Merci pour la poire

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Je sortais du casino, un sac à la main et très content. J'étais sur le boulevard Carnot. Je voyais les enseignes clignoter à travers la buée. Les rares personnes que je voyais se frottaient toutes les mains. Il neigeait, il faisait froid, nous étions en janvier. Les guirlandes et les décorations de Noël n'avaient pas encore été enlevées. J'adorais cette ambiance. Je continuais ma route tranquillement : rien ne me pressais. J'avançais, faisant défiler les rues et les boulevards. Boulevard Maignan Larivière, boulevard Mail Albert 1er , rue Delpeche, boulevard Jules Verne, place du Marechal Joffre. Certes je faisait un détour mais je préférais ce chemin ce chemin, chaque maison y était vide et silencieuse. Pas de voiture. Je continuais mon chemin, profitant du calme. Certaines personnes n'avaient pas non plus enlevées leurs décorations de Noël. Puis je repensai au sac en plastique que j'avais dans la main. Qu'est ce que j'allais bien pouvoir en faire. Pendant que je pensais à ça, un bruit vint déranger le calme omniprésent. Une voiture. Je prenais ce chemin pour ne pas être dérangé et je l'étais quand même ! Je me rangeais sur le côté de la route pour la laisser passer. La voiture passa. Je continuai ma route contrarié par cela. Je retournai sur les boulevards. Il était à présent 1h30 du matin. J'étais fatigué et je voulais vite rentrer. J'accélérai donc. Les lumières défilaient à toute allure. J'arrivais vers la périphérie de la ville. Je vis les usines plongées dans le noir et les terrains vagues froids et peuplés d'arbres et de plantes mortes. Je continuais d'avancer quand je vis un nuage de vapeur. Je pensai d'abord à continuer ma route, ignorant le problème, ça ne me regardait pas. Puis j'entendis des cris. Je pouvais peut-être faire quelque chose. Je me dirigea donc vers la source du bruit et de la buée. Je découvris un homme, un sans-abris, sale et tremblant qui tenait quelque chose dans ses bras. La source des cris. Je m'approchai encore plus et c'est à ce moment là que le sans abri releva la tête. Je lui demandai si ça allait. C'était une question idiote, je m'en rends compte maintenant. Comment tout pouvait aller bien pour un sans abri assis au millieu d'un terrain vague, en plein mois de janvier. Il ne me répondit pas et se contenta de me montrer ce qu'il tenait dans ses bras. Je vis un nourisson, dans un sac en plastique, tremblotant et respirant avec du mal. Je ne sus d'abord pas quoi faire puis je me ressaisis. Il fallait emmener le nourisson aux urgences. Quoique le sans abris aussi avait sûrement besoin d'y aller. Je l'aidai donc à se lever, enlevai mon écharpe et mon manteau pour y emmitoufler le nouveau-né. Le sans-abri boitait avec difficulté. Je l'emmenai donc à l'hôpital le plus proche. Je tenais toujours mon sac en plastique à la main, j'en tenais deux à présent, me disant que cela les aideraient peut être. Je sortis de mon sac son contenu et leur donnai. Je vis les lumières de l'hôpital et leur demandai d'avancer seul pendant que j'allais y chercher des secours. Je courus à toutes jambes et arrivai à l'hôpital. J'expliquai très vite la situation aux réceptionnistes. Ils comprirent et une dizaine de personnes sortirent. Ils les ramenèrent et les emmenèrent chacun dans des chambres différentes. Je les attendis pendant toute la nuit, assis sur les bancs de l'accueil.

Le lendemain une infirmière vint me chercher, me disant que le sans-abris voulait me parler. J'arrivai dans la chambre et entrai. Le monsieur me dit bonjour et je le lui rendit. Nous parlâmes un long moment. Il me remercia puis me dit :

« Merci pour les poires, elles étaient très bonnes. »


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⏰ Dernière mise à jour : Jan 12, 2023 ⏰

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