— Giana !
Une brosse à dents dans la bouche, Giana sursauta brusquement. Elle ne s'attendait pas à une entrée aussi fracassante de la part de son compagnon qui, ne l'ayant pas trouvé couché dans son lit, ne tarda pas à jurer comme un damné. Le bruit des sacs qu'il venait tout bonnement de laisser tomber sur le parquet lui parvint. Elle ne pût se retenir de lever les yeux au plafond. On ne peut plus rassurée qu'il ne s'agisse pas d'un étranger potentiellement dangereux, elle ordonna à son petit cœur effrayé de ralentir la cadence.
— Nom de nom ! Me dis pas que tu t'es levée ! rugit-il menaçant.
— Je ne vais pas te le dire alors ! rétorqua-t-elle la bouche pleine de mousse de dentifrice.
Les pas lourds qu'elle entendit se diriger droit sur elle lui arrachèrent un petit sourire en coin. Giana eut juste le temps de se pencher sur le lavabo et de recracher le dentifrice qu'il était déjà là, posté derrière elle tel un spectre. Lissandro attendit qu'elle ait fini de se rincer la bouche avant de la soulever aussitôt du sol avec le plus de délicatesse possible.
Elle laissa échapper un hoquet de surprise, mais très vite, l'amusement prit le pas. Giana adora le voir à l'œuvre, au petit soin avec elle comme un gentil mari dévoué. Sauf que dans son cas, le petit mari dévoué se trouvait être un dangereux mafieux beaucoup trop impliqué émotionnellement.
— Ne commence pas à me materner ! se plaignit-elle une fois dans le lit, bien au chaud sous la couette.
Lissandro colla un énorme baiser sur son front puis s'éloigna d'elle les lèvres pincées, quelque peu emmerdé. Il ne pouvait pas dire que ces remarques ne lui faisaient rien. C'était tout le contraire. Elle avait beau être docile, soumise dans certaine situation -plutôt chaude-, notamment au lit où quand il décidait de la punir sans ménagement en essayant d'être le plus froid possible, il savait aussi combien elle pouvait être têtue, pleine d'audace, hardi, un brin impertinente et pas forcément obéissante quand elle ne le voulait pas. Une vraie furie quand elle se voyait interdire son libre arbitre et la liberté de vaquer à ses petites affaires. Il n'était pas à l'abri d'une dispute. Mais ça, il s'en foutait pas mal. Lissandro avait bien l'intention de la surprotéger, qu'elle fut d'accord ou pas du tout. Son envie de liberté, d'espace et de répit pour un tant soit peu souffler loin de son étouffante protection, il ne lui en accorderait pas. Du moins, pas de sitôt et par ‘‘pas de sitôt’’ ça sous entendait une bonne année maximum.
— Je te materne si j'ai envie ! lâcha-t-il bougon.
Les sourcils froncés, la bouche légèrement entrouverte, Giana n'en revint pas de sa réponse. Elle se redressa en position assise et analysa ce grand brun plus qu'elle ne l'aurait voulu. Derrière ses airs de grosse brute épaisse possessivement amoureux se cachait cet éternel cachottier comme elle n'en connaissait pas. La facilité déconcertante avec laquelle il parvenait à lui dissimuler ses états âmes l'étonnerait toujours.
Elle darda sur son dos large le plus brûlant de ses regards, l'incendiant jusqu'à le faire grogner sourdement.
Lissandro n'avait pas eu besoin de se retourner pour savoir qu'elle était en train de le fusiller littéralement des yeux.
— Me regarde pas comme ça ! Je prends soin de toi, c'est tout ! grommela-t-il tout en s'affairant à lui préparer à manger.
— Qu'est-ce que tu veux dire par là ?
Le ton soupçonneux présent dans sa voix le fit grincer des dents. Lissandro fit volte face, un bol de soupe à la main. Elle accentua la sévérité de son regard, mais c'était peine perdue et Giana en eut le pressentiment lorsqu'un rictus fendit le coin de ses lèvres. Il n'avait pas l'intention de la laisser remporter cette guéguerre comme à chaque fois. Il aurait le dernier mot, sans l'ombre d'un doute.
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Gia et Le Soldat
DragosteÀ vingt-trois ans à peine, Giana Bertolini se retrouve veuve et enceinte de six mois de son défunt mari Dario, mort, au combat en Irak. Après deux mois de deuil et une dépression qui ont failli lui coûter la vie à elle et son bébé, elle décide de se...