Déteste-moi ! (Blaise x Ginny)

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Blaise Zabini ne cessait de se retourner dans son lit, en finissant toujours par s'arrêter sur le dos et fixer le haut de son lit à baldaquin. Il se haïssait réellement. Il haïssait son esprit d'avoir perdu ce côté pratique si caractéristique de son être Serpentard. Il avait appris au fil des années à toujours prendre le chemin qui lui seyait le mieux, celui qui lui posait le moins de soucis dans le présent et dans l'avenir, mais tous ses repères avaient été mis à mal par une éventualité qu'il n'avait pas prise en considération.
Blaise n'avait jamais entrepris de glisser dans sa vie particulièrement organisée les aléas du cœurs et du désir. Il n'avait jamais cru qu'une telle émotion dévastatrice puisse réellement exister. Il regrettait désormais d'avoir longtemps méprisé les héros de romans moldus qui mourraient par amour ou qui décrépissaient de désir inassouvi. Il les comprenait maintenant et était capable de placer une justification à leurs actes.
Jamais, il n'aurait pensé tomber dans une telle spirale et se retrouver au même niveau d'impuissance que des héros fictifs moldus. La faiblesse était réservée aux moldus, pas aux sorciers comme lui, capables d'accomplir un nombre de choses tellement extraordinaires qu'ils devaient se cacher. Un combat entre les deux mondes n'aurait rien de loyal. Alors, pourquoi se retrouvait-il à lutter contre les mêmes vices que ces êtres dépourvus de puissance et de magie ?
Il n'en avait aucune idée, mais une chose était sûre: il n'en pouvait plus de sacrifier son sommeil pour des pensées qui le tourmentaient. Il devait trouver un moyen d'y mettre un terme.
Il ne pouvait plus laisser une Griffondor hanter ses rêveries diurnes et nocturnes, sous peine de perdre la tête.

***

Ginny Weasley arriva dans la grand salle du même pas hâtif qu'à son habitude, mais son visage avait pris une expression circonspecte qui ne lui appartenait pas.
Arrivée à la table des griffondors, elle aperçut Hermione, Harry et Ron en train de petit-déjeuner, certains avec plus d'enthousiasme que d'autres.

- Ron, tu sais que la nourriture n'a pas l'intention de s'enfuir ? Lâcha-t-elle en levant les yeux au ciel.

Ron ne lui fit pas l'affront de répondre, mais Hermione pouffa légèrement, sans quitter le regard du livre posé en face d'elle.

- Salut Ginny ! Firent Harry et Hermione à l'unisson, Ron ne pouvait que grogner des sons indistincts, la bouche pleine de nourriture.

Elle les salua en retour et vit l'expression joyeuse sur le visage d'Hermione changer instantanément, lorsqu'elle croisa son regard. Inquiète, son amie lui demanda:

- Tu vas bien ? T'as l'air un peu à cran.

Ginny réfléchit un instant, puis essaya de rassurer Hermione:

- À vrai dire, pas du tout. Je viens juste de croiser les Serpentards dans le couloir en venant et ils avaient l'air encore plus exécrables que d'habitude.

- Ah, rien d'inhabituel alors !

- Non, en effet, mais je te jure que Zabini m'a jeté le regard le plus meurtrier que j'ai jamais reçu. J'ai vraiment réfléchi un moment en essayant de me rappeler si j'avais tué un membre de sa famille pendant mon sommeil.

- Arrête de te faire du mal, s'il y a bien une espèce qu'on évite d'essayer de comprendre c'est bien les serpentards.

Ginny sourit et continua:

- Je trouve ça quand même étrange. Au début, j'étais presque sûr que le regard était dirigé vers quelqu'un d'autre, derrière moi, mais j'étais seule. Ginny s'arrêta un instant pour peser ses mots. C'était très...personnel, trop. Comme s'il nourrissait une certaine rancoeur à mon égard, comme s'il essayait de me faire comprendre qu'il me haïssait au plus haut point.

Recueil d'OS Harry PotterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant