant qu'il s'agit bien d'elle. Ses joues sont remplies de larmes, ses yeux sont injecté de sang. Son regard me lacère le cœur, elle n'a encore rien dit, mais elle n'a besoins d'aucun mots pour s'expliquer.

J'hésite quand même à lui claquer la porte au nez honnêtement. C'est une mauvaise idée de la laisser m'adresser ne serait-ce qu'un regard de plus.

D'un autre côté, je me suis foutu dans la merde à la seconde où nos lèvres se sont scellées les unes aux autres. Alors foutu pour foutu...

Elle ne serait pas là si ce n'était pas une urgence de toute manière. Je peux bien au moins écouter ce qu'elle a à dire. Elle finit par se relever tant bien que mal, essuyant ses joues roses avec ses manches.

-Dior... dit-elle enfin d'un ton désespéré. Je...

Elle baisse les yeux et demeure silencieuse durant plusieurs secondes. Alors que je la fixe, attendant patiemment de savoir ce qu'il se passe, elle regarde partout autour de nous. Un rire sarcastique franchi ses lèvres et elle porte sa main à son front en secouant la tête.

-Je suis désolé, je... C'était bête de venir ici en fait. Oubliez.

Elle tourne les talons, sûrement honteuse de s'être montrée sous un mauvais jour. Je fais un pas en dehors de l'appartement et la retiens vivement pas le bras. Elle fait volte-face, plantant son regard triste dans le mien.